En 2011, la Chine rattrapera l'Inde. Dalian, Shanghaï et Pékin passeront, d'ici à quatre ans, devant les places fortes de l'offshore que sont Bangalore, New Delhi ou Mumbai, prophétise IDC dans une étude parue début juillet.
Irréaliste ? En tout cas, la menace est jugée assez sérieuse pour que le Nasscom se fende, fin août, d'un livre blanc sur le sujet
(*). Et le Syntec indien de confirmer. Si la Chine ne rivalise pas avec l'Inde d'ici trois à
cinq ans, il faudra pourtant compter avec elle. Ainsi Wipro et Infosys n'ont pas attendu ce signal pour s'implanter de l'autre côté de la frontière. Dans un modèle de cosourcing, les SSII indiennes sous-traitent à leurs bases chinoises les tâches à
faible valeur ajoutée (codage et test).
12,3 milliards de dollars en 2006
Mais déjà l'empire du Milieu monte en gamme et en puissance. Parti de très bas - 2,4 milliards de dollars en 2000 -, le secteur du logiciel et des services a atteint 12,3 milliards en 2006. Le nombre d'informaticiens
formés par an est passé, lui, de moins de 100 000 en 2002 à 400 000 en 2006. Ce qui en fait le plus grand vivier du monde.Mais cette envolée doit être relativisée. Si, en 2010, le marché chinois devrait flirter avec les 28 milliards, il demeura plus de deux fois inférieur à celui du voisin indien. La structure de l'offre diffère aussi.
' La Chine s'est spécialisée dans la fourniture de logiciels packagés, alors que l'Inde a assis sa suprématie dans les solutions sur mesure et la sous-traitance au forfait ', analyse Nicolas Goldstein,
directeur associé du cabinet de conseil Offshore Développement.Le marché n'est pas le même non plus. Les SSII indiennes sont tournées vers l'export, tandis que 85 % de l'activité chinoise répondent à la demande locale. Et quand la Chine fait de l'offshore, c'est à 59 % avec le Japon et
la Corée. Et ce, pour des raisons évidentes de proximité à la fois géographique et linguistique. A l'inverse, l'Inde dessert à plus de 80 % les Etats-Unis et l'Europe.
Les acteurs nationaux peinent à franchir les frontières
L'offshore ne peut que décoller. Le gouvernement en a fait une priorité nationale. Centrée sur son industrie manufacturière, l'économie chinoise négocie un virage à 90 degrés vers les services. Fin décembre, le ministère du Commerce a
lancé le plan 10-100-1 000. 10 villes attirent 100 multinationales et créent 1 000 sociétés chinoises spécialisées dans l'offshore. Au-delà des incitations fiscales, le gouvernement soutient financièrement les prestataires locaux dans leur
action de certification CMMI.De taille modeste, les champions nationaux DHC, Neusoft ou Bleum peinent, pour l'heure, à sortir du territoire. En France, l'offshore ne concerne que de petits projets. Il est plutôt le fait de sociétés pivots tenues par des Chinois
francophones ou par des Français sinophiles. A l'image de Cyril Drouin, dirigeant de Bysoft, qui a vécu sept ans sur place.Une connaissance du pays qui permet de gommer les différences culturelles.
' Les Chinois sont habitués à travailler à la tâche. Le pays manque de cadres intermédiaires, et surtout capables d'évoluer dans un
contexte international. ' Bysoft a monté sa propre académie, où elle forme la main-d'?"uvre locale à la qualité, aux méthodologies et à la gestion de projet sous contraintes. Selon un management à la française.
' Nous les responsabilisons énormément. 'Selon Cyril Drouin, la Chine pourrait détrôner l'Inde non pas d'ici à cinq, mais à dix ou quinze ans. A condition, précise-t-il, que la destination reste attractive. Turnover et inflation salariale : la Chine copie le modèle
indien jusque dans ses travers.
x.biseul@01informatique.presse.fr(*)
www.nasscom.in/upload/53504/Tracing_Chinas_IT_Software_&_Services_Industry_Evolution.pdf
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