Une application web, c'est bien... tant qu'elle est connectée. Car, une fois débranchée, pouf ! Plus rien. Alors, afin de pallier le dernier défaut des applications web, leurs plus grands promoteurs redoublent d'imagination
pour donner accès aux données comme aux applications hors connexion. L'idée de base est très simple. On lance toujours la même application par le biais du navigateur. Mais celle-ci reconnaît l'état de la liaison internet. Si la machine est hors
ligne, l'utilisateur peut continuer d'interagir comme si de rien n'était avec l'ensemble des données préalablement stockées en local. Une fois la liaison revenue, l'ensemble est resynchronisé avec le serveur.
La première salve d'applications de ce type sort à peine des cartons
Toutes visent étrangement Microsoft et sa suite Office : Zimbra, rachetée cette semaine par Yahoo, vient d'ajouter l'option à son clone d'Outlook. Il est donc désormais possible de répondre à un courrier depuis un portable dans
l'avion et de répliquer le tout une fois à l'hôtel. Les documents bureautiques ne sont pas oubliés. On attendait Google. Zoho est finalement le premier à proposer de consulter hors ligne ses textes, tableaux ou présentations. Mais Google n'est pas
en reste. Son lecteur de flux RSS fonctionne déjà en mode déconnecté. Ce sera bientôt le cas également de la plate-forme GMail et de Google Documents.Là encore, il s'agit de transformations d'applications existantes. Les petits nouveaux, eux, intègrent directement le fonctionnement déconnecté dès la conception. C'est le cas de la jeune pousse Scrybe, qui met la dernière touche à un
calendrier et un gestionnaire de tâches assez novateurs.
Cette tendance n'en est pourtant qu'à ses prémices
Dans chacun de ces exemples, il s'agit de produits en toute première phase bêta. Par exemple, Scrybe n'est pas ouvert au public. Quant au module hors ligne de Zoho, il reste très instable. Mais tous donnent déjà une idée de ce que
pourraient être les applications web du futur. La technique n'est pourtant pas nouvelle. Elle rappelle celle utilisée par Lotus dans ses Domino Off Line Services (DOLS) pour développer des applications fonctionnant avec ou sans connexion. De même,
les outils de stockage local telles les API de stockage WHATWG existent depuis longtemps. Quant à la fondation Mozilla, elle travaille depuis des mois sur un mode hors connexion pour Firefox 3.0.Mais la volonté de Google de standardiser la technique change la donne. Depuis quelques mois, il propose Google Gears, un outil en code source libre qui facilite le développement de ce type d'applications. On y retrouve un serveur
local, où seront rangées les ressources hors ligne (images, pages, etc.), une base de données SQLite, dans laquelle l'application stocke et récupère ses données, et, enfin, un moteur de synchronisation pour le retour en ligne. Google Gears offre
également l'avantage d'accélérer le temps de chargement, puisque des pans entiers de code Javascript pourront être copiés en local.
Google Gears est très bien accueilli par l'industrie
Zoho l'utilise pour sa suite bureautique ; Zimbra pourrait basculer ; Mozilla, lui, envisage de s'appuyer dessus pour le mode déconnecté de Firefox 3.0. Même Adobe joue la carte du rapprochement en l'utilisant pour le
développement d'applications Flash hors ligne (AIR, ex-Apollo).Mais il y a encore un problème : Google Gears reste un module à installer sur le poste client. Ce qui gomme une partie de ce qui fait l'intérêt d'une application web (multiplate-forme, multinavigateur, rien à installer). Et comme
personne n'imagine que Microsoft lui donnera sa bénédiction, la question de sa présence sur le poste reste problématique. Personne ne veut plus lier son application à un navigateur ou à un système dexploitation donné.
a.mbida@01informatique.presse.fr
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