Quand les entreprises font marche arrière sur le modèle offshore

L'offshore n'est plus autant à la mode car les salaires ont tendances à augmenter, le turn-over des salariés sont importants et la distance gêne l'utilisation de certaines techniques de gestion de projets.
Très en vogue il y a quelques années dans le monde de l’informatique, le modèle offshore semble de moins en moins utilisé par les entreprises. Pourquoi un tel revirement de situation alors que ce système a été encensé par tous pendant très longtemps ? Les raisons sont évidemment multiples mais étaient à prévoir.
La réduction des coûts comme point de départ
Quand on parle offshore, on pense immédiatement à des destinations telles que la Chine, l’Inde, la Roumanie, la Tunisie ou encore le Maroc pour ne citer que les plus fréquemment rencontrées.
Ces pays qui ont une main d’œuvre à bas coûts sont forcément des destinations rêvées pour tout bon gestionnaire souhaitant diminuer le coût de ses projets informatiques. Le calcul est vite fait quand pour effectuer une même tâche, un développeur Français est facturé 400 Euros par jour, là où un développeur en offshore est facturé entre 50 et 150 Euros par jour.
Mais la donne change avec le temps car les salariés des pays dits « émergents » à l’époque, se rendent compte qu’ils peuvent prétendre à de meilleurs salaires dans d’autres sociétés qui recherchent leurs compétences. Les coûts qui paraissaient très avantageux au départ, augmentent au fil des années et tendent à se rapprocher irrémédiablement des tarifs pratiqués en Europe.
Le turn-over et la langue compliquent les choses
Ce n’est pas parce que l’on paye un service à bas coût, que l’on accepte pour autant que l’investissement réalisé pour faire monter en compétence une personne sur un projet soit perdu. C’est ce qui arrive de plus en plus souvent quant au bout de quelques mois, le développeur avec qui vous travailliez à l’autre bout du monde, change de société car on lui propose un meilleur salaire ailleurs.
Tout l’investissement en temps, et donc indirectement en argent, est alors perdu et doit être renouvelé afin de faire monter en compétence le remplaçant qui reprend votre projet. Dans certains pays, le turn-over est arrivé à de tels niveaux que les développeurs changent parfois d’une semaine sur l’autre.
L’autre problème inhérent à l’offshore concerne la langue. L’Anglais est forcément de mise dans ces cas-là (sauf cas particuliers). Mais tous les collaborateurs d’une entreprise n’ont pas la même facilité pour assimiler et utiliser une langue étrangère.
Ces soucis de langue amènent souvent, à des incompréhensions sur l’expression d’un besoin ou sur la formalisation d’une présentation, sources de dérives conséquentes sur les plannings et les budgets.
La méthodologie projet impactée au premier plan
Généralement, les donneurs d’ordres, qui ont la connaissance fonctionnelle du besoin métier, sont localisés très loin des équipes de réalisation. Or avec la démocratisation de méthodologies projets mettant en œuvre des principes « agiles », la distance complique grandement les choses.
Prenons l’exemple de la méthodologie SCRUM. Vu que les stand-up (ou tout autre cérémonial agile) doivent regrouper dans une même pièce tous les participants du projet, cela est difficile quand une partie des acteurs se situe à l’autre bout du monde sur un fuseau horaire différent.
La distance ainsi que le décalage horaire sont des éléments à prendre en compte, qui peuvent considérablement compliquer l’organisation de l’équipe (sans la rendre impossible) en vue d’optimiser sa manière de travailler.
Un modèle qui tend à se réduire au fil du temps
Pour les raisons évoquées précédemment, mais aussi pour d’autres telles que la complexité des projets, la compétence et la productivité des équipes ou bien les différences culturelles, certaines entreprises révisent leur approche dans l’utilisation du modèle offshore.
Sans aller jusqu’à l’abandonner totalement, elles l’utilisent avec parcimonie, sur des besoins très bien cadrés et sans risques. En revanche quand le besoin métier est changeant ou que le projet représente un enjeu fort pour l’entreprise, elles reviennent aux bonnes vieilles méthodes qui ont fait leurs preuves par le passé.
Mais tout cela est en perpétuelle évolution avec l’arrivée de nouvelles destinations comme le Brésil, nouvel Eldorado pour de grandes entreprises, qui n’hésitent pas à envoyer des personnels expatriés sur place, afin d’encadrer des équipes locales.