Analyse : l'avenir de Microsoft selon Satya Nadella

Le nouveau PDG met l’accent sur le logiciel et va certainement continuer à pousser le développement de services en ligne comme Office 365, Bing ou Skype. Mais les offres matérielles comme Surface, Nokia ou Xbox, devraient passer au second plan.
Inconnu du grand public il y a encore quelques semaines, Satya Nadella dirige désormais l’une des plus grosses entreprises high-tech du monde, avec 129 000 collaborateurs et 73 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Mais les contours de Microsoft sont devenus flous ces dernières années. Créé en 1974, le géant de Redmond est désormais un peu dépassé par les évènements. Il a loupé le virage du mobile et essaye de rester dans la course du cloud. Et c’était d’ailleurs tout l’enjeu de la recherche du nouveau PDG : trouver quelqu’un qui pourra donner une nouvelle vision à cet éditeur.
Evidemment, l’heure n’est pas aux grandes décisions stratégiques pour Satya Nadella. Mais, au travers de ses premières déclarations, une certaine image du futur se dessine déjà. Pour le nouveau PDG, deux principes technologiques régissent actuellement le monde numérique : le mobile et le cloud. C’est dans ces domaines que Microsoft devra, par conséquent, exceller. Les services en ligne - tels qu’Office 365, Bing, Azure, Skype - seront donc au premier plan de la nouvelle stratégie du PDG, avec un focus particulier pour les outils professionnels ou de productivité. En effet, le nouveau slogan de Microsoft est de permettre aux utilisateurs de « faire plus » (« Do more »).
« Mobile », mais pas « terminal mobile »
Là où les décisions stratégiques seront particulièrement intéressantes, c’est dans le domaine du « mobile » qui, pour M. Nadella, est loin d’être synonyme de « terminal mobile ». « Aujourd’hui, nous avons une définition particulière de la mobilité, qui se limite généralement au téléphone mobile. Mais demain, tout sera interconnecté au cloud et aux données. Et c’est le logiciel qui sera le liant entre tous cela », explique le PDG, dans un entretien filmé. Pour lui, le terminal mobile est avant tout un moyen pour accéder aux données du cloud et mettre en valeur les logiciels de Microsoft. Satya Nadella ne semble donc pas mettre particulièrement l’accent sur la fabrication de tablettes et de smartphones.
De plus, ces activités n’ont pas rempli leurs promesses jusqu’ici. Les ventes de Surface ont été désastreuses. Certes, les terminaux Windows Phone marquent un sursaut, mais il semble dérisoire face aux géants Apple et Samsung. Il est donc possible que les activités issues de Nokia et Surface fassent l’objet d’un remaniement stratégique. Peut-être seront-elles regroupées dans une filiale à part, dirigée par Stephen Elop.
Windows, le nœud gordien
La question est moins pressante pour la console Xbox One qui, à l’inverse des terminaux mobiles, connaît du succès. Près de 4 millions unités ont été vendues depuis le 22 novembre. L’appareil pourrait également être un bon vecteur pour diffuser des services cloud. En revanche, il n’est pas très « mobile » et pas du tout professionnel. A priori, cette activité ne devrait donc pas figurer parmi ses priorités.
En revanche, un gros problème que devra résoudre le nouveau PDG est le développement de Windows. Ce système n’a jamais été autant haï - aussi bien par les particuliers que par les professionnels - depuis l’arrivée de l’interface Metro qui s’intègre mal dans l’interface classique. L’éditeur tente de redresser la barre, mais jusqu’à présent cela ressemble plutôt à du bricolage. Satya Nadella va devoir faire des choix pour trancher ce nœud gordien. Il ne pourra pas poursuivre une stratégie « cloud et mobile » tout en laissant intact son héritage « PC Windows ».
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Sources:
L'email de Nadella envoyé aux salariés
Interview filmé de Nadella