Quelques pistes pour soutenir le financement participatif

Cette semaine avait lieu la deuxième édition des assises de la finance participative réunissant l'écosystème du crowdfunding en France. L'association FPF a présenté six proposition pour soutenir la croissance du secteur.
150 millions d’euros de fonds devraient avoir été collectés via des plateformes de Crowdfunding en 2014. « Depuis l’origine, il y a un doublement de ce montant tous les ans » a rappelé Nicolas Lesur, lors des Assises de la finance participative organisées par l’association FPF (Financement Participatif France) dont il est président. L’année 2014 aura surtout vu naître la réglementation du secteur, mise en place par Fleur Pellerin, et, du même coup, une augmentation du nombre d’acteurs sur le segment du financement des entreprises. Récemment Smartangels et KissKissBankBank se sont ainsi lancés dans les prêts participatifs pour les startups et les PME.

Faciliter l’accès au don pour les collectivités territoriales et les associations
Pour soutenir ce secteur naissant, la FPF donne six pistes de réflexion, élaborées avec ses membres acteurs du crowdfunding, comme Anaxago ou Unilend, ou du financement, comme l’association de business Angels DDIDF ou encore le Réseau Entreprendre qui regroupe des chefs d’entreprises qui accompagnent les nouveaux entrepreneurs.
La FPF propose d’abord de faciliter l’accès au don participatif pour les secteurs publics et associatifs. Il s’agirait d’amender l’article 25 de la loi de simplification de la vie des entreprises concernant le code général des collectivités territoriales pour autoriser ces dernières à utiliser les plateformes de crowdfunding. Mais aussi de supprimer de la loi du 7 août 1991, les obligations de déclaration préalable auprès de la préfecture pour l’appel à la générosité du public dans le cadre de causes humanitaire, philanthropique ou encore sportive ou culturelle. « Il s’agit d’une simplification administrative » assure Nicolas Lesur.
Ceci dit, donner des garanties aux donateurs n’est pas une mauvaise idée. MyMajorCompagny a ainsi conclu un partenariat avec BGE, un réseau d’appui aux entrepreneurs. Leurs conseillers ont été formés pour proposer de manière pertinente aux porteurs de projets l’appel à des plateformes de crowdfunding. « Le succès des entrepreneurs de BGE sur notre plateforme est de 75 % bien au-dessus du taux de succès habituel des campagnes de don/contredon » assure Camille mollard, vice-président de FPF et responsable des partenariats pour MyMajorCompagny.
Les problèmes de gouvernance des plateformes d'investissement en capital
Niveau equity (ou investissement participatif en capital dans la structure), la FPF lance l’idée de Société d’Investissement Participatif (SIP). Créée sous l’égide d’une plateforme ayant le statut de CIP (Conseiller en investissement participatif), chaque SIP serait dédiée à un projet particulier et servirait de holding à ses multiples actionnaires.
Ces holdings ne résoudraient cependant pas tous les problèmes. La gestion des actionnaires est l’un des problèmes-clés des sociétés lançant des campagnes en crowdequity. « Il faut déterminer quel est le bon niveau de gouvernance et le bon niveau d’information pour que le dirigeant ne passe pas son temps à expliquer sa stratégie à ses 45 actionnaires et que les actionnaires aient un niveau de droit suffisant sans droit de veto » expliquait Marie Ekeland, co-présidente de France Digitale.
Boris Pourreau, fondateur de Running Heroes ayant levé des fonds sur Anaxago complète : « je me demande quel sera le comportement de ces investisseurs lorsqu’il s’agira de revendre la société. Les gros investisseurs ont intérêt à récupérer leur argent, les plus petits peuvent préférer risquer de tout perdre plutôt que de ne pas faire une très grosse plus-value ». Pour anticiper ces problèmes, « il faut réussir à aligner les intérêts de tout le monde » conseille Marie Ekeland. Au final, « les plateformes doivet organiser les rachats d’actions dans le cas où les actionnaires voudraient se désengager d’un projet et transmettre leur participation à quelqu’un d’autre » ajoute-t-elle.
Niveau prêt, la FPF aimerait étendre le financement participatif aux contributeurs entreprise. Autrement dit, les entreprises pourraient participer à des campagnes de prêt participatif sans que leur participation dépasse 20 % du projet soutenu. Enfin, des abattements d’impositions seraient bienvenus sur les intérêts perçus « comme ce qui existe pour l’assurance vie » explique Nicolas Lesur.
