C'est le règne du progiciel. Applications maison ou simples développements spécifiques sont de moins en moins l'affaire ?" quand ils existent encore ?" des informaticiens des entreprises utilisatrices. Infogérés ou "offshorisés", leur externalisation conduit à un transfert d'activité et de personnel entre clients et fournisseurs.
Une nouvelle répartition des tâches
Bernard Riquier, dirigeant du cabinet de recrutement Bernard Riquier Conseil
' Les métiers ne disparaissent pas, mais ils changent de nom. La création de solutions applicatives, leur vente ou le développement de logiciels de base se poursuivent. Je ne vois donc pas disparaître des métiers. Je m'attends plutôt à une nouvelle répartition. Les fonctions de développement seront moins nombreuses, mais elles subsisteront. Même les techniciens de maintenance continueront d'exister. '
Rien ne se perd, tout se transforme
Régis Granarolo, président du Mouvement pour une union nationale des consultants en informatique (Munci)
' Aucun métier n'est a priori destiné à disparaître ! Cependant, la migration des "anciennes" technologies ?"principalement les mainframes et le client-serveur lourd et propriétaire ?" vers les 'nouvelles' se révèle très lente. Et, bien souvent, seulement partielle. '
L'inéluctable avancée du progiciel
Michel Riguidel, responsable du département informatique et réseaux de Télécom Paris
' Les métiers appelés sinon à disparaître, du moins à diminuer sensiblement en termes d'effectif me semblent être tous ceux liés, d'une part, à l'exploitation des gros ordinateurs et, de l'autre, à la conception d'applications maison au sein des entreprises utilisatrices. Dans ce dernier cas, soit l'entreprise se dotera d'un progiciel et le paramétrera pour ses besoins, soit, si elle ne peut pas faire autrement, elle passera un contrat avec une SSII pour faire développer son "mouton à cinq pattes". '
Une autre répartition des tâches entre client et fournisseur
François Hisquin, directeurgénéral d'Octo Technology
' La tendance sera au remplacement des offres des SSII de type vente de CV par des offres de solutions avec engagement de résultat. Les récentes modifications contractuelles demandées par les directions achats des grands donneurs d'ordres abondent dans ce sens. Aujourd'hui, tout le monde se méfie du délit de marchandage. Cette évolution va redistribuer les cartes de la répartition de la création de valeur entre les SSII et les départements informatiques des entreprises. Si le curseur se déplace dans le sens des SSII ?" hypothèse restant à valider, car la difficulté du marché permet aussi aux grands comptes de recruter plus facilement ?", celles-ci n'auront d'autre solution que d'"offshoriser" une partie de ces prestations pour rester concurrentielles. Je ne pense donc pas que certains métiers soient, à court terme, en voie de disparition. Mais plutôt qu'ils ne seront plus exercés en France. La prise de parts de marché par des éditeurs de progiciels intégrés va évidemment générer une baisse des développements spécifiques. A terme, la fonction développement sortira donc des entreprises utilisatrices, où seules les applications stratégiques resteront. C'est déjà une tendance lourde, mais à pondérer très fortement en fonction des secteurs d'activité. '
Moins de budget pour la fonction informatique
Marc Sabatier, associé de Sterwen Consulting
' Les métiers sans valeur ajoutée, c'est-à-dire sans interactivité avec le business et ceux utilisant des technologies de pointe, pour lesquelles les compétences sont rares ?" connaissance des services web, par exemple ?", vont progressivement disparaître du paysage français. Sans nul doute, une bonne part des budgets que gère l'informatique devrait se retrouver, à terme, dans les métiers. Et cela dans un souci de bonne pratique en matière de gouvernance informatique. Pour autant, les tâches confiées à la fonction informatique resteront les mêmes. Elles augmenteront même en valeur ajoutée pour les informaticiens employés par les sociétés utilisatrices ?" par opposition aux prestataires. Néanmoins, ces derniers seront de moins en moins nombreux, car l'externalisation ira croissant dans les prochaines années. '
Des effectifs en réduction
Jean-Yves Grisi, directeur général de Pivolis
' Je ne pense pas vraiment que des métiers soient amenés à disparaître. Cependant, certains devraient voir leurs effectifs se réduire. Deux tendances sont ici en jeu : l'offshore, mais aussi ?" plus généralement et sûrement de façon plus importante ?" la montée en puissance de l'intégration de progiciels aux dépens des projets spécifiques, ainsi que la simplification des interfaces ?" notamment sur le plan de l'administration. De fait, les métiers en "contraction" sont le développement ?" en particulier sur des technologies anciennes (Cobol, VMS, etc.) ?", mais également certains métiers liés à l'exploitation des systèmes. La complexification des systèmes d'information ne met pas en péril la fonction informatique. Le poids de l'informatique et de la technologie dans l'avantage concurrentiel des entreprises devrait encore croître durant quelques années et amener des innovations permanentes, distinguant toujours les premiers à avoir une bonne idée et à savoir la mettre en ?"uvre. En revanche, une fois de plus, la dimension métier devrait prendre de plus en plus d'importance maintenant que de gros efforts ont été réalisés en matière de simplification des logiciels. C'est cela qui va conduire à contracter certains emplois, et à en augmenter d'autres. '
Votre opinion