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Près de 6,7 milliards de dollars en cash, c'est ce qu'Oracle met sur la table pour prendre le contrôle de BEA Systems. Alfred Chuang organise sa défense, mais peu de solutions s'offrent à lui.
C'est le grand retour des méga acquisitions dans le secteur du logiciel. SAP a donné le coup d'envoi la semaine dernière avec l'achat de Business Objects pour 4,8 milliards d'euros. Larry Ellison, maître ès acquisitions, ne pouvait laisser le dernier mot à son rival. Il vient de déclencher une OPA hostile sur BEA Systems. Son offre de 17 dollars par action représente une plus-value de 25 % pour les actionnaires de l'éditeur de Weblogic.Une telle acquisition ?" déjà évoquée il y a quelques années ?" faisait de nouveau l'objet de rumeurs persistantes, surtout depuis l'entrée au capital de Carl Icahn, un raider boursier qui, après plusieurs achats massifs d'actions, dispose de 13,22 % des parts de BEA. Mais l'OPA déclenchée par Oracle s'annonce moins simple qu'il n'y paraît. Dès l'annonce publiée, les boursicoteurs ont porté le cours BEA au-dessus des 18 dollars, pariant sur une surenchère de la part d'Oracle ou sur une éventuelle contre-OPA.Dès lors, la bataille de communiqués est lancée. Lors de l'annonce de l'OPA, Charles Phillips, président d'Oracle, a tenu à rassurer les clients de BEA : ' Nous protégerons les investissements consentis par les clients de BEA. Et nous supporterons les clients et les produits dans les années qui viennent. ' Et d'ajouter : ' Notre engagement sur le support a été démontré lors de toutes nos précédentes acquisitions, dont Peoplesoft et Siebel. BEA ne sera pas différent. ' La réaction de BEA a été immédiate, William Klein, le vice-président planification et développement de BEA, a rejeté, par fax, toute rencontre avec Oracle, tout en soulignant la sous-évaluation de BEA dans cette première offre.
Objectif numéro un : les parts de marché
Outre la bataille boursière qui s'engage, se pose la question de la raison d'un tel raid. Que peut bien faire Oracle des solutions de BEA Systems alors que toute sa stratégie d'intégration de Peoplesoft, de JD Edwards, de Siebel et de Retek est basée sur sa propre plate-forme, Fusion Middleware. L'éditeur possède déjà à son catalogue un serveur d'application J2EE, une suite SOA, une offre de portail. ' Avec virtuellement un recouvrement des offres de 100 %, il est difficile d'imaginer que 1 plus 1 égale 2 ', ironise Laura McCaughey, analyste chez AMR Research. De plus, si Oracle souhaitait acquérir des technologies, il aurait pu les obtenir voici un an pour seulement 350 millions de dollars, prix payé par Red Hat pour acheter JBoss. Eric Roch, consultant SOA chez Perficient donne son explication : ' BEA possède une pile middleware plus mature que celle d'Oracle, à laquelle il faut ajouter une solide base installée. Ce qui donne sens à cette acquisition '.
Une brique stratégique pour le futur
Martin Kuppinger, analyste au cabinet Kuppinger Cole & Partner estime pour sa part qu'Oracle veut avant tout mettre la main sur les parts de marché engrangées par BEA : ' Il y a une compétition pour le contrôle du middleware, car les processus métier sont implémentés sur cette infrastructure. Celui qui délivre une telle infrastructure fournit la part du SI qui sera la plus importante pour le business futur. Dans cette perspective, cela a du sens d'avoir de fortes parts de marché, même si vous ne gagnez pas énormément d'argent sur la plate-forme elle-même. 'Si le président d'Oracle, Charles Phillips, estime que les parts de marché dans le middleware sont effectivement stratégiques pour le futur d'Oracle, Fusion Middleware reste fortement liée aux offres progicielles d'Oracle et n'est pas identifiée en tant que solution d'intégration indépendante, au même titre que celles de Tibco ou de Software-Web-methods. ' Oracle a réalisé une grande avancée dans le monde du middleware et du SOA, mais n'a pas rencontré une forte demande du marché ', assène Eric Roch.
Le grand perdant : SAP
Une position sur le marché finalement très comparable à celle de SAP, dont tout le marché attend la réaction, et de son offre d'intégration Netweaver. ' C'est un joli coup porté à SAP, alors que ce dernier réalise l'acquisition de Business Objects et vient ainsi concurrencer l'offre BI d'Oracle ', poursuit Eric Roch. ' Je ne serais pas terriblement surpris si SAP faisait une offre pour BEA à son tour. ' Martin Kuppinger, lui, ne croit pas en une telle surenchère : ' Sachant que l'offre d'Oracle est déjà considérée comme élevée, je ne vois personne pour surenchérir. Cela pourrait toutefois survenir, la direction de BEA cherchant activement une autre solution. 'a.clapaud@01informatique.presse.fr
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