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Le marché des suites bureautiques est en ébullition. D'Adobe à Google en passant par IBM et Zoho, les challengers sérieux de Microsoft Office sont de plus en plus nombreux.
Alors que Microsoft règne avec Office en maître sur 95 % du marché des suites bureautiques, ses prétendants se font chaque jour plus nombreux. En l'espace d'un mois, IBM a présenté sa nouvelle suite bureautique Symphony, rejoignant Sun et Novell dans la communauté OpenOffice.org. Yahoo a racheté Zimbra pour doper ses outils de collaboration. Zoho propose désormais un SGBD en ligne. Et Adobe vient de mettre la main sur Virtual Ubiquity pour son traitement de texte en ligne Buzzword.Ce n'est pas un hasard si tous ces postulants se sont donnés le mot pour assaillir la chasse gardée de Microsoft. D'une part, les entreprises ne veulent plus subir la pression financière de l'éditeur de Redmond. Elles cherchent donc des alternatives à Office. D'autre part, ' les outils de communication sont devenus la " tour de contrôle " des utilisateurs. Il est donc temps de leur fournir un poste de travail qui ne repose pas sur une conception datant de plus de quinze ans ', estime Jérémy Chatard, directeur technique de la SSII Breek, spécialisée dans les architectures web 2.0.
Un accent mis sur la collaboration
Mais tous ces outsiders ne proposent pas le même type d'outils. D'un côté, ceux d'Adobe, Google, Yahoo et Zoho fonctionnent en ligne, dans un navigateur. De l'autre, IBM, Novell et Sun s'appuient sur OpenOffice.org pour proposer un poste de travail Linux éprouvé et gratuit. Qui des deux camps ravira le trône d'Office ? Personne ne peut le prédire. Mais tous s'accordent sur un point : la nécessaire fusion entre la suite bureautique et les outils de collaboration.Pour les ténors des applications en ligne, le concept de suite bureautique n'est pas suffisant, car ce n'est qu'un des composants d'un enjeu plus global : le poste de travail du futur. ' Nous ne cherchons pas à concurrencer Microsoft, explique Roberto Solimene, directeur Google Entreprise Europe, mais à répondre aux besoins de collaboration de nos utilisateurs. ' Or, ' les documents bureautiques ne sont qu'un des supports dont se servent les entreprises pour collaborer. Et les processus de collaboration sont aussi importants que les documents eux-mêmes ', rappelle Erik Larson, responsable des outils de productivité chez Adobe. Si la bureautique en ligne (Saas) suscite un tel intérêt, c'est donc parce que, ' de conception plus récente, ses outils autorisent à travailler simplement à plusieurs sur un même document ', synthétise Jérémy Chatard.Pour simplifier la collaboration, Google et Zoho s'appuient sur l'intégration native de leurs outils bureautiques à ceux de communication, et sur une publication systématique des documents en ligne. Quel que soit le scénario d'usage, tous les utilisateurs travaillent sur un seul et même document. Quelques clics depuis le traitement de texte ou le tableur suffisent à positionner les droits sur les documents, sélectionner des collaborateurs, puis à les alerter. Il n'y a aucun transfert de document au sein d'un workflow de validation, seules les notifications sont transmises par e-mail ou flux RSS. Cette organisation est ' diamétralement opposée à celle d'Office, dont les utilisateurs envoient généralement une copie du document à chaque destinataire à chaque itération ', analyse Jérémy Chatard. Microsoft propose bien une solution avec SharePoint Server, mais les mauvaises habitudes des utilisateurs ont la vie dure...
Reste à convaincre les entreprises
Les éditeurs d'applications en ligne devront cependant relever quelques défis pour convaincre les entreprises. Malgré un support naissant du mode déconnecté (via un système de cache, Google Gears notamment), l'ergonomie des applications en ligne reposant sur DHTML/Ajax reste largement perfectible. Et l'hébergement de documents confidentiels sur les serveurs de Google soulève encore des craintes en entreprise, même si quelques grands comptes, comme Essilor et Radial, ont déjà sauté le pas. Conscient de ces handicaps, Google vise à la fois les particuliers et les entreprises. ' Ce sont les employés qui utilisent Google Apps pour leurs besoins personnels qui pousseront peu à peu les entreprises à adopter nos outils. Car, au fil du temps, ils auront deplus en plus de mal à accepter la vétusté de leur poste de travail traditionnel ', estime Roberto Solimene.Zoho vise clairement les TPE. Et Adobe compte sur l'ergonomie de son client riche internet (RIA) Flex et sur l'intégration de Buzzword avec son service de contrôle d'accès Document LifeCycle pour faire la différence auprès d'une cible constituée de TPE, PME, et des entreprises des pays émergents.
La vision pragmatique d'IBM
Parmi les supporters d'OpenOffice.org, seul IBM innove réellement en proposant un poste de travail complet basé sur les mêmes principes que ses concurrents en ligne. ' La suite bureautique est aujourd'hui une commodité, dit Philippe Mathieu, responsable marché Lotus chez IBM. Le plus important, c'est de fournir un poste de travail complet, indépendant du système d'exploitation, qui permette de collaborer efficacement via une interface et une ergonomie unique. ' IBM a ainsi intégré l'ensemble de ses outils de communication ?" Lotus Notes, Sametime, Quickr (espaces de travail partagés en ligne) ?" avec Symphony (OpenOffice.org) en s'appuyant sur le socle d'exécution de client riche de bureau Lotus Expeditor (sous Eclipse RCP).IBM propose des scénarios intéressants, proches de ceux de Google. Un utilisateur peut, par exemple, envoyer par e-mail un document à une liste de destinataires directement depuis Symphony. Relié à Notes et Symphony, Quickr publie automatiquement le document en ligne et Notes n'envoie qu'un lien. Cette vision pragmatique est à cheval entre les habitudes bien ancrées des utilisateurs et la nouvelle conception d'une bureautique en ligne. Elle pourrait séduire les entreprises pressées de trouver une alternative et qui ne peuvent pas attendre que les outils en ligne de Google, Yahoo et Adobe mûrissent.redaction@01informatique.presse.fr
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