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Pascal Crocq, cofondateur d'Adwizmi. Egalement diplômé en administration d'entreprise, cet ingénieur a délaissé son costume de DSI de Volkswagen France pour se risquer à la création d'un site web de services. Une nouvelle vie d'entrepreneur dans laquelle il s'épanouit pleinement.
Les premiers mois ont été difficiles. En juin 2009, Pascal Crocq s'est associé à son ami Damien Grimonprez pour créer Adwizmi, un site web permettant aux consommateurs de dénicher les offres promotionnelles de leurs marques et commerçants préférés. Pour démarrer ce projet très web 2.0, ils ont cassé leur tirelire et rassemblé 150 000 euros. Puis ils ont contacté les banques pour compléter ce pactole par un prêt. Mais aucune n'a suivi.Après le cinquième refus, les deux entrepreneurs tombent enfin sur une oreille compréhensive chez HSBC, qui leur accorde 150 000 euros supplémentaires. “ Au final, cette recherche de fonds s'est avérée assez décevante et chronophage. Pour le moral, ce n'est pas très bon ”, déplore Pascal Crocq. Mais, depuis, ça va beaucoup mieux. Mis en ligne fin 2009, le site a rallié à ce jour près de 200 marques et 5 000 consommateurs. L'entreprise a même pu embaucher une poignée de collaborateurs. De quoi laisser Pascal Crocq souffler un peu avant d'affronter les prochaines épreuves de l'entreprenariat.
Une fonction de DSI structurante
Il faut dire que sa vie précédente était plus confortable et, surtout, plus structurée. De 2001 à 2008, il occupait le poste de DSI de Volkswagen France. Sa mission consistait à gérer les relations contractuelles avec Gedas, la filiale SSII du constructeur allemand, auprès de laquelle toute l'informatique était externalisée. “ La difficulté d'un tel poste est de garder une vision globale et de gérer la frustration de ne pas pouvoir tout contrôler ”, analysetil.D'ailleurs, pendant ces sept années, Pascal Crocq aura tout fait pour augmenter la capacité de contrôle de la DSI française. Il a d'abord mis en place un processus détaillé pour la création des devis afin de “ blinder ” le chiffrage budgétaire et d'éviter les mauvaises surprises. Dans un second temps, il s'est entouré d'une équipe de 12 personnes ? dont certaines issues de Gedas ? pour gagner en autonomie sur les systèmes informatiques. Cet engagement en France lui a valu, par la suite, de représenter les autres filiales locales au niveau du comité de pilotage européen pour la définition des systèmes informatiques de Volkswagen.C'est alors qu'il s'est trouvé confronté à un autre problème : le manque de perspectives. “ L'informatique fonctionnait. J'aurais pu évoluer vers une fonction de coordinateur au niveau du groupe Volkswagen, mais, pour cela, il fallait parler allemand et accepter d'être séparé de sa famille, expliquetil. En outre, j'avais de plus en plus envie de passer du côté business, d'être responsable d'un centre de profit. ”Cette volonté ne vient pas de nulle part. Dans ses expériences antérieures, l'ingénieur titulaire d'un DESS en administration d'entreprise n'a cessé, en réalité, de naviguer entre la gestion et la technique : responsable d'une junior entreprise, consultant pour entrepreneurs et PME, directeur d'agence internet, etc. A l'étroit chez Volkswagen, il commence à élaborer des projets chez lui les soirs et les weekends, dès 2007. En mars 2008, il décide finalement de démissionner et se met à son compte comme consultant en management et marketing stratégique. “ J'ai réactivé mon réseau et pu démarrer presque le lendemain ”, précisetil. Cette activité a duré presque deux ans et lui a permis de constituer le capital qui l'aidera, plus tard, à lancer Adwizmi. “ Ce qui me plaît dans la création d'entreprise, c'est la prise de risque. Chaque jour est différent et on fait tout de A à Z ”, s'enthousiasmetil.Si l'entreprenariat convient davantage au tempérament de Pascal Crocq, il ne renie pas pour autant son passé de DSI. Au contraire. “ J'ai beaucoup apprécié le rôle de facilitateur du DSI, la manière dont l'informatique contribue à faire évoluer l'ensemble d'un groupe, se souvient-il. Cette expérience me sert beaucoup aujourd'hui, que ce soit dans la rédaction des cahiers des charges, dans la facturation ainsi que dans la gestion de la production, des ressources et des finances. ”
Une double expérience bénéfique
Son expérience dans l'informatique lui permet également de rentrer dans un code de programmation et de superviser des développements. Et grâce à ses différents postes de consultant, il se sent plus à l'aise pour choisir ses partenaires. “ Le fait d'avoir été à la fois consultant et DSI m'a montré les deux facettes d'une relation client-fournisseur. Ce qui m'aide, aujourd'hui, à bien négocier avec mes sous-traitants. De manière générale, dans la création d'entreprise, plus on est touche-à-tout, mieux c'est ”, constate-t-il.Alors, vraiment pas de regrets ? “ Si c'était à refaire, je me lancerais sans doute plus tôt dans l'entreprenariat. Et je sais quelle banque j'irais voir en premier ”, avoue-t-il, en souriant.
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