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Des alliances entre grandes et petites entreprises à la collaboration entre l'industrie et la recherche, innover aujourd'hui, c'est instaurer trois types de proximité : technologique, d'intérêt, et de communauté.
Approche en termes d'usage, importance du service, recherche d'un compromis entre marché mondial et personnalisation... L'innovation consiste à se différencier, à changer les règles de la concurrence, et à donner au client
la possibilité d'agir en acteur économique actif. Des débuts ratés de l'UMTS de la fin des années 1990 au décollage poussif des progiciels de gestion intégrés dans les PME, les responsables d'entreprise se sont rendu compte qu'innover n'est plus
seulement une affaire de technologie. Il faut, pour reprendre les termes du sociologue Patrick Pajon, ' vendre, dans les produits, de l'expérience et du sens '. Combiné à une évolution sociétale marquée
par la montée en puissance de l'individu et des technologies de plus en plus souples comme le web 2.0 ou l'open source, ce changement de référentiel économique a fait d'internet un formidable outil de créativité.Connecter les subjectivités et les individualités pour décupler leur potentiel de création d'idées. Cette logique du ' gagnant-gagnant ' est au c?"ur du processus d'innovation de
Fabernovel, créé par Stéphane Distinguin. Association de ' faire ' et de ' nouveau ', ce cabinet de conseil en innovation d'une vingtaine de personnes est
une plate-forme dont l'objectif est de ' faire plus vite et mieux que les autres '. Président de l'association Silicon Sentier, qui rassemble une centaine de start up parisiennes, le jeune chef
d'entreprise travaille en collaboration avec le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), le laboratoire Lutin de la Villette, et FT R&D. Il est aussi membre de la commission usages du pôle de compétitivité Cap Digital (Ile-de-France). Il fonde
son approche sur la vitesse et le partage. ' Il faut être capable d'effectuer rapidement des transferts, dit-il. C'est pourquoi je ne crois pas à la spécialisation pointue dans
l'innovation. ' Transférer des idées ou des technologies d'un secteur d'activité à l'autre, d'une discipline à l'autre... Le cabinet de conseil rassemble pour cela des activités de recherche, d'expérimentation, et de
conseil.
Place au ' mash up '
Les chantiers aboutis de Fabernovel ? Le projet BlueEyes pour guider les déficients visuels dans les stations de métro, réalisé pour la RATP ; AlloCyclo, système de location de vélos en libre-service, développé avec
Transdev ; ou encore le service SFR Jeunes talents de mise en ligne de maquettes numériques avec SFR. D'autres projets, comme la plate-forme de dématérialisation de billets de spectacles ou de transport Digitick, sont externalisés sous forme de
spin off. Constat de Stéphane Distinguin : ' L'innovation en France est davantage financée par les grands comptes que par le capital-risque. Nous apportons notre agilité et notre capacité de réaction, et les grands
groupes leur financement. ' Dans cette logique combinée de rapidité, de collaboration, et d'opportunité de moyens, la proximité géographique est un élément essentiel. ' Il faut du lien, il faut se
connaître. ' Idem pour la diversité : l'innovation c'est comme la révolution, il faut ' des mèches courtes et des mèches longues '. Elle ne se décrète pas ; on peut
juste lui préparer un terrain propice : ' Il faut être capable de faire du " mash up ", poursuit Stéphane Distinguin. Car c'est le mélange qui est créateur de
valeur. '
Rechercher la communauté d'intérêt
Faire travailler ensemble chercheurs et industriels, et établir des passerelles durables entre les deux mondes. L'idée n'est pas neuve. Nées de l'envie d'entreprendre de chercheurs, les réussites d'Ilog ou de Soitec ont montré
son efficacité. Advestigo en est une autre illustration. Cette start up française spécialiste de la recherche de copies illicites sur internet a reçu en mars dernier le prix de l'innovation IST 2006, décerné par la Commission européenne. Son
histoire débute au seuil de l'an 2000, lorsque deux chercheurs du CEA-Leti, Hassane Essafi et Marc Pic, décident de se lancer dans l'aventure industrielle. Ils suivent la formation Challenge+ de HEC. Et travaillent sur l'adéquation de leur projet au
marché. ' Nous avons eu la chance de compter parmi nos prospects des responsables de la Sacem, explique Hassane Essafi. Ils nous ont aidés à comprendre l'importance des droits dans un
document. 'Ensuite, tout s'enchaîne. L'échange de fichiers (peer to peer) explosant, la situation devient de plus en plus critique pour les producteurs audio et vidéo. Tandis que la protection des droits s'étend à tous les contenus de
l'entreprise. Respectivement patron de la R&D et directeur des opérations d'Advestigo, Hassane Essafi et Marc Pic entretiennent des relations serrées avec leurs anciens collègues chercheurs : ' Nous participons à des
colloques scientifiques, dit Hassane Essafi, et nous envisageons de monter un projet de recherche commun. ' Aujourd'hui encore, ils publient toujours dans les revues scientifiques, et présentent des
communications dans les colloques. ' Nous communiquons pour faire avancer la science, mais pas sur notre savoir-faire. ' Cette présence continue dans la recherche académique fait gagner du temps :
' Nous voyons plus vite ce qui va donner des résultats et ce qui reste du domaine de la recherche, car nous synthétisons plus facilement ce qui est publié. '
Donner un sens aux technologies
L'échange d'habitudes culturelles d'un pays ou d'un continent à l'autre est un autre transfert hautement générateur d'innovation. Or, aujourd'hui, les différences sont particulièrement fortes dans les domaines de l'informatique
personnelle et de la robotique. ' Dans notre pays, le rapport à l'objet technique est toujours angoissant. La panne, c'est le refus d'obéir, la révolte de la machine ', disait Philippe Mallein,
chercheur au laboratoire Pacte-CNRS, directeur de l'équipe innovation et usages, en présentant les derniers travaux de son équipe sur les objets communicants. De plus, des industries culturelles comme la musique, le film, le jeu vidéo ou la
robotique de loisir représentent de très gros marchés mondiaux. C'est donc sur ce terrain que s'est placé Jean-Christophe Baillie pour créer, en avril dernier, la société Gostai. Inventeur du langage de programmation Urbi, cet enseignant-chercheur
de l'Ensta est parvenu à associer puissance et simplicité : Urbi est d'ores et déjà utilisé par des ' petits génies de 12 ans, qui s'amusent avec ', et par plusieurs laboratoires de recherche en
intelligence artificielle. Comment ? En gardant une âme d'utilisateur naïf, de quelqu'un qui ne veut pas de documentation. Mais en restant, en même temps, un chercheur capable de concevoir des choses très pointues. Son idée ? Imiter les
Japonais, pour lesquels il n'existe pas que des machines esclaves. Dans leurs mangas, les robots sont positifs. www.01blog.fr/1873
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