' Rachat de Completel : pour quoi faire ? '
Jérôme Desvouges, chef d'enquête à 01 Informatique : ' L'acquéreur Altice ne semble pas envisager de fusion avec Completel pour former un opérateur
intégré 'Jusque-là grand oublié des mouvements de concentration qui ont secoué le marché des télécoms ces cinq dernières années, Completel a finalement trouvé quelqu'un pour lui signer un chèque. Un gros chèque. Pendant des années, l'opérateur
croulait sous une dette inextricable qui le rendait impropre à toute forme de rachat ou de fusion. Depuis un peu plus de trois ans, débarrassé de ses folles ambitions européennes, Completel est revenu sur le devant de la scène, en forme,
ragaillardi, prêt à la mêlée avec ses concurrents, et surtout à se faire racheter si l'un de ces derniers en faisait la demande. Mais l'opérateur n'a pas su séduire ses rivaux. Rien, nada, niente... jusqu'à aujourd'hui. Il s'est finalement
vendu à Altice pour un prix avoisinant les 35 euros par action (amenant à une valorisation totale de 660 millions d'euros). ' Nous n'aurions même pas offert 20 euros par action ', a commenté un
opérateur qui avait étudié le dossier. Un autre m'expliquait qu'il n'existait pas de projet industriel intéressant à réaliser en achetant Completel. Ses réseaux, tant de transport que d'accès, s'avèrent très redondants avec ce qui existe déjà chez
la plupart des opérateurs installés. Pendant un temps, on a pu penser que, tenté par l'aventure des télécoms fixes, le timoré Bouygues Télécom signerait le chèque. Finalement, la filiale télécoms du roi du béton a préféré l'option du
partenariat... Mais alors, fort de ces constats, à quoi sert le rachat ? Altice étant actionnaire à 30 % de Numéricable, on imagine tout de suite qu'une fusion est sur les rails pour former un opérateur intégré, comme on dit de nos
jours. Altice ne semble toutefois pas envisager ce scénario. D'ailleurs, il n'en propose aucun. Alors que va devenir Completel ? Soit il prend le train en marche et devient un opérateur grand public (en se mariant avec Alice, qui reste seule
indépendante et à prix raisonnable). Soit il survit uniquement dans le marché des services aux entreprises nationales. Ou alors, ce n'est là qu'un coup financier de plus qui n'apportera rien aux clients. Espérons quun avenir proche saura nous le
dire...j.desvouges@01informatique.presse.fr
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