Rachat de SFR: les fréquences au coeur de l'opération Bouygues-Free

Bouygues veut céder des fréquences 2G/3G/4G à Free. Il lui en resterait encore beaucoup à l'issue du rachat de SFR. L'Arcep arbitrera les deux opérations.
Contrairement à Numericable, Bouygues doit gérer la question épineuse des fréquences mobiles dans le cadre de sa double opération de rachat de SFR et de cession de son réseau mobile à Free.
Dans tous les cas de figure, au cas où il l'emporterait, le futur ensemble Bouygues+SFR, disposerait d'un énorme lot de fréquences 2G/3G/4G cumulées, de 329,6 MHz (157,8 MHz pour le premier et 171,8 MHz pour le second). Impensable du point de vue de l'équité concurrentielle, vis à vis d'Orange (et ses 171,8 MHz) et de Free (60 MHz).
Bouygues a prévu de se délester ainsi d'une partie de son patrimoine de fréquences, pourtant chèrement acquis. Il veut céder pour 1,8 milliard d'euros, ses 15 000 antennes-relais au quatrième opérateur mobile, le groupe de BTP et des fréquences 2G/3G/4G.
Interrogé sur la valorisation de ces fréquences par rapport au réseau, Maxime Lombardini, directeur général d'Iliad (maison-mère de Free), a refusé de répondre, lors de la présentation de résultats annuels Iliad, lundi 10 mars 2014.

Free devrait récupérer des fréquences "en or" 4G

En revanche, sur l'antenne de la chaîne BFM Business, quelques heures plus tôt, le directeur général d'Iliad a été un peu plus disert sur les fréquences récupérées de Bouygues. « Il y a une dimension fréquences en or, effectivement, dans l’accord mais je ne peux pas rentrer dans le détail » avait-il déclaré.
Free pourrait donc récupérer certaines des fréquences 4G en or (800 MHz), issues des chaînes télés analogiques. Plus basses que celles qu'il détient déjà (2600 MHz), elles assurent une meilleure réception dans les bâtiments et une meilleure qualité de propagation que les fréquences hautes (1800 MHz et 2600 MHz).
De toute façon, Free en est totalement dépourvu. Son offre d'achat n'avait pas été suffisante en 2011, pour emporter un des lots 800 MHz mis aux enchères.
Il serait, a priori, demandeur car ces fréquences basses lui permettraient d'atteindre rapidement ses obligations de couverture 4G de la population en métropole. Elles viendraient utilement compléter son patrimoine important de fréquences 4G hautes (2600 MHz), adaptées à la fourniture de très haut débit mobile en zone urbaine.
Free disposait aussi d'un droit d'itinérance auprès de SFR, pour accéder aux 800 MHz de cet opérateur.
Quelles fréquences gardera Bouygues ?

Free devrait aussi logiquement récupérer de Bouygues ,des fréquences 3G, dans les bandes 900 MHz et 2 100 MHz, dont il est peu ou pas du tout doté. Cet ajout lui permettrait de moins dépendre du réseau d'Orange, qui lui coûte très cher dans le cadre de son contrat d'itinérance 3G.
Au final, que gardera Bouygues dans le patrimoine dont il dispose ? Il serait surprenant que Bouygues se sépare de tout ou partie de ses fréquences 1800 Mhz. En les réutilisant en 4G, elles lui ont permis de bâtir un réseau national couvrant 63 % de la population dès son lancement en octobre 2013. L'opérateur devrait les apporter au pot commun de la future entité née du rachat de SFR.
De son côté, Free, qui en est aussi totalement dépourvu, devrait, à court terme, bénéficier de la restitution de la part de ses 3 rivaux, de blocs de 1800 MHz, dans le cadre du rééquilibrage de l'accès à cette bande, voulu par l'Arcep.
Le régulateur des télécoms sera l'arbitre des fréquences

La cession de blocs de fréquences à Free suffira t-il à satisfaire l'équité de la concurrence en France, une fois mise en place la nouvelle entité formée de Bouygues +SFR. Tout dépendra de l'importance de ce qui sera cédé.
Certes, cette dernière se retrouvera à la tête d'un parc de plus de 32 millions de clients mobiles (abonnements + prépayés), le plus important de France. Elle risque, néanmoins, d'être encore possession d'un patrimoine de fréquences encore très conséquent.
Orange, cette fois-ci, pourrait trouver à y redire. Il est probable que l'opérateur ne laisserait pas passer, le moment venu, une opération qu'il jugerait inéquitable sur le plan des fréquences.
De toute manière, l'Arcep, qui a attribué les fréquences 2G, 3G et 4G, aura le dernier mot. Elle devra autoriser, à la fois l'opération de vente à Free et la mise au pot commun des fréquences dans la nouvelle entité issue du rachat de SFR par Bouygues.
De nouvelles concessions pourraient être alors demandées par le régulateur en cas d'autorisation, au groupe de BTP. Celui-ci est, toutefois, rompu aux négociations de haut vol...
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- Xavier Niel se fait le grand avocat de l'offre de Bouygues sur SFR (publié le 10 mars 2014)