Rachat de SFR : "La baisse des prix est un acquis irréversible"

Bouygues et Numericable se disputent âprement le rachat de SFR. Les prix des forfaits mobiles vont-ils pour autant partir à la hausse ? Les avis divergent.
Article du 10 mars 20 h 16
L’intense activité médiatique autour du rachat de SFR par Bouygues ou Numericable fait ressurgir certaines craintes quant à une éventuelle augmentation du prix des forfaits. Car la véritable inquiétude des consommateurs demeure, encore et toujours, leur pouvoir d’achat. Deux offres sont donc sur la table de Vivendi pour le rachat de sa filiale SFR. Et elles suscitent quelques réactions de la part du gouvernement, des associations de consommateurs et bien sûr des « belligérants ».
Si c’est Bouygues qui l’emporte
Le nombre d’opérateur passe à trois avec Orange et Free. C’est l’option rêvée pour Xavier Niel. Il s’est même fait l’ardent défenseur de l’option Bouygues. Les deux frères ennemis sympathiseraient donc pour leur bien commun. Maxime Lombardini, le DG d’Iliad, a affirmé sur l’antenne de BFMBusiness « qu’il n’y a aucune raison pour que les prix augmentent ». Même son de cloche pour Xavier Niel qui évoque son futur rôle au sein de ce triumvirat d’opérateurs. Face à deux nouveaux superpuissants Orange et SFR/Bouygues, Free deviendrait alors le plus petit des trois et « être petit permet de faire exactement ce que nous aimons faire : faire de la croissance organique, se battre et animer la concurrence. Ce sera favorable au consommateur ».
Ce n’est pas du tout le point de vue des associations de consommateurs Que Choisir ? et CLCV qui craignent une hausse conséquente du prix des forfaits mobiles. Le chiffre de 10 % à 18 % est même avancé en prenant exemple sur le cas autrichien où effectivement il y eu une hausse de 10 % quand le quatrième opérateur a été absorbé.
L'arrivée de Free en janvier 2012 avait rendu le marché de la téléphonie mobile ultra-concurrentiel et c’est certainement ce que veulent encore préserver les associations de consommateurs.
Cependant, rien ne laisse supposer une telle hausse, en tout cas dans l’immédiat. Et le gouvernement va rester vigilant comme le précise Benoit Hamon, ministre de la Consommation, « je n’oublie pas qu’avant l’arrivée d’un quatrième opérateur de téléphonie mobile, SFR et Bouygues Telecom étaient de véritables machine à cash pour leur maison-mère sans que les bénéfices n’aillent forcément à l’investissement ».
Si c’est Numericable qui rachète SFR
Alors, là, le contexte est tout autre. Le paysage demeure inchangé avec quatre opérateurs. Une seule marque subsisterait : SFR. La stratégie de développement de cette nouvelle entité serait alors plus tournée vers le câble que vers le mobile. Un domaine connu pour le câblo-opérateur dans lequel il retrouverait de grosses marges. Supérieure à celles du mobile. La concurrence des quatre opérateurs entretiendrait les prix des forfaits mobiles dans la gamme actuelle. Dans ce cas aussi, pas de changement donc à moyen terme.
Le conseil de surveillance de Vivendi va se prononcer le 14 mars. Si le gouvernement reste sur ses gardes quant à d’éventuelles hausses de forfaits,il est également très vigilant sur l’emploi. D’ailleurs, Fleur Pellerin, la ministre déléguée à l’Economie numérique, a déclaré lundi soir 10 mars : « Il me paraitrait souhaitable que les candidats au rachat de SFR puissent intégrer dans les licences leurs engagements en matière d’emploi ». Histoire de montrer que le volet social est aussi suivi de très près par le gouvernement.
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