Rachat de T-Mobile : le bras de fer entre Free et Sprint

L'opérateur télécom T-Mobile a l'air bien attrayant pour le français Iliad et l'américain Sprint. Les offres de rachat débutent sous haute surveillance des marchés financiers.

Les enchères commencent. Après avoir fait une offre de 15 milliards de dollars pour le rachat de 56 % de T-mobile, Iliad et son fondateur, Xavier Niel, auraient essuyé un refus de la part de Deutsche Telekom qui détient les deux tiers de l’opérateur américain. Les 33 dollars par action proposés par Iliad serait jugés insuffisants face aux 40 dollars que Sprint (troisième opérateur US) offrirait pour absorber T-Mobile (4e opérateur). Sprint veut donc absolument s’emparer de son concurrent et serait ainsi prêt à mettre les moyens. Soutenu par la très puissante SoftBank et son PDG milliardaire Masayoshi Son, Sprint veut ainsi montrer au régulateur des télécommunications américain –la FCC (Federal Communications Commisssion)- qu’il est un candidat sérieux pour ce rachat et qu’il a les moyens d’investir dans les infrastructures sans trop s’endetter.
Xavier Niel doit donc revoir sa copie et faire une offre légèrement plus généreuse s'il veut s’implanter aux Etats-Unis avec T-Mobile. Pourtant, certains analystes affirment que le « vrai » prix de l’action de T-Mobile tournerait bien aux alentours des 34 dollars, donc proche de l’offre d’Iliad. Le français pourrait aussi obtenir le soutien des organismes de régulation américains, très soucieux de conserver quatre opérateurs aux Etats-Unis pour une meilleure concurrence. Avec le rachat de T-Mobile par Sprint, il n'y aurait plus que trois opérateurs aux Etats-Unis. Alors que que l'offre de Xavier Niel permettrait de conserver quatre opérateurs télécoms sur le territoire américain. Tout comme l’Arcep en France, ce pluralisme des opérateurs téléphoniques est essentiel dans l’esprit du régulateur américain. La FCC ne rigole pas quant il s'agit de conserver un minimum de concurrence aux Etats-Unis. En 2011, le géant AT&T s’était vu refuser le rachat T-Mobile pour cette raison. Un point capital qui pourrait jouer en faveur de Xavier Niel et de son offre très inférieure à celle de Sprint.
Un milliard de fonds propres
Pourtant le montage financier du groupe français, effectué en collaboration avec la banque Lazard, semble tenir parfaitement la route. Pour arriver au 15 milliards de dollars (11.2 milliards d’euros) proposés, Xavier Niel mettrait, selon Les Echos, deux milliards en fonds propres avec un milliard directement issu de sa fortune personnelle, estimée à 8 milliards d’euros. Une holding a été créée pour gérer ces deux milliards, qui seront ajoutés aux quatre milliards de fonds empruntés. Soutenue par BNP Paribas et HSBC, cette holding lèvera ensuite cinq milliards d’euros de dette pour rassembler finalement la somme de 11 milliards d’euros. Par contre, pour Masayoshi Son, pas question d'une simple participation. A travers l’offre de Sprint, le milliardaire japonais veut la totalité des 67 % de T-Mobile, aujourd'hui détenus par Deutsch Telekom. Pour cela, il offre (rien encore d’officiel) 40 dollars par action.
Dès l’ouverture de la bourse de Paris ce matin, l’action d’Iliad chutait de 13 % pour finalement afficher une perte de 8 % en fin de matinée. L’escapade américaine de Free ne semble pas être appréciée par les investisseurs car pour effectuer cette opération, le fameux « trublion des télécoms » doit ouvrir son capital. Ce qui n’est pas du tout du goût des actionnaires.
Illiad tenait à préciser hier dans un communiqué que « rien ne garantit que l’offre d’Iliad sera acceptée par le conseil d’administration de T-Mobile US et qu’il en résultera une transaction ».
L’offre a été refusée, les enchères continuent.
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