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Le marché de lasupply chain, ou chaîne logistique, redémarre en France. Et l'année 2004 devrait voir la montée en puissance des solutions basées sur la gestion des exceptions. Elles lient la planification et
l'exécution.
' En pause depuis 2001, le marché français des produits de SCM (Supply chain management) licences et services inclus devrait repartir sur un rythme de croissance de 10 % jusqu'en 2006, pour
atteindre 130 millions d'euros ', prédit Christian Pierret, p-dg de Pierre Audoin Consultants (PAC).Le marché américain, quant à lui, a continué de croître régulièrement.' Cela est lié au fait
qu'au moment de la crise, la France n'avait pas encore dépassé le stade du lancement et de " l'évangélisation ". On observait un manque de maturité des entreprises fonctionnant encore de manière
cloisonnée ', poursuit-il.
Prévoir l'imprévisible
La reprise verra un rattrapage des investissements et la nécessité de continuer à réduire les coûts tout en améliorant les processus. Les éditeurs de SCM vont devoir élargir leur couverture fonctionnelle pour couvrir toute la
chaîne logistique et étoffer leurs solutions collaboratives sur internet. Autre voie prometteuse : la verticalisation des solutions qui s'impose face aux spécificités de chaque secteur. Cette reprise coïncidera avec une intégration plus forte
entre la planification (SCP,Supply chain planning) et l'exécution (SCE,Supply chain execution), qui fonctionnaient jusqu'ici de manière plutôt indépendante. La première permet de simuler et de planifier les
processus, alors que la seconde gère l'opérationnel en matière de transport et de logistique. Selon Christian Pierret,' en France, l'intégration de la chaîne logistique est le principal enjeu auquel les entreprises vont devoir
s'atteler '. Pour cela, elles peuvent procéder par extensions fonctionnelles, par l'utilisation d'EAI ou par la mise en ?"uvre d'outils de SCEM(Supply chain event management). Ces produits génèrent des
alertes transversales entre les fonctions de l'entreprise, et fournissent des indicateurs de performances. Classiquement,' l'APS(Advanced planning and scheduling)est bien adapté aux activités prévisibles,
et les entreprises l'utilisent de mieux en mieux,rappelle Norbert Cohen, directeur de PEA Consulting, spécialiste de la chaîne logistique.En captant les ventes réelles, elles anticipent les ventes futures. Dès lors, l'APS part
de meilleures prévisions, ce qui permet une meilleure planification '. Mais tout n'est pas prévisible : une grève dans un port ou une panne sur un camion, par exemple.' Il faut se réorganiser,
reconfigurer et replanifier,ajoute Norbert Cohen.C'est ce que proposent les outils de SCEM. 'Ils sont adaptés aux événements faiblement prévisibles ou aléatoires. C'est un domaine récent, et
l'event managementest souvent appliqué à un processus spécifique : les transports, et le suivi du niveau de consommation ou du niveau des stocks.' En France, le SCEM démarre ',
estime Si-Mohamed Said, responsable du SCM chez SAP. L'event managementchez SAP complète les autres modules de l'offre SCM : planification (APO), transport et entreposage (LES), et mesure des performances (SCPM). Le tout
cible lasupply chainadaptative, qui adapte en temps réel l'exécution et la planification, selon les aléas et les performances mesurées, puis a posteriori. Si-Mohamed Said note :' Le succès du SCEM
viendra des prestataires logistiques, qui, tel Danzas, assurent le transport et l'entreposage pour les entreprises. 'De tels prestataires doivent assurer un taux de service indépendant des aléas, ainsi que la traçabilité pour
leurs clients.' Les bonnes pratiques dans l'event managementrestent à définir,avertit Hervé Hillion, vice-président du cabinet d'études Headstrong, au contraire de la planification,
qui est balisée. '
Des fonctionnalités diverses
Les acteurs proposant des solutions sont très nombreux.' Le SCEM n'est pas une discipline structurée, poursuit Hervé Hillion.Les fonctionnalités des produits sont
diverses. 'Les acteurs sont issus du monde de l'ERP (SAP ou J.D. Edwards), de la chaîne logistique (i2 Technologies) ou de l'EAI. Des outils de WMS(Warehouse management system) tels ceux d'EXE Technology
ou de Hardis ou de TMS(Transportation management system) comme ceux de DDS sont complétés d'un outil d'event management.Des solutions spécialisées sont apparues, comme celles de Vizional, Team On Line,
Forum Trafic, Viewlocity ou Yantra.' On distingue trois niveaux de fonctionnalités ', explique Hervé Hillion. Au premier niveau, on déclenche une alerte quand un seuil est
dépassé,' par exemple, si un niveau de stock est trop bas '. Au deuxième niveau, il existe une finesse d'analyse :' Le stock peut être bas, sans qu'il soit urgent d'y
remédier si aucune commande n'est en attente sur le produit concerné. 'Cela nécessite que l'alerte déclenche un ensemble de traitements et deworkflowsde vérification annexes. Enfin, dans la dernière
étape, il faut pouvoir faire l'historique des événements, afin d'en tirer des enseignements et des statistiques. Ainsi Team On Line estime que' les outils de SCEM permettent de simuler, de valider et de superviser des
scénarios basés sur le recueil et l'analyse des événements logistiques (statistiques). Ils donnent accès à une visibilité totale du processus, couplé à un système d'alertes proactif '.Mais attention : on risque de se
trouver face à un problème de volumétrie de données à analyser.' L'arrivée de l'étiquette radiofréquence RFID, en particulier, dope le flot d'informations à trier,relève Hervé Hillion.Les performances sont
essentielles. Notre cabinet travaille actuellement sur un projet où le produit retenu est celui de la société Corail, qui, au départ, était utilisé pour de la mesure d'audience sur internet. Il traite d'énormes volumes d'information très
rapidement. 'Le paramétrage des seuils d'alerte a aussi toute son importance. Trop bas, ils submergeront les opérateurs de messages inutiles. Trop hauts, l'outil de SCEM ne détectera plus rien.
Savoir faire face aux urgences
Pour Francis Portogallo, p-dg de Forum Trafic,' il faut être prévenu des exceptions. Gefco, la filiale logistique de PSA, par exemple, transporte des millions de véhicules, il ne doit recevoir des messages
que sur les événements exceptionnels '. Renault, pour sa part, a testé l'outil Forum Trafic en mode ASP sur internet pour du transport d'urgence. Il s'agit d'acheminer des pièces détachées sur les chaînes de montage, afin que
celles-ci ne s'arrêtent pas, ce qui est très coûteux. Le choix va de la camionnette Express jusqu'à l'hélicoptère. Forum Trafic a rendu les services attendus. Dans un contexte d'urgence, où l'information doit être rafraîchie au moins toutes les cinq
minutes, internet fait toutefois courir un risque d'interruption de service trop important. Le mode ASP convient à des cycles de rafraîchissement plus espacés, plusieurs fois par jour par exemple, lorsqu'on surveille des livraisons plus
longues.
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