Red Hat avoue avoir conspiré contre Oracle

Le numéro un de l'Open source a complexifié le noyau Linux pour empêcher Oracle d'en vendre une version personnalisée.
C’est uniquement pour enquiquiner Oracle que Red Hat distribue le code source de son dernier noyau Linux dans un format peu conventionnel. Voilà en substance ce que vient de révéler Brian Stevens, le propre directeur technique de Red Hat.
Pour l’éditeur No 1 de Linux, il s’agit de démontrer que son concurrent n'est pas capable d'éditer un Linux meilleur, ni même de vendre du support sur celui des autres, dès lors qu'on cesse de lui mâcher le travail.
En réponse à la défiance de Larry Ellison
La fâcherie de Red Hat remonte à septembre dernier. A l’occasion d’OpenWorld, le grand salon annuel d’Oracle, Larry Ellison lance dans son discours d’ouverture qu’il n’en peut plus de la lenteur de Red Hat. Son système, Oracle Linux (anciennement Unbreakable Linux), est une recopie parfaitement assumée et légale de RHEL. Mais ce qui le gêne, c’est que les versions binaires de RHEL mettent des mois à intégrer les correctifs. Ceux-ci sont pourtant publiés régulièrement par les développeurs de Red Hat, sous forme de codes sources à part. Larry Ellison annonce alors qu’Oracle Linux aura désormais une longueur d’avance sur RHEL puisqu’il intégrera les correctifs de Red Hat dès leur sortie.
Red Hat ne s'est pas laissé faire. Depuis novembre, l'éditeur ne publie plus les correctifs à part. Il les englobe tous, avec le code du noyau, dans un gros et unique fichier. Conséquence immédiate, Oracle ne peut plus choisir les correctifs à intégrer à son système, idéalement les seuls qui optimisent ses applications. Ainsi, Larry Ellison avait promis que son Oracle Linux deviendrait 75% plus rapide que RHEL sur les fonctions transactionnelles. Il est probable que cette performance ne soit en pratique plus atteinte.
Aussi une offensive commerciale
Mais pour Brian Stevens, l'enjeu est ailleurs. Il s'agit aussi d'empêcher Oracle de vendre lui-même du support Linux aux clients de Red Hat, ce qu'il aurait tenté de faire depuis septembre au prétexte que son système était exactement le même, en mieux. Oracle ne peut plus vendre ce support puisqu'il ne sait à présent même plus quels correctifs Red Hat choisit d'implémenter dans RHEL, les mises à jour de ce dernier n'existant plus qu'au format binaire.
A noter que ces mesures ne devraient pas nuire au développement de CentOS, un autre clone de RHEL mais non commercial. D'une part, Red Hat avance que tout le code source nécessaire continue d'être disponible. D'autre part, Russ Herold, le chef de file du projet CentOS, avance que, pour ses équipes, il ne serait pas très compliqué de décrypter les codes sources de Red Hat... Insitant plus encore sur le supposé manque de compétences de la part d'Oracle.
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