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Alors que les entreprises doivent lancer rapidement de nouveaux produits, l'essentiel des ressources de leur service informatique reste bloqué sur la maintenance de leurs logiciels. Comment y remédier ? Panorama des
solutions.
Aujourd'hui, seules 20 % des ressources d'un service informatique vont aux nouveaux projets. Ce chiffre choc, révélé par le cabinet d'analystes Forrester Research, fait apparaître que les 80 % restants sont mobilisés
pour la maintenance et l'exécution des applications existantes. Réduire ce ratio de 80/20 à 60/40 permettrait de doubler le nombre de projets que la DSI peut lancer chaque année, ou tout simplement de répondre aux exigences de réduction de coûts. En
pratique, il existe plusieurs pistes. Restructurer et moderniser le système d'information et ses équipes en est une. La modernisation des plates-formes techniques permet de se débarrasser des serveurs les plus coûteux à maintenir. De fait, les
migrations de parcs applicatifs Cobol depuis les mainframes vers des plates-formes Unix, voire Windows, se multiplient. Pour Henri Cajal, responsable produits chez Unify, éditeur de solutions de modernisation d'applications,
' des entreprises nous choisissent pour faire évoluer leurs applications en mode caractère vers J2EE. Il s'agit non seulement d'améliorer l'ergonomie, mais aussi de se libérer du coût des mainframes et de leur maintenance.
Autre cas : de grands utilisateurs de Lotus Notes souhaitent désormais faire migrer leur messagerie du fait des coûts de licence énormes de la partie cliente '.Autre piste : la virtualisation et la consolidation de serveurs. Si l'on parvient à virtualiser cent serveurs sur seulement dix machines, le gain en termes d'investissement est évident. Si l'on en croit les chiffres fournis
par VMware, la virtualisation serait un réducteur miracle des coûts d'exploitation. L'éditeur évoque un retour sur investissement (ou RoI) de 189 % en six mois, en consolidant quatre-vingt-douze serveurs sur huit machines. Le RoI monte à
289 % pour soixante-deux serveurs migrés sur six machines. Mais l'équation n'est pas aussi évidente côté coûts de maintenance et d'exploitation, comme le remarque Harold Licari, directeur marketing chez Netfective Technology, société dont la
filiale OpTeams est spécialisée dans la consolidation de serveurs : ' La virtualisation évite de traiter le problème de la consolidation des applications et des serveurs. Ce sont toujours des projets délicats, car ils
présentent de nombreux effets de bord liés aux numéros de version des progiciels. '
Des ratios de consolidation de 1 à 10, mais pas pour tout !
Si des ratios de consolidation de l'ordre de 1 à 10 sont fréquents, Harold Licari remarque que cela n'est pas valable pour les administrateurs de systèmes et de bases de données qui maintiennent ces nouveaux serveurs :
' On peut observer des réductions, mais tout dépend de la capacité des administrateurs à exploiter les fonctionnalités des plates-formes de virtualisation. Si on peut gagner sur le monitoring de bas niveau et sur les processus
d'achat, puisque l'on a moins de serveurs, en revanche, la charge d'administration reste la même, que l'on soit virtualisé ou pas. 'Dans le même ordre d'idées, on peut recourir à un outil de gouvernance informatique et de gestion de portefeuilles de projets. Fouad Rwayane, expert en gouvernance chez Compuware, précise cependant :
' Une solution de gestion de portefeuilles de projets est un outil d'exécution plutôt que le moteur d'une réduction des coûts. Quand un DSI entend son p-dg dire que son budget va être réduit de 46 à 18 millions d'euros en
trois ans, il lui faut choisir les projets prioritaires. 'Christophe Legrenzi, p-dg d'Acadys, société de conseil en management, souligne l'intérêt d'une bonne gouvernance informatique : ' L'informatique est devenue la fonction la plus complexe à gérer dans
l'entreprise. Aucune autre ne connaît l'arrivée d'autant de nouveaux produits et de nouvelles versions chaque année. Et aucune autre n'a à connaître aussi bien le métier et le fonctionnement de l'entreprise. ' Autant d'enjeux
qu'une bonne gouvernance et la mise en place de processus outillés permettent d'affronter à moindre coût. Le p-dg estime entre 10 et 30 % les bénéfices d'une bonne gouvernance sur le budget projet, à 5 % les bénéfices sur les coûts de
pilotage, et entre 5 et 15 % ceux qui sont obtenus sur les coûts de fonctionnement. Les plates-formes de gouvernance ?" souvent issues des solutions de gestion des SSII ?" assurent, en outre, leurs arbitrages en calculant les
ressources mobilisées sur telle ou telle application. Ainsi, puisqu'il est possible d'évaluer les coûts et la qualité de service du service informatique, on peut les mettre en concurrence avec les tarifs proposés par les hébergeurs et les
spécialistes de la tierce maintenance applicative (TMA).
Une TMA en plateau mutualisé
Dans le même temps, la TMA est elle-même en pleine évolution et autorise de nouvelles options, comme le remarque Anne-Sophie Leroy, responsable du développement TMA chez Euriware : ' La TMA est
toujours très dynamique, mais sa nature a évolué. Il y a une forte demande de réduction des coûts due à la concurrence dans le secteur, mais ce n'est plus le principal motif des projets. Car la TMA, c'est beaucoup plus qu'un simple contrat de
maintenance. Outre les prestations de support et de maintenance corrective, elle permet aussi d'anticiper les évolutions du système d'information. ' Si un premier niveau d'économie est atteint en faisant jouer la concurrence,
un autre peut être franchi en optant pour une TMA en plateau mutualisé. ' Les clients sont plus mûrs, et certains choisissent ce mode, notamment avec un engagement fort de notre part en termes de réactivité. La mutualisation
des compétences et l'industrialisation des processus entraînent une réduction des coûts et permettent de bénéficier de plages horaires plus étendues. La réduction de coût que l'on peut espérer de la mutualisation est de l'ordre de 5 à 10 %.
Elle varie selon l'enveloppe globale du projet et le niveau de maturité initial. 'Agnès Huyard, responsable de l'offre TMA chez Steria, se montre même plus optimiste : ' Basculer sur un centre de services mutualisés, c'est s'assurer un gain supplémentaire de 10 à 20 %. Mais
c'est délicat à évaluer car cela varie selon la situation de départ et les engagements de moyens demandés. ' Steria mise sur ses centres de TMA spécialisés par technologies de Nantes, de Toulouse et du Maroc. Une stratégie de
mutualisation que l'ensemble des spécialistes proposent désormais en mixant les modes onshore, nearshore et offshore. Car il faut dire que les grands plateaux offshore de TMA localisés en Inde ont mauvaise
presse. Les utilisateurs se plaignent de ne jamais obtenir les mêmes personnes au bout du fil du fait du changement incessant de personnels, devenu sport national à Bengalore, et surtout de la totale absence de connaissance de leur métier de la part
de leurs interlocuteurs.
Recourir à plusieurs prestataires
Accenture, avec ses trente-cinq mille employés en Inde, a pris acte de ces critiques, comme l'explique Jérôme Barancourt, directeur de l'activité Application Outsourcing : ' Outre les interventions
aux niveaux technique, applicatif et fonctionnel, il nous faut réagir à des événements qui ont un impact sur l'activité de nos clients. Nous commençons à regrouper nos plateaux par industries, un moyen de fertiliser et de profiter de l'expérience
acquise sur un projet pour les autres clients. ' Ces centres spécialisés, Accenture en a ouvert en nearshore à Madrid pour ses clients télécoms, et à Barcelone pour les clients utilisant les modules de
contrôle de gestion FI/CO de SAP. Confirmant en cela la nécessité pour l'entreprise de recourir à plusieurs prestataires, selon leurs domaines de compétences.
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