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Les investissements informatiques des banques sont en croissance. Ils servent à financer les chantiers de réglementation et de relation client, mais aussi à rationaliser l'existant.
Bâle-II, Sarbanes-Oxley, lois antiblanchiment... Autant de chantiers réglementaires sur lesquels les banques continuent de travailler. D'ailleurs, le récent baromètre d'Accenture, mené en avril auprès d'une trentaine de
banques françaises, montre que 85 % des décideurs estiment que les investissements pour les nouvelles normes et règlements restent la première priorité. Cela concerne deux grands domaines : le reporting de risques ?" dont l'impact
est le plus important ?" avec la mise en place de nouveaux ratios prudentiels et de solvabilité, et le reporting financier, conséquence de la convergence internationale et européenne des normes comptables. S'y ajoutera bientôt un chantier lié
à l'intégration européenne. Baptisé Target 2, il consistera à remplacer, à l'horizon 2008, le système actuel de compensation propre à chaque banque centrale de l'Union européenne par une plate-forme communautaire intégrée sur laquelle toutes les
banques viendront se greffer pour traiter les montants importants. L'objectif pour les banques commerciales est d'améliorer ainsi la liquidité des 1 000 milliards d'euros qui transitent quotidiennement sur la plate-forme actuelle.Dans l'ensemble, ces chantiers réglementaires ne développeront pas l'activité des banques. ' Le reporting sert à surveiller le business. C'est un symptôme de sortie de crise ',
constate Jean-Marie Gouarné, le directeur technique de la SSII Genicorp. C'est pourquoi les banques se concentrent également sur deux autres projets : la gestion de la relation client (GRC), après un échec relatif au début des années 2000, et
l'amélioration des marges. Les deux pouvant être liés. Le premier consiste à refondre les activités de front-office, et notamment la distribution de produits et services financiers à l'aide de plusieurs canaux.Une étude de Forrester confirme que les banques doivent jongler avec de nombreux modes de distribution : en agence, par téléphone, par e-mail, sur site web, etc. Sur le plan informatique, cela nécessite de revoir en
profondeur le système d'information. D'autant que les réglementations sont plus contraignantes. Le fait de maintenir isolée la relation client, comme à la fin des années 1990, finit par entrer en contradiction avec les autres chantiers en raison de
l'aspect risque. ' A chaque fois qu'une banque accorde un prêt, cela a un impact sur ses ratios prudentiels ', estime Jean-Marie Gouarné. La difficulté consiste donc à décloisonner les applications de
back-office, alors que les systèmes d'information bancaires sont généralement formés d'une constellation d'applications ne communiquant pas toujours très bien entre elles.
Le fonctionnement absorbe 72 % du budget
C'est ce même héritage de l'informatique bancaire qui pousse les directions à pister les sources d'économie. Au point que ' la priorité du secteur n'est plus d'obtenir davantage de produits et de clients
en France et en Europe, mais d'améliorer les marges ', note Bandoubé Bagnah-Gamon, responsable solutions technologiques pour le secteur bancaire chez Accenture. A première vue, le budget informatique d'une banque paraît
important. ' Il représente entre 8 et 15 % du produit net bancaire [équivalent du CA d'une entreprise classique ?" NDLR] ', considère Thierry Mennesson, responsable de la
transformation de l'informatique chez Accenture. Par comparaison, dans le secteur de l'assurance, il correspond à 2 et 5 % de la prime. Où se situent les gisements d'économie ? Dans le lourd budget de fonctionnement, évalué en 2005 par le
Boston Consulting Group à 72 % des dépenses informatiques des banques européennes. Pour atteindre leur but, les établissements financiers actionnent les leviers de l'industrialisation et de l'externalisation. Parfois simultanément. Ainsi, selon
Thierry Mennesson, ' une banque peut se réorganiser par ligne de produits, et non plus seulement par pays. Ce qui nécessite parfois de partager un même applicatif '. Dans l'ensemble, les banques
cherchent à découpler la production, qui requiert une gestion industrielle des traitements de masse, de la distribution, laquelle impose une individualisation. Enfin, les bouleversements peuvent aussi passer par l'abandon de vieilles technologies,
comme le système d'exploitation OS/2, encore présent il y a peu sur les postes de travail d'une banque.l.arbelet@01informatique.presse.fr