Rendez-nous nos données !
Xavier Biseul, grand reporterPas moyen de se promener en ville, son téléphone en poche, ou de jouer à la Playstation, sans risquer de se faire tracer, voire ficher. Les cas de vol ou d'enregistrement sans autorisation de données personnelles se multiplient chaque semaine. Sans parler des failles récurrentes du tandem Facebook et Google qui ont fait de nos données privées leur fonds de commerce. Le premier a d'ailleurs récemment cherché à salir le second sur ce terrain. Facebook a payé une agence de communication pour faire passer le message suivant : “ Google collecte, enregistre et exploite des millions d'informations personnelles, enregistrées depuis plusieurs services, et les partage sans l'accord ni le contrôle des principaux concernés. ” Quel scoop ! Dans un tel contexte de paranoïa aiguë, l'article de Richard Thaler, paru sur le site du New York Times, laisse entendre qu'il existe une alternative. Cet économiste américain propose en effet que l'entreprise qui collecte électroniquement les données d'un utilisateur soit en mesure de les lui restituer sous un format facile à télécharger et à exporter. Le gouvernement britannique, de son côté, vient d'annoncer une initiative en ce sens, intitulée Mydata. Aux Etats-Unis, les bénéficiaires de Medicare ont aussi la possibilité de transmettre leur dossier médical à un organisme de confiance. Richard Thaler va plus loin, et propose en plus de récupérer ses données personnelles, de les exploiter, voire les commercialiser soi-même. En connaissant le détail de sa consommation de services ou de biens, on saura en évaluer le coût réel et faire jouer la concurrence. Selon lui, de nouvelles applications émergeront qui ? sur la base de cet historique ? nous proposerons des solutions plus adaptées et moins coûteuses. Nous recevrons également des promotions exclusives de la part de plates-formes d'intermédiation à qui nous aurons rétrocédé de plein gré nos données personnelles. Voire contre rémunération. Le rapport de force s'inverse.
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