Inscrivez-vous gratuitement à la Newsletter BFM Business
Culture générale, projets personnels et professionnels, gestion du stress ou psychologie du travail… Chaque école propose sa vision du bagage nécessaire en matière de savoir-être. La nouvelle tendance est à l'intégration d'activités extrascolaires qui comptent en partie pour l'obtention du diplôme.
Le mythe du geek est-il vraiment enterré ?“ Les brillantissimes experts vissés devant leur PC existent toujours. Ils ne vont pas en clientèle, mais ils sont capables de miracles techniques ”, commente Christine Pruvost, responsable de l'entité informatique et télécoms au sein du cabinet de recrutement Hudson. Les étudiants d'aujourd'hui ne sont toujours pas de grands communicants. Présentation de projet, communication écrite quotidienne, mais aussi gestion de stress au sein d'une équipe ou présentation du projet professionnel lors de l'entretien d'embauche… les sujets liés au développement personnel sont de plus en plus nécessaires. “ Je pense qu'au final, ce ne sont pas les personnalités des étudiants qui changent, mais plutôt les cursus des établissements ”, poursuit Christine Pruvost. Des écoles qui ont compris que le développement personnel ? le fameux savoir-être ? constitue désormais un critère essentiel de recrutement, et qui mettent en œuvre cette nouvelle exigence dans des parcours très divers. Les projets personnels et professionnels (ou PPP) ? destinés à amener les étudiants à construire leur projet individuel et à concevoir un parcours de formation cohérent pour pouvoir le mettre en œuvre ? prennent de l'importance dans les formations. Ils font déjà l'objet de nombreux modules depuis plusieurs années. Peu à peu, ils gagnent en densité et recouvrent beaucoup d'enseignements.Ainsi, l'Esme-Sudria insiste pour que les élèves ingénieurs reçoivent un enseignement de sciences humaines au début de leur master. Ces cours, (vingt heures en face à face avec un enseignant et vingt heures de travail personnel en groupe), ouvrent la notion de projet professionnel à des domaines novateurs. L'étudiant peut ainsi rechercher de nouvelles compétences appropriées (entrepreunariat, négociations d'affaires à l'international, management du développement durable, enjeux des innovations en matière de technologies de l'information et de la communication…) ou bien encore combler une lacune bien identifiée (gestion du stress et prise de parole en public, savoir-être…).
Faire face à des situations inattendues
Mais l'école va plus loin : direction d'orchestre, managements interculturel, d'entreprise ou de la recherche… “ le PPP conduit aussi à rechercher un enseignement totalement innovant pour se confronter à des situations inattendues ”, explique Hervé Coum, directeur de la formation. Cette ouverture est un signe des temps actuels. L'entreprise cherche des profils “ ouverts au monde et à autrui, qui se distingueront par leur réflexion personnelle et leur curiosité intellectuelle ”, estime Nesim Fintz, directeur de l'Eisti. Celle-ci a mis en place une batterie de sessions destinées à forger non pas les personnalités, mais les bagages de l'ingénieur de demain. Au menu : des modules d'ouverture culturelle sur de grands sujets d'actualité et des thèmes de culture générale, comme l'histoire du travail, l'ethnologie, la sociologie, la géopolitique, la littérature, la philosophie et l'art, ainsi que des enseignements de communication interculturelle, ouvrant la réflexion sur la différence de cultures (dans le management ou le marketing), les problématiques intergénérationnelles ou entre les sexes, préjugés, stéréotypes… “ Les cours, par groupes de 20 personnes, se déroulent en deux temps : une partie théorique et une autre partie pour les débats ”, indique encore le dirigeant de l'Eisti. A l'Exia Cesi, l'ensemble des enseignements de formation humaine (communication, gestion de projet, management économique et humain, réseau social d'entreprise, développement durable, langues…) représente près de 30 % de la formation. “ Les entreprises sont en quête d'étudiants ayant de bonnes connaissances techniques et scientifiques, mais qui sont aussi ouverts aux différents métiers de l'organisation. Elles ne veulent plus de “ l'informaticien dans sa tour d'ivoire détenant les mots de passe et le pouvoir de blocage des utilisateurs ”, explique Morgan Saveuse, responsable des études à l'Exia Cesi. Chez nous, l'étudiant est évalué sur son comportement professionnel tout au long de sa formation. ”D'autres, comme l'Insa Rouen, privilégient les cours de psychologie du travail en équipe et de rapports interpersonnels. Objectif : procurer aux étudiants les connaissances et les compétences en communication (interne et externe), mais aussi leur apprendre à gérer des situations de crise. Un groupe d'élèves de Telecom ParisTech développe leur capacité à débattre en organisant des concours, “ sortes de joutes oratoires inspirées de celles qui se tiennent au Parlement britannique. Nous avons même gagné une compétition contre les étudiants de l'université PanthéonAssas ! ”, sourit Yves Poilane, directeur de cet établissement. Plus récemment, les écoles ont commencé à introduire des activités extrascolaires dans leurs parcours et même dans l'évaluation des futurs ingénieurs. Chacune cultivant son originalité. “ Depuis peu, nous avons décidé d'attribuer des crédits ECTS (système européen de transfert et d'accumulation de crédits basé sur la charge de travail des étudiants ? NDLR) à ceux qui s'investissent dans le soutien scolaire auprès de lycéens (ou d'élèves de classes préparatoires) de condition modeste ”, détaille Yves Poilane. D'autres activités, vivement encouragées, seront progressivement assorties de ces crédits.
Des enseignements extrascolaires inclus dans les cursus
Joël Courtois, directeur de l'Epita, souhaite lui aussi “ valider l'implication de chacun dans une démarche associative, culturelle, humanitaire, sociale ou communicante… ”. Pour cela, il a mis en place au sein de son établissement des modules dits Enac (enseignements non académiques) : chaque année, les étudiants doivent réaliser un ensemble d'actions sportives ou musicales, d'insertion sociale, ou de communication qui marque leur intégration citoyenne. Ces Enac font partie des modules indispensables pour valider l'année en cours. Perçus comme une contrainte en première année, ils sont ensuite reconnus par les étudiants comme une action de développement personnel. Les formations dans ce domaine se multiplient et se diversifient. Pourtant, “ il reste un gouffre entre les jeunes diplômés issus des écoles de commerce et de management et ceux sortant des écoles d'ingénieurs. Un retard qui peut s'estomper après quelques années d'expérience ”, analyse Christine Pruvost.
Votre opinion