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Les réseaus publics des opérateurs historiques migrent vers un réseau de nouvelle génération NGN (Next generation network) qui unifiera les réseaux existants (fixe, mobile et données) et permettra une vraie
convergence multiservice sous l'égide du protocole IP.
Les opérateurs traditionnels engagent de vastes projets de migration de leurs infrastructures publiques existantes vers les réseaux IP, que ce soit BT avec le projet 21 Century Network ou même France Télécom avec le projet NeXT. Ce
réseau cible repose sur une architecture standard, ouverte et basée sur IP. Cette mutation est fondamentale, voire vitale. Plusieurs facteurs expliquent cette mobilisation des opérateurs.À la baisse des revenus de la téléphonie fixe au profit de la VoIP, qui représente, en France, 11 % du trafic téléphonique pour le quatrième trimestre 2005 contre 6 % au premier trimestre (selon l'Arcep), s'ajoute, pour les
opérateurs traditionnels, l'obsolescence des commutateurs de transit (dits de classe 4) et d'accès (dits de classe 5). En outre, la complexité et le coût élevé de développement de nouveaux services au retour sur investissement incertain pose
problème au moment où les nouveaux concurrents issus du monde internet (comme Free, Google ou Skype) et le développement des MVNO (Virgin, NRJ, M6, etc.) constituent autant de menaces.
L'IMS standardisé à partir de la version 7
Une des briques essentielles de ce réseau public NGN (Next generation network) est l'IMS version 7, qui sera le socle des infrastructures futures de télécommunications. L'architecture IMS sera standardisée à
partir de la version 7 à la fois par le groupement 3GPP et par l'Etsi. Le groupement 3GPP, qui était à l'initiative des premières versions IMS, a pour mission de définir les évolutions du réseau mobile UMTS. L'Etsi était à l'origine du projet Tispan
pour la normalisation de la VoIP pour le réseau fixe. Les gains attendus avec le déploiement de cette technologie dans un réseau public incluent à la fois une réduction du coût de production des services télécoms de l'ordre de 35 % (selon
France Télécom), la capacité à réduire le cycle de développement de ces services et une augmentation des revenus.L'infrastructure NGN-IMS sera la brique générique et mutualisée pour tous les types de réseaux d'accès (ADSL, UMTS, Wi-Fi/ WiMAX, etc.). Son architecture sera fondamentalement différente des réseaux classiques grâce à sa modularité
(séparation du contrôle et du transport) et suivra un modèle avec cinq plans. D'abord, le plan Service, qui regroupe l'ensemble des serveurs proposant des applications offrant des fonctionnalités élaborés comme la ToIP, la visiophonie, la conférence
vidéo-audio, le Centrex IP, etc. Ensuite, le plan Contrôle, constitué de softswitches, gère l'établissement, le maintien et la fin d'appel en mono ou multisession. SIP semble s'imposer comme protocole de signalisation par
rapport à H. 323.Quant au plan Réseau de transport, il rassemble toutes les infrastructures de commutation de paquets chargées de transporter tous les flux à travers le réseau et les passerelles. Elle sera basée dans un premier temps sur le MPLS-IP en
attendant la généralisation de l'IPv6.Le plan Réseau d'accès réunit, lui, toutes les technologies d'accès : RTC, GSM-3G, xDSL et WiMAX. Enfin, le plan Terminaux d'accès regroupe les combinés 2G-3G et les smart phones. Ces terminaux utiliseront
SIP pour accéder aux différents services et seront bimodes GSM-UMA. UMA est une technologie qui permet de basculer une communication GSM classique vers une communication IP sur Wi-Fi. Que ce soit pour se positionner sur de nouveaux segments de
marché, capter de nouveaux revenus en proposant des services originaux ou simplement réduire les coûts, différents types d'opérateurs peuvent être intéressés par la technologie VoIP et l'architecture IMS.Cependant, chaque profil devra adopter une stratégie de migration qui lui est propre et qui sera fonction à la fois de son modèle économique et de la nature du réseau existant. On peut distinguer trois grands types d'opérateurs : les
opérateurs de voix fixe, les opérateurs de données et les opérateurs mobiles.
Adopter une migration par étapes
Pour un opérateur de voix, déployer un réseau de VoIP peut se faire sur deux niveaux : le transit et l'accès. L'opérateur adopte généralement une migration par étapes. La migration des centres de transit nationaux et internationaux
(CTN-CTI) est abordée en premier et permet le déploiement de la VoIP de façon transparente pour les abonnés. Les CTN-CTI seront remplacés par des softswitches classe 4 et des passerelles de média qui s'interconnecteront aux
centres à autonomie d'acheminement (CAA), des commutateurs auxquels sont raccordés les abonnés. Les clients des opérateurs de voix sont habitués à une qualité de service (QoS) proche de la perfection (99,999 % de disponibilité). Le défi majeur
sera donc de migrer sans altérer la QoS offerte. La migration des commutateurs desservant les abonnés se fera dans un second temps. Elle sera plus complexe à gérer, car les clients finaux sont raccordés directement aux CAA qui seront remplacés par
des softswitches classe 5. Un nouvel équipement MSAN (Multi service access node) sera introduit et permettra un basculement progressif des usagers. Cet équipement supportera tout type de technologie
d'accès.Un opérateur de données alternatif ou un FAI qui possède un réseau MPLS-IP pour offrir des services VPN ou des accès à internet peut faire évoluer plus rapidement son réseau vers le NGN en déployant des
softswitches et des passerelles de média. C'est la stratégie adoptée par Free, qui, grâce à son réseau NGN, développe et propose rapidement des services innovants. Le cas des opérateurs mobiles est un peu différent dans la
mesure où ils contrôlent la ressource radio. Ils ont investi lourdement dans l'acquisition de licences et équipements 3G, non encore amortis. L'enjeu pour eux est de développer en priorité le réseau et les usages 3G et de limiter au maximum les
investissements sur la commutation 2G. Sam Hajjar, directeur associé chez Insight Consulting explique les évolutions à venir : ' La priorité affichée est une restructuration graduelle du c?"ur de réseau par une migration
vers des architectures IMS v.4, notamment en VoIP. C'est à partir de la version 6 (fin 2007) que IMS permettra la gestion de la QoS sur la radio et le support de services en temps réel (streaming). '
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