Respect de l'environnement : des logiciels pour le dire
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Une nouvelle race d'outils aide les entreprises à établir leur rapport annuel de développement durable. Leurs atouts : petit prix et rapidité de déploiement.
Rien de tel qu'une bonne loi pour susciter des vocations d'éditeur. Le décret d'application sur les nouvelles régulations économiques (NRE), publié au Journal officiel en février 2002, rend obligatoire, pour les sociétés cotées sur un marché réglementé, la fourniture, dans leur rapport annuel, d'informations sur les conséquences sociales et environnementales de leurs activités. Le premier réflexe des sociétés du CAC 40 fut d'adapter leur progiciel de gestion intégré (PGI) ou de s'appuyer sur une plate-forme décisionnelle. Mais sont vite apparus des progiciels métier aisés à mettre en ?"uvre, et accessibles à un coût attrayant. Les Français sont bien présents sur ce terrain. Souvent depuis peu, à l'image d'Ivalua, créé en 2000. Son directeur associé, Daniel Amzallag, était l'un des fondateurs du site environnemental Enviro2B. Enablon, lui, a démarré enfin 1999 par le reporting et le pilotage extra-financier. Mais il a très vite bâti une solution spécifique. L'offre logicielle de Tennexia, fondé en 2001, couvre, quant à elle, l'ensemble des problématiques d'un service HSE (hygiène, sécurité, environnement).
Une alimentation semi-automatisée
Ces outils de reporting environnemental ont pour premier objectif d'organiser rapidement, sur tout le groupe, une collecte fiable des données dans une base centralisée, en évitant les doubles saisies. En général structurés en modules, parfois vendus à la carte, ces progiciels proposent une interface web. Un gage d'économie de déploiement pour des groupes comptant plusieurs dizaines, voire centaines d'établissements de par le monde. Le plus souvent, les responsables ou experts locaux alimentent le système à l'aide de formulaires web ou par l'importation de fichiers Excel. Les indicateurs collectés, dits primaires, sont à distinguer de ceux calculés, comme les émissions de CO2 obtenues à partir des consommations d'énergie. ' Le processus de collecte d'une partie des données est parfois automatisé, souligne Philippe Tesler, directeur marketing chez Enablon. Notre client Airbus a ainsi programmé la récupération des données contenues dans son PGI sur la base de critères du type " seulement en cas de modification ", ou " si telle condition est satisfaite ". ' Afin de satisfaire aux audits ultérieurs, l'ensemble de la saisie doit être mémorisée ?" y compris les modifications éventuelles et la phase de validation. Une fois collectées, les données sont consolidées par le responsable selon des critères géographiques, liés aux types de produits, aux activités, ou aux entités juridiques, par exemple.
Un enjeu méthodologique
Dans Enablon SD, l'analyse des données peut inclure des requêtes du genre ' plus de tant d'accidents par mois ', et ' moins de x euros investis pour la formation sécurité '. Le rapport préalable comprend des données présentées sous forme de tableaux ou de graphiques. Une fois édité et complété, il sera diffusé comme rapport annuel de développement durable vers les instances publiques, comme les Drire (Directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement) ou l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), et vers les agences de notation. Son contenu est alors audité. L'enjeu principal de ces outils est méthodologique. Ils aident la direction développement durable à expliquer aux utilisateurs comment renseigner les formulaires, synthétiser en un coup d'?"il l'état d'avancement de la collecte, ou automatiser la relance des sites en retard. Ce sont les types d'architecture et le raffinement de ces fonctions qui départagent les solutions.Un certain nombre d'indicateurs et de formules de calculs disponibles par défaut dans ces logiciels, s'appuient sur des réglementations en vigueur dans la NRE ou la GRI (Global Reporting Initiative). ' Nous paramétrons les indicateurs en fonction des besoins clients et des réglementations ou méthodologies propres à chaque entreprise ', explique Cyril de Vomecourt, ingénieur d'affaires chez Ivalua. Par exemple, les coefficients de production de gaz à effet de serre varient suivant les pays et les sources d'énergie, mais aussi, dans le cas de sociétés de transports, selon les types de moteurs utilisés et leur âge. Il est donc fréquent que presque un quart du coût d'un projet soit affecté aux services. Malgré tout, un gros chantier coûte moins de 100 000 euros et nécessite un mois de mise en ?"uvre, en incluant le prototypage, le paramétrage, et les développements spécifiques. Exceptionnellement, certains projets dépassent 150 000 euros et s'étalent sur trois mois.Les données collectées ne sont pas vouées à demeurer dans l'outil de reporting environnemental. Elles peuvent être exportées vers SAP ou Oracle, et analysées dans des outils tel Hyperion. Un premier bilan d'utilisation montre d'ailleurs que d'autres directions et unités réutilisent ces données. ' Notre futur passe par le développement de modules couvrant d'autres domaines de l'entreprise, comme les ressources humaines ou la qualité ', souligne Cyril de Vomecourt. Ainsi, au-delà des services de base, chaque éditeur individualise son offre par l'ajout de fonctions avancées. Ivalua et Enablon ont développé un module complet de plans d'action qui compare les résultats aux objectifs de performance et d'amélioration et détectent les dérives. ' Nos produits sont de plus en plus utilisés comme solution de pilotage. Le reporting devient accessoire ', ajoute Philippe Tesler. L'éditeur Tennexia, lui, s'intéresse aux sites locaux. ' Nos outils permettent d'ajouter ses propres indicateurs, tableaux de bord, et ses propres formules, détaille Bernard Fort, président de Tennexia. Pour la réussite du projet, un site local doit aussi trouver son compte dans la collecte et l'analyse des données. 'redaction@01informatique.presse.fr