Restituer leurs données aux consommateurs crée de nouveaux marchés

La Fing vient de mettre fin à l'expérimentation MesInfos. Premiers retours sur les enseignements à en tirer et quelques applications créées pour l'occasion.
Si les consommateurs récupéraient la main sur leurs données personnelles en feraient-ils quelque chose ? Trouveraient-ils cela utile et rassurant ? C’est notamment pour répondre à ces questions que la Fing (Fondation Internet Nouvelle Génération) a lancé l’expérimentation MesInfos fin 2013 avec de grandes entreprises comme Axa, Google, Orange, les Mousquetaires et la Société Générale.
MesInfos a consisté à donner accès à 300 testeurs, via un cloud privé, à leurs informations bancaires, de consommation, de communication ou d’assurance. Terminée depuis mai dernier, l’un des principaux avantages de l’expérimentation a été d’autoriser et de faciliter les croisements entre données. Ces derniers étaient possibles car réalisés à l’initiative de leur possesseur, pour leur usage personnel et sans que les résultats sortent du cloud privé fournit par la startup CozyCloud.
Pour que les utilisateurs tirent parti de leurs informations, des startups et des développeurs indépendants ont développé des applications. Quinze applications ont été ainsi prototypées et plus d’une cinquantaine de concepts scénarisés. L’application « Mon Relevé Malin » permet, par exemple, de naviguer dans ses dépenses. Avec le moteur de recherche intégré, il devient plus facile de retrouver un achat ou de vérifier le nombre de dépenses supérieureures à un certain montant sur un mois. L’internaute peut aussi accéder aux tickets de caisse correspondant à une ligne de dépense (à condition de les avoir scannés…) ou aux e-mails d’échange avec l’e-commerçant (voir ci-dessous la vidéo pour une démonstration des fonctionnalités).
L'applicatiop, « MesInfos Nutritionnelles » cherche, elle, à informer les consommateurs des valeurs nutritionnelles des aliments qu’ils achètent. Autrement dit, le nombre de lipides et de protéines qu’il y a dans une portion de Vache qui Rit. Le profil nutritionnel de l’utilisateur est calculé en fonction de sa manière de faire les courses grâce aux informations récupérées dans la base de données nutritionnelles Open Food Facts. Utile quand on veut faire un régime…
« PurchEase » de la startup Skerow propose une liste de courses dynamique en fonction des achats passés, mais aussi de récupérer des cartes de fidélité par marque (comme Lotus ou Haribo) pour gagner des points et des réductions d’achats.
Au final, « nous avons validé que l’idée avait de la valeur pour les gens et que ce concept a un vrai potentiel » commente Daniel Kaplan, directeur de la Fing. Mais les utilisateurs ont tendance à trouver le sujet complexe. « Ils sont d’accord sur le principe de récupérer leurs données, mais ne comprennent pas nécessairement quoi en faire et abandonnent rapidement ». C’est tout l’intérêt des applications, mais elles doivent rester simples à manier et ne proposer que très peu de fonctionnalités.
A long terme, la Fing espère que les entreprises trouveront normal de restituer les données en leur possession tant que ce ne sont pas des données calculées avec de la valeur ajoutée. Pour Daniel Kaplan, « faire du big data sans rien restituer aux utilisateurs crée des tensions d’un point de vue législatif ou au niveauxdes utilisateurs ». Autrement dit, il faut partager le pouvoir des données pour recréer de la confiance et de la fidélité vis-à-vis des marques. Redonner leurs données aux utilisateurs a, en plus, l’avantage de créer de nouveaux marchés. « Les utilisateurs ne sont alors plus uniquement fournisseurs de données mais aussi de services », ajoute Daniel Kaplan. Ils peuvent être à l’initiative de nouvelles applications, en exprimant leurs besoins, et auront intérêt à actualiser leurs données.