Salaires en berne dans le secteur informatique

Alors que Syntec numérique vient d'officialiser la sortie de crise avec une croissance attendue de 3,5% en 2011, les bulletins de paie ne suivent pas. Les négociations annuelles obligatoires se déroulent dans une contexte tendu.
Prudents, les SSII, éditeurs et autres constructeurs ne souhaitent pas laisser filer la masse salariale alors que leurs clients commencent seulement à desserrer l’étau sur les prix. Les salariés qui espéraient un effet de rattrapage après deux années blanches en sont pour leurs frais. D’autant que l’inflation a fait depuis son retour en force. Elle atteignait 1,7 % en février.

Dans ce contexte, l’état des négociations annuelles obligatoires (NAO) en cours laisse apparaître des augmentations salariales modérées, souvent en deçà de la prévision de 2,7 % tous secteurs confondus, établie par le cabinet Hewitt. A cela s’ajoute une individualisation de la politique de la rémunération sur le modèle anglo-saxon. Ainsi, les salariés d’Euriware n’auront pas d’augmentation générale. En revanche, 2,2% de la masse salariale ont été accordés aux augmentations individuelles et primes. La SSII consent aussi 0,2 % en faveur de l’égalité professionnelle et des jeunes diplômés et donne un coup de pouce d’au moins 45 € brut par mois aux bas salaires. Délégué syndical CGT, Emmanuel Bianchi déplore « un système dogmatique basé sur la méritocratie ».
Les grèves se multiplient
Pas d’augmentation collective non plus chez IBM et, ce, depuis 1986. « En 2010, les augmentations individuelles représentaient 0,8% de la masse salariale, à répartir entre seulement la moitié du personnel », déplore Jean-Michel Daire de la CFDT. Le 1er avril, les salariés d’IBM France ont toutefois eu une heureuse surprise : ils se sont partagés un peu plus de 16 millions d’euros au titre de la participation, alors que la dernière remontait à 1991. De son côté, Capgemini a proposé un montage complexe de mesures collectives au titre de la solidarité de sortie de crise en fonction de la date d’entrée dans l’entreprise. Un accord signé par quatre syndicats sur six.
Sur cette question des salaires, les grèves se sont multipliées ces dernières semaines chez Assystem, Nyse Technologies ou Akka Informatique et Systèmes. Un mouvement qui rappelle celui des printemps 2008 et 2010. Selon la CFDT, 1600 salariés d’Alcatel Lucent battaient le pavé début mars pour réagir contre le gel des salaires. En l’état des discussions, ils ont obtenu 50 € mensuels d’augmentation, plus une enveloppe pour les promotions. Chez T-Systems, la menace d’une grève aurait fait, d’après FO et la CGT, doubler le montant de l’augmentation, qui a été portée à 100 €.
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