Salon du Bourget : Quand le virtuel rejoint le réel

L'International Paris Air Show a ouvert ses portes le 20 juin au Bourget. Pendant une semaine, les appareils les plus modernes vont tenter de séduire les acheteurs et de fasciner le public. Des monstres de puissance, des vitrines technologiques.

Solar Impulse, l’avion solaire de Bertrand Piccard, est incontestablement la vedette des médias de l’édition 2011 du Salon du Bourget. Avec raison puisqu'il est l’appareil de tous les paradoxes : il a l’envergure d’un Airbus A340 (63,4 m), mais le poids d’une voiture familiale (1.600 kg) dont 400 kg uniquement pour ses batteries lithium polymère. Les ingénieurs ont pu mettre au point cette structure si particulière en le modélisant en totalité sur le logiciel Catia de Dassault Systèmes et en s’appuyant sur la plate-forme PLM Enovia Smarteam de l’éditeur, tout comme les avions de combat et les avions de ligne de toute dernière génération.

Rappelons que Solar Impulse a été dévoilé en juin 2009 et a effectué son premier vol six mois plus tard. Après une longue phase de mise au point, l’avion réalisait, en juillet 2010, un vol de vingt-six heures démontrant la pertinence de son concept : recharger ses batteries la journée et voler toute une nuit pour réaliser un tour du monde. Dans sa version actuelle, ses ailes portent 12 000 cellules solaires pour recharger ses batteries. Mais la puissance unitaire des moteurs électriques est faible : seulement 10 cv. Avec quatre d'entre-eux, la vitesse de vol de Solar Impulse est à peine supérieure à 60 km/h. Une limite qui a rendu sa venue sur le Bourget particulièrement compliquée alors que la météo ne lui était pas favorable.
Airbus contre Boeing, choc de communicants

Profitant de l’absence de nouveautés de la part de son concurrent européen, Boeing est venu en force sur l’édition 2011 du Salon du Bourget : le constructeur américain y a en effet envoyé deux exemplaires de sa nouvelle version du 747, ainsi que son nouveau fer de lance, le 787 Dreamliner, qui a fait le vol Seattle Paris. Les plus connus 737 et 777-200LR seront aussi sur le tarmac parisien. Ajoutez à cela les appareils militaires C-17, F-15 et l'hélicoptère Chinook et on voit que Boeing a voulu frapper un grand coup après une précédente édition marquée par les vols de l'Airbus A380.
C’était sans compter avec la communication d’Airbus qui a magistralement orchestré l’ouverture du salon du Bourget en publiant, quelques jours plus tôt, les images de son projet d’avion transparent.

Faute de nouvel appareil, le prototype de l'A350 n'étant encore qu'au stade du montage, Airbus contre donc Boeing sur le plan médiatique avec un hypothétique projet d'avion transparent, dont les sièges se tournent vers le soleil. Une vision du futur très séduisante mais encore très virtuelle puisqu’il faudra attendre (au minimum) 2050 pour prendre place dans son fuselage transparent, s'il existe vraiment un jour !
Eurocopter simule l'hélicoptère du futur

EADS est présent sur le salon au travers d’Airbus, mais pas seulement. Sa filiale Eurocopter y présente le Bluecopter, tout simplement surnommé le futur de l’hélicoptère… Ce programme regroupe de multiples projets dont Blue Edge, un nouveau rotor conçu pour réduire le bruit et les vibrations générées par ses pales. Un rotor conçu à grand renfort de simulation numérique. Outre cette réduction passive engendrée par le design de ses pales, le projet Blue Pulse vise, de son côté, à réduire encore le bruit ainsi que les vibrations de manière active, c'est-à-dire en ajustant la position des pâles de 15 à 40 fois par seconde. Un moyen de juguler les claquements caractéristiques des pales lorsque l’hélicoptère est en phase de descente.
Des démonstrations de drones européens encore très virtuelles

L’aéronautique militaire est aussi présente sur le Salon du Bourget. Cassidian, qui essaye toujours de vendre son drone Talarion aux armées européennes, va démontrer les capacités encore toutes virtuelles de l’appareil (qui n’est encore qu’une maquette à l’échelle un) à grand renfort d’écrans tactiles dans ce que le constructeur appelle son Touch Lab. La encore, faute de pouvoir faire voler son drone, l’européen s’appuie sur les technologies informatiques les plus spectaculaires pour que l'on parle de son projet. Dassault Aviation, dont le drone de combat Neuron est, pour sa part, en cours de montage, n’est présent que sous la forme d’une maquette à l’échelle un, dans un showroom virtuel sur le site web du constructeur.
Les équipementiers sortent de l'ombre

Moins médiatiques, les équipementiers aéronautiques représentent pourtant l’essentiel des exposants du Paris Air Show. Exemple, l’Américain Rockwell Collins est venu présenter Pro Line Fusion, sa solution d’affichage tête haute. L’instrument, désormais haute résolution, n’affiche plus seulement les données de vol sous forme alphanumérique mais un vrai affichage synthétique de la situation de vol, sans obliger le pilote à baisser les yeux vers son tableau de bord.

Si les instruments de vol sont de plus en plus numériques et que les composants traditionnels ont quasiment disparu des cockpits au profit des écrans, la vague numérique ne s’arrête pas là. Un exemple, le constructeur de réacteur Safran présente sur le salon du Bourget un concept d’avion « plus électrique ». Il ne s’agit plus de faire voler un avion avec des moteurs électriques et des panneaux solaires comme le Solar Impulse, mais de remplacer les systèmes hydrauliques, pneumatiques et mécaniques par des moteurs électriques.
Ce mouvement s’est engagé avec l’A380 d’Airbus avec des systèmes tels que les petits actionneurs, certaines pompes, les inverseurs de poussées. Boeing, avec le 787, est allé plus loin en y ajoutant les démarreurs des réacteurs, la pressurisation cabine, le dégivrage et les freins. L’objectif pour l’équipementier est d’aller vers un appareil tout électrique et optimisé dans sa gestion de l’énergie à l’horizon 2015/2020.
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