Selon Accenture, 60% des entreprises misent sur le numérique pour adresser de nouveaux marchés

Une majorité d'entreprises interrogées par Accenture prévoient de s'appuyer sur le numérique pour adresser de nouveaux marchés à forte croissance. Elles n'iront pas seules et comptent nouer des partenariats avec des acteurs issus de secteurs industriels différents.
A l'avenir, des joints-ventures entre une banque, un commerçant et une agence de voyage pourront être monnaie courante. « Les acteurs historiques doivent être ouverts à des structures et partenariats inédits qui révolutionnent leur activité existante afin d’assurer leur croissance future. Les entreprises doivent avant tout développer de nouvelles capacités et des stratégies plus souples pour constituer les réseaux ouverts et collaboratifs qui sont au cœur de ces marchés porteurs en termes de transformation numérique. », explique Bruno Berthon, directeur exécutif de l’activité Conseil en Stratégie et Développement Durable d’Accenture monde.
Cette conclusion, l'analyste la tire d'une étude publiée par sa maison mère Accenture, intitulée Remaking Customer Markets: Unlocking Growth with Digital, réalisée auprès de 500 cadres dirigeants d'entreprises dans dix pays et dévoilée il y a quelques jours lors du Forum Economique de Davos. « Le digital touche tous les secteurs industriels et modifie notre manière de travailler et de communiquer. Il faut envisager cette révolution de façon optimiste », a précisé, Pierre Nanterme, PDG monde d'Accenture au micro de BFM Business.
Certains restent solidement ancrés dans le brick & mortar

Pourtant, quand on leur pose la question sur leurs pistes de développement futur, 64% des dirigeants interrogés gardent les pieds bien ancrés dans le brick & mortar, affirmant que leur entreprise continuera à chercher des leviers de croissance dans son secteur d'activité traditionnel. 60% prévoient toutefois de capitaliser sur les technologies numériques pour aller conquérir de nouveaux marchés. Mais il n'iront pas seuls. Tous affirment qu'ils souhaitent alors s'allier avec des acteurs provenant d'autres secteurs industriels.
Et plus que l'acquisition, c'est la collaboration qui semble avoir leur préférence. 63% misent sur des alliances stratégiques, 46% sur la création de co-entreprises. Une réflexion qui s'impose de plus en plus dans le monde du big data notamment. De nombreuses entreprises conscientes de la valeur de leurs données sont ainsi persuadées d'être "assises sur un tas d'or". Problème, elles ne savant pas comment exploiter ces informations et créer de nouveaux services. Plusieurs ESN (ex-SSII) sont donc en train de se positionner sur se créneau porteur. Un même phénomène se produit dans le domaine des réseaux sociaux.
Le numérique apporte en moyenne 1% de croissance annuel supplémentaire

L'étude se penche sur six marchés porteurs en termes de transformation numérique où se cotoient acteurs en place et nouveaux entrants. Tous s'appuyant sur le numérique pour remodeler leur secteur traditionnel. Parmi ces six marchés étudiés figurent : la santé, l'éducation, les services financiers, l'industrie manufacturière, la grande distribution et les transports.
C'est en s'attardant sur trois de ces secteurs étudiés par Accenture que l'on comprend les bénéfices apportés par la transformation numérique. Aux Etats Unis pr exemple, les services de santé dits "classiques" devraient connaître une croissance de 2,5% entre 2012 et 2018. Associés aux nouveaux concepts de télédiagnostic ou de dossier médical électronique, la croissance annuelle progresserait alors de 3,3%.
Au Royaume Uni, Accenture s'est intéressé aux services financiers. Les prévisions de croissance tablent sur un taux annuel de 2% d'ici à 2018. Mais si l'on y rajoute des nouveaux services tels que le financement contributif (crowdfunding); les prêts de particulier à particulier (peer-to-peer lending) ou encore les applications de type porte-monnaie virtuel, la croissance pourrait atteindre 2,9%.
Un troisième exemple pris par Accenture se situe en Allemagne dans le domaine de la grande distribution. Ce secteur est appelé à connaître une croissance annuelle de 1,6% entre 2012 et 2018. Mais, sous l’effet de tendances telles que la fixation des prix en temps réel, les plates-formes de e-commerce permettant aux consommateurs de devenir eux-mêmes vendeurs ou encore les services de partage et de troc en ligne, la croissance annuelle devrait grimper à 2,6%.
Une certaine frilosité à concevoir des services inédits

Selon l’étude, la valeur cumulée de ces trois marchés de croissance en termes de transformation numérique – commerce, paiements, santé – sera donc en 2018 de l’ordre de 5 900 milliards de dollars pour l’économie américaine, 747 milliards d’euros pour l’économie allemande et 519 milliards de livres pour l’économie britannique. Pourtant, malgré cette prise de conscience des évolutions fondamentales touchant leur propre secteur, seuls 38 % des dirigeants interrogés voient dans ces tendances le moteur principal de leur stratégie d’entreprise, tandis que 60 % déclarent que leur stratégie sera surtout dictée par la situation économique en général.
Si le potentiel de la transformation numérique ne peut plus être nié, l'étude démontre bien à quel point de nombreuses entreprises tardent à adapter leur stratégie de croissance en conséquence. « Elles ont du mal à adopter de nouveaux modèles économiques numériques permettant de redéfinir leur propre secteur concurrentiel, de transformer leur mode de fonctionnement et de créer des produits et services inédits », souligne Mike Sutcliff, directeur exécutif d'Accenture Digital.