Selon Syntec, l'édition logicielle française pèse 7,7 milliards d'euros

Le nouveau classement Top 250 réalisé par Syntec numérique et Ernst & Young dresse le paysage d'un secteur économique très hétérogène mais en forte croissance. Et qui demande à être mieux entendu par les pouvoirs publics.

Dans le jargon des médias, cela s’appelle un « marronnier » : le palmarès des 100 premiers éditeurs logiciels français est en effet un exercice récurrent chez nombre de cabinets, organismes professionnels ou groupes de presse. Mais le classement Top 250 (à télécharger ici) dévoilé cette semaine par Syntec numérique et Ernst & Young a pour lui l’ambition de viser à l’exhaustivité, avec presque 300 éditeurs classés – et non 250, comme pourrait le faire croire son intitulé – par chiffre d’affaires et par catégorie.
Une arme de lobbying auprès des pouvoirs publics

« Le métier d’éditeur est finalement mal connu. Ce palmarès donne enfin une photographie d’un univers très diversifié », affirme Bruno Vanryb, PDG de l’éditeur Avanquest et président du collège éditeurs du Syntec numérique. Pour le syndicat professionnel, cette première édition du Top 250 obéissait à deux objectifs. Tout d’abord, mieux mesurer le poids et les tendances de fond d’un secteur économique en mutation permanente, où l’excellence française est reconnue internationalement, mais sur lequel il existait peu de données consolidées. Et dans un deuxième temps, s'appuyer sur ces données pour peser auprès des pouvoirs publics et des partis politiques dans les débats portant sur la fiscalité, les aides sectorielles ou l’environnement juridique lié au logiciel.
Les éditeurs de jeu vidéo mis en valeur

En tête du palmarès trône évidemment l’indéboulonnable Dassault Systemes et ses 1,56 milliard d’euros de chiffre d’affaires. A la 297ème place, Automatic Sea Vision, le petit éditeur d’un logiciel embarqué de prévention des risques maritimes, ferme le ban avec un revenu de 140 000 euros. Entre ces deux extrêmes, le palmarès atteste de la grande hétérogénéité de la filière logicielle en France, avec 134 éditeurs spécialisés dits sectoriels, 132 éditeurs horizontaux B to B, 35 spécialistes d’outils d’intégration et de services, et enfin 8 acteurs du jeu vidéo ou du logiciel personnel. Une dernière catégorie, souvent oubliée dans ce type de classement et qui permet pour une fois d’orienter les projecteurs sur l’extraordinaire succès d’éditeurs français comme Ubisoft (au deuxième rang, avec un chiffre d'affaires de 1,038 milliard d’euros) ou Gameloft (au huitième rang, avec un chiffre d'affaires de 140 millions d’euros). « C’est le segment qui devrait se développer le plus dans le futur », assure Bruno Vanryb.
Le secteur du logiciel devrait recruter
Si le chiffre d’affaires cumulé de ces 297 éditeurs a atteint 7,7 milliards d’euros en 2010, en hausse de 14 % par rapport à l’année précédente, l’étude met en évidence la grande atomicité de ce marché. Les sociétés réalisant plus de 100 millions de chiffre d'affaires sont seulement au nombre de dix. A elles seules, elles représentent plus de la moitié du chiffre d’affaires du secteur. En bas de tableau, 134 éditeurs affichent un revenu inférieur à trois millions d’euros. La filière logicielle française est également source d’emplois nouveaux, avec une croissance des effectifs globaux de 5 %, en moyenne par an, même si beaucoup de ces recrutements sont réalisés à l’international.
Quatre éditeurs primés

La publication de ce Top 250 a été accompagnée de la remise de trophées à des éditeurs français au parcours remarquable. Le Trophée de l’éditeur nexgen (pour New Generation) a ainsi été attribué à Criteo. Ce spécialiste de la publicité internet contextuelle, crée en en 2005, avait jusqu’à l’an dernier des revenus modestes. Cette année, il devrait réaliser un chiffre d’affaires de 144 millions d’euros, ce qui le placerait environ au dixième rang des éditeurs français.
Le Prix du social gaming a été remis à Kobojo, un concepteur de jeux sur Facebook, qui revendique déjà 4,2 millions de joueurs uniques. Pour sa part, Email-vision a remporté le Trophée du développement international, tandis qu'ESI, acteur sur le marché de la simulation numérique, a décroché le Prix de l’innovation.
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