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Encore rares en entreprise, les bases de données open source soutiennent, en revanche, des projets de plus en plus critiques : PGI, progiciels métier, gestion de stocks, etc.
Bien qu'elles n'apparaissent jamais dans les études de marché des analystes, les bases de données open source investissent peu à peu les entreprises dans le monde entier. À preuve : SAP DB compte 1 100 utilisateurs et MySQL
équipe déjà plus de 4 millions de serveurs en production.Certes ces logiciels présentent encore quelques lacunes par rapport à leurs concurrents propriétaires, mais ils n'en sont pas moins matures et marchent désormais sur les traces de Linux et d'Apache. Et à mesure que les briques de
l'infrastructure informatique se banalisent, des solutions propriétaires sont peu à peu remplacées par des outils open source.Cette évolution s'effectue lentement. Car les entreprises déjà équipées d'Oracle, d'IBM DB2 ou de Microsoft SQL Server ne changent généralement leurs bases de données que lorsqu'elles deviennent obsolètes ou que leur licence arrive à
expiration. Satisfaisants sur un plan technique, les outils propriétaires sont souvent critiqués pour le coût prohibitif de leurs licences et à cause d'une administration souvent trop complexe par rapport aux modestes moyens dont disposent les
départements informatiques des PME. MySQL, PostgreSQL et SAP DB entrent donc dans l'entreprise essentiellement à l'occasion de nouveaux projets Intranet, progiciels métier, PGI ou lors de l'achat d'un nouveau progiciel. De Mediapps (portail) à
Influe (EDI) en passant par EpiConcept (logiciels médicaux) ou Paratronic (station de mesure), un nombre croissant d'éditeurs utilisent MySQL et PostgreSQL. Sur un plan purement quantitatif, les entreprises françaises semblent en retrait face à
d'autres pays européens comme l'Allemagne (fief de SAP) ou la Suède (fief de MySQL). En revanche, les projets déployés dans l'Hexagone concernent souvent des applications critiques.
L'utilisation du PGI au site web
Fabricant de bancs d'expérimentation scientifique, la PME Chemspeed utilise SAP DB à la fois pour gérer les produits qu'elle fabrique et, en interne, pour stocker les données de son PGI. ' Les prix d'Oracle 9i
ou 8i sont prohibitifs pour une PME. C'est pourquoi nous avons retenu SAP DB quand nous avons installé SAP R/3. Cette base de données relationnelle est aboutie et possède, en outre, un excellent pilote JDBC ', explique Cédric
Cuche, développeur chez Chemspeed. Travaillant dans un tout autre domaine, l'éditeur et libraire Eyrolles s'apprête à faire migrer une application critique d'Oracle vers PostgreSQL pour des raisons similaires. ' Nous sommes
parfaitement satisfaits de notre base Oracle. Cependant dans un contexte d'optimisation des coûts, la licence est trop élevée et nous ne souhaitons plus avoir à la renouveler dans quelques années. D'autant que PostgreSQL répond à notre cahier des
charges, est gratuit, et motive l'équipe informatique en interne ', explique Hussein Metdaoui, responsable technique des projets Internet chez Eyrolles.Il est courant que les bases de données open source investissent l'entreprise suite à l'installation d'un progiciel. Pour construire son système de documentation et de gestion des connaissances (700 utilisateurs), la société de
gestion immobilière Sagi a jeté son dévolu sur l'outil de gestion de contenu open source Spip. Celui-ci, toutefois, ne fonctionne qu'avec MySQL. ' Nous avons dû nous résoudre à installer MySQL car Spip était vraiment adapté à
nos besoins. Heureusement, ce SGBD fonctionne parfaitement et sait se faire oublier ', relève Philippe Tran, chef de projet chez Sagi.Le choix d'une base de données open source n'est pas (suite p. 38)(suite de la p. 37) très compliqué car il n'en existe aujourd'hui que trois majeures : PostgreSQL, MySQL et SAPDB. Après l'accord
technologique passé en mai dernier entre SAP et MySQL AB, l'éditeur du SGBD de même nom, les entreprises auront bientôt à choisir entre PostgreSQL, MySQL 5, et MaxDB (ex-SAPDB).
La mise en ?"uvre Simple avec nombre d'outils d'administration
MySQL est réputée pour ses performances, sa simplicité d'installation et d'administration. Mais sa couverture fonctionnelle ne lui permet pas encore de rivaliser avec Oracle, DB2 ou SQL Server. ' Nous n'avons
pas retenu MySQL car elle ne comprend pas de langage procédural et ne traite ni les procédures stockées ni les sous-requêtes. À l'inverse, PostgreSQL offre les mêmes fonctions qu'Oracle ', explique Hussein Metdaoui.Chemspeed a, de son côté, passé au crible de nombreux critères, techniques et qualitatifs, avant de retenir SAP DB. Au-delà de la gratuité de la licence, ' c'est la qualité des outils d'administration pour
Windows, la richesse de la documentation, du pilote JDBC, et la quasi-compatibilité avec le code SQL Oracle qui nous ont décidés ', rappelle Cédric Cuche. SAP DB se contente d'une infrastructure technique qui, bien que
réduite, n'est pas limitée en termes de montée en charge grâce à des procédures de réplication. Des fonctions de répartition de charge sont aussi disponibles dans MySQL et PostgreSQL.Bien qu'il soit possible de garantir la disponibilité des serveurs en utilisant LVS (Linux Virtual Server), ' les bases de données open source n'intègrent pas encore toutes des mécanismes de résistance aux
pannes ', prévient Nicolas Pettiaux, administrateur NTIC à la Commission communautaire française (Cocof) jusqu'au mois de juin dernier. ' Mais est-ce indispensable ? En février 2002, nous avons
lancé le développement d'une application critique reposant sur PostgreSQL. Elle fonctionne depuis plus d'un an sans aucun problème. Et il est possible de répliquer et de sauvegarder les données à chaud. C'est suffisant pour 90 % des besoins de
90 % des entreprises ', constate-t-il.L'installation est en revanche le plus souvent confiée à un prestataire. Non qu'elle soit complexe, mais la mise en ?"uvre de ces outils effraie souvent les entreprises. ' Les stéréotypes ont la vie
dure ', constate Laurent Binard, PDG de Mediapps. L'éditeur a en effet choisi MySQL pour sa simplicité d'installation. ' Certains de nos clients se rendent à peine compte que nous installons une base de
données lorsque nous déployons Net Portal. Et c'est justement ce qu'ils recherchent : un déploiement rapide, une administration légère, voire inexistante et d'excellentes performances ', ajoute-t-il.
Les ressources de la formation pour des utilisations avancées
En utilisation classique sur des projets dont le volume est faible ou moyen, il n'est souvent pas nécessaire d'optimiser le paramétrage de la base de données ni de former les administrateurs. ' Notre intranet,
qui compte 700 utilisateurs, fonctionne sur un serveur Dell à 2 700 euros ht. Nous avons uniquement investi dans une journée de prestation auprès d'Alcôve pour installer le serveur. Il n'a pas été nécessaire de former nos administrateurs
Oracle. MySQL ? C'est du 'click &forget ' ', confirme Philippe Tran.Même enthousiasme chez Chemspeed. ' La documentation de SAP DB est de très bonne qualité et on peut compter sur l'aide et la compétence de la communauté. Cette base de données possède de nombreux outils
d'administration faciles à utiliser. Nous avons mis seulement trois jours pour la prendre en main et écrire les scripts qui automatisent sa maintenance. Ce n'est pas encore du " zéro administration " mais avec un peu de
temps, un déploiement simple et bon marché, c'est tout à fait possible ', décrit Cédric Cuche. Les utilisateurs de PostgreSQL ont également de nombreux outils à leur disposition. La Cocof utilise le module PostgreSQL de
Webmin ainsi que pgAdmin. ' Tous les outils d'administration imaginables sont disponibles en open source. Toutefois, en ce qui concerne les outils de modélisation, les solutions commerciales restent plus pointues et elles
intègrent toutes des connecteurs vers MySQL, PostgreSQL, etc. ', ajoute Nicolas Pettiaux. Mais, quelle que soit la base de données open source utilisée, la communauté des utilisateurs assurent une assistance gratuite de
premier niveau.
Les écueils encore des fonctions manquantes
Reste que certains problèmes ne peuvent être résolus qu'avec le concours de spécialistes. ' Il nous arrive parfois de tomber sur des problèmes techniques pointus. Nous devons alors mettre à contribution les
compétences et l'expérience de la communauté des utilisateurs, et lorsque cela ne suffit pas, nous nous retournons vers l'assistance payante de MySQL ', explique Rodolphe Jouannet, chef de projet chez Baud, une entreprise
implantée sur le marché de la grande distribution.Malgré l'enthousiasme de leurs utilisateurs, les bases de données open source sont encore loin d'être parfaites. Et, quel que soit leur niveau, elles doivent compter avec l'unique standard : Oracle. ' Les
fonctions de SAP DB sont en retrait par rapport à celles d'Oracle 9i et elles ne partagent pas les mêmes types de données primaires qu'Oracle ', constate Cédric Cuche. De même, la mise en ?"uvre de SAP DB pose encore
quelques difficultés. S'il est relativement facile de l'installer, aucune procédure de désinstallation n'a été prévue. Mis à part ce problème de désinstallation propre à SAP DB, le constat est à peu près identique parmi les utilisateurs de MySQL.
' Bien que nous n'ayons aucun souci en production, les options de paramétrage de MySQL sont moins riches que celles d'Oracle ', note Philippe Tran, de Sagi. ' Et la prise en
charge de la norme SQL/99 n'est pas complète dans MySQL 4 ', ajoute Rodolphe Jouannet. Les procédures et les triggers, deux fonctions-clés, ne seront disponibles qu'avec MySQL5. On peut aussi regretter le faible
nombre de spécialistes disponibles. ' La récente implantation de MySQL AB en France réduira peut-être peu à peu ce problème.
Les gains simplicité etabsence de licence
Malgré ces lacunes, les utilisateurs de MySQL, PostgreSQL et SAP DB sont tous unanimes : leur SGBDR open source leur permet de faire des économies car il est fiable, simple d'emploi et très performant.
' Après mon expérience d'utilisation de PostgreSQL à la Commission communautaire française, je conseillerais PostgreSQL pour 80 % des applications critiques d'entreprise. C'est un outil bien plus simple à gérer qu'Oracle
qui offre d'excellentes performances. Les économies sont réelles car il n'y a pas de licence à payer et la pérennité est assurée par la masse des utilisateurs, par un code source ouvert et un respect des standards ', estime
Nicolas Pettiaux. Utilisatrice d'Oracle et de MySQL, Sagi partage cette analyse. ' Le fonctionnement presque autonome de MySQL et l'absence de formation de nos administrateurs sont deux gains bien réels. C'est une base simple,
fiable et efficace pour la gestion courante des données, liée à des applications web ou à unPGI ', conclut Philippe Tran.
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