Sharp cherche des alliances pour survivre et trouve Qualcomm

Après deux années de pertes record, le groupe japonais est en grande difficulté. En négociation avec plusieurs investisseurs potentiels, il a trouvé un partenariat avec l'américain Qualcomm.
Le géant japonais est en difficulté. Son premier semestre pour l’année 2012 s’est soldé par des pertes nettes, et ses problèmes financiers semblent avoir des répercussions directes sur sa capacité à tenir les rythmes de production et même à pouvoir mettre en place les chaînes nécessaires à la production de ses commandes.
Apple a déjà investi ?
En août dernier, Sharp peinait à tenir les délais pour les écrans de l’iPhone 5, entraînant des retards. A l’époque, une source citée par le Wall Street Journal laissait entendre qu’Apple pourrait investir dans Sharp pour l’aider à honorer ses engagements. L’analyste Horace Dediu avait même étudié les comptes d’Apple et conclut qu’un investissement avancé d’un an de 2 milliards de dollars pourrait bien être le rachat d’une usine Sharp ou en tout cas une injection de fond dans un de ses usines.
Des bouées de sauvetage
Quoi qu’il en soit, alors que des discussions semblent avoir lieu avec deux géants américains, Dell et Intel, et que Sharp s’est dit prêt, il y a quelques semaines, à revoir son accord avec Hon Hai Precision Industry (non officiel de Foxconn) qui devrait mener à un investissement.
Mais dans l’attente de ces accords éventuels, le groupe d'électronique japonais a annoncé aujourd’hui, mardi 4 décembre, la conclusion d'un accord prévoyant un apport de fonds de la part du groupe américain Qualcomm, adossé à un partenariat technique avec une filiale de ce dernier dans le domaine des écrans pour mobiles.
Sharp, en difficulté financière, va émettre de nouvelles actions réservées à Qualcomm, développeur de composants pour téléphones portables qui va investir au plus 9,9 milliards de yens (92,5 millions d'euros) dans le groupe nippon. Cet argent doit aider Sharp à développer des dalles d'écrans à cristaux liquides (LCD) intégrant des technologies de la firme américaine pour des smartphones et tablettes.
Au terme de la première phase de cette transaction, Qualcomm sera le 6e actionnaire de Sharp avec 2,64% des parts, pour un investissement initial de 4,94 milliards de yens qui interviendra le 27 décembre au prix de 164 yens par action. Le titre Sharp valait 174 yens mardi en clôture à Tokyo, après avoir subi une chute vertigineuse ces derniers mois à mesure que s'aggravaient les comptes de l'entreprise.
Une deuxième émission d'actions à l'intention de Qualcomm devrait avoir lieu d'ici à la fin du mois de mars, pour un montant qui n'excèdera pas 5 milliards de yens. Sharp souffre ces derniers mois d'une concurrence exacerbée sur les écrans pour téléviseurs, d'un déclin de la demande et d'un renchérissement très pénalisant de la monnaie japonaise.
Investissement dans le mobile
Afin de limiter les pertes, le groupe nippon tourne sa production vers les dalles de pointe destinées aux écrans de petites et moyennes dimensions pour appareils mobiles, en exploitant une technologie unique, appelée IGZO-TFT.
Cette technique permet une amélioration de la qualité d'affichage et une réduction significative de la consommation électrique des écrans (essentielle pour l'autonomie des mobiles). « Toutefois, la concurrence s'accentuant aussi sur le volet des petits écrans, des avancées encore plus importantes sont nécessaires », explique Sharp. D'où le partenariat technique conclu avec Pixtronix, une filiale de Qualcomm pour combiner la technologie MEMS (Micro-electro-mechanical Systems) de cette dernière et la technique IGZO de Sharp.
Sources :
Wall Street Journal : Sharp et Foxconn
Wall Street Journal : Sharp et Dell et Intel
Horace Dediu - Asymco
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