SIP, le protocole caméléon de la téléphonie sur IP
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Jugé immature il y a deux ans, SIP perce aujourd'hui dans la messagerie instantanée, la gestion de présence de l'utilisateur connecté et les PBX-IP.
Qui a?"t?"il de commun entre Wengo, filiale de Neuf Telecom spécialisée dans la voix sur IP, Cisco Systems et Free ? Tous ces acteurs utilisent à des degrés divers le protocole de signalisation SIP (Session
initiation protocol) soit dans leur infrastructure pour les opérateurs (via SIP trunking), soit dans leurs produits pour les équipementiers. Immature il y a encore deux ans, SIP a beaucoup évolué depuis sa première
apparition en 1999. Son utilisation actuelle en messagerie instantanée illustre son potentiel technologique, qui dépasse les seuls services de téléphonie.
Plus riche mais plus complexe
Issu du monde de l'internet, le protocole SIP a été développé pour favoriser la tenue de sessions multimédias (voix, données, images et texte) sur internet. Il n'a donc pas été conçu spécifiquement pour la téléphonie ou la
visio?"conférence, deux domaines de prédilection de son principal rival H.323, issu, lui, des télécommunications. SIP est un protocole de signalisation qui établit et conclut des sessions multimédias interactives sur IP entre des terminaux. Il
fonctionne sur un mode à base de requêtes et de réponses à ces requêtes. Il utilise des fonctions logiques de base d'enregistrement des terminaux SIP (registrar), de localisation des entités SIP et de serveur
proxy.Depuis son apparition en 1999, SIP s'est enrichi de spécifications sur le modèle communautaire propre à internet. Plusieurs documents de référence appelés RFC (Request for comments) ont été publiés et ajoutés
au document principal, connu sous le nom de RFC 3261, révision majeure du protocole SIP publiée en 2002. La spécification RFC 3263 traite des méthodes pour localiser un serveur SIP. Le document RFC 3265 aborde la notification d'événements en
SIP. Cet ensemble de spécifications contribue à transformer SIP en norme ' ombrelle ', son contenu étant devenu plus riche et aussi plus complexe qu'il ne l'était dans l'esprit de ses
concepteurs.SIP a dû particulièrement s'adapter à la téléphonie privée et publique. Dans le domaine des PBX?"IP, le traitement des tonalités DTMF (touches # et *) et la gestion des transferts d'appels ont exigé à la fois des
extensions du standard et des développements à la charge des industriels. Le protocole s'est également enrichi pour mieux s'interconnecter, avec un niveau satisfaisant d'interopérabilité, avec les réseaux publics de téléphonie
numériques traditionnels.Concrètement, les lacunes originelles de SIP dans la téléphonie privée ont été comblées par les fabricants de téléphones. Leurs combinés de dernière génération se sont enrichis de fonctions comme l'attente musicale ou le
transfert d'appels. De même, les fabricants de PBX-IP (qui ont aussi des téléphones à leur catalogue) ont travaillé d'arrache?"pied pour rapprocher leurs offres compatibles SIP de la richesse fonctionnelle propre à leur PBX doté
de signalisation propriétaire. Ici, le diable se niche parfois dans les détails. Un PBX doit notamment savoir gérer, au niveau du téléphone SIP de l'appelant, la sonnerie ' occupé ' lorsque le téléphone SIP de
l'appelé est décroché ; il doit savoir éventuellement basculer l'appelant sur la messagerie vocale de l'appelé. Cette fonction, qui n'était pas encore standardisée dans SIP à la mi?"2005, est désormais gérée par
plusieurs fabricants de téléphones.
Vers la fin du ' tout?"propriétaire ' ?
En gérant nativement SIP dans leur nouvelle génération de PBX, 3Com, Avaya ou Cisco évitent aussi le recours à un serveur proxy externe pour assurer l'interopérabilité avec la signalisation SIP. Cela leur
permet de proposer, lorsqu'ils gèrent SIP trunking côté réseau d'opérateurs, une connexion directe du PBX?"IP sur le réseau de l'opérateur, à condition que ce dernier propose lui aussi cette
signalisation sur ces liaisons d'accès.Lorsqu'il est géré sur le terminal, le principal atout de SIP en téléphonie privée reste, pour l'utilisateur, l'interopérabilité nouvelle des téléphones (ou softphones) d'origines
différentes. L'ère du ' tout?"propriétaire ' en téléphonie privée paraît révolue. Cependant, en raison de la finalisation incomplète du standard, de la multiplicité des options possibles et des différences
d'avancement dans sa mise en ?"uvre par les industriels de la voix sur IP, cette interopérabilité ne va pas de soi. Il convient, en effet, de s'assurer que celle?"ci dépasse le cadre de l'appel téléphonique de base et
qu'elle peut prendre en compte des fonctions évoluées. Certains constructeurs de PBX?"IP, comme Avaya ou Cisco, ont ainsi mis en place des programmes de certification visant à vérifier que des téléphones tiers présentent un bon niveau
d'interopérabilité avec leur propre PBX?"IP gérant SIP.Au?"delà du cadre de la téléphonie, le protocole SIP se compare à une boîte à outils, autorisant le développement de nouvelles applications de communication d'entreprise. Le meilleur exemple en est la messagerie instantanée
et son corollaire, la gestion de présence de l'abonné sous forme d'une mise à jour en temps réel de son statut (connecté, absent ou en réunion). SIP dispose pour cela de mécanismes de notification d'évènements inclus dans la
RFC 3265.
La messagerie instantanée aussi concernée
La plupart des fabricants de PBX?"IP ayant opté pour SIP ont inclus un serveur gérant la présence des utilisateurs enregistrés sur le système. Certains proposent en sus des fonctions de messagerie instantanée à l'échelon
d'une entreprise, illustrant la nature protéiforme de SIP.Les grands systèmes publics de messagerie instantanée sont aussi concernés par son essor. ' Microsoft a choisi le mécanisme défini dans la RFC 3265 pour la souscription d'événements de présence et la
notification, ce qui a immédiatement élevé cette implémentation au rand de standard de facto ', expliquent les auteurs de L'Essentiel de la VoIP*. Cette spécification ne définit cependant pas le contenu et la syntaxe
des messages instantanés échangés. En outre, les divers systèmes privés et services publics de messagerie instantanée du marché ne s'appuient pas tous sur cette mise en ?"uvre de la RFC et recourent pour certains à des mécanismes
propriétaires. Afin d'y remédier, l'organisation IETF tente d'aboutir à un standard dans le cadre de groupes de travail Simple (SIP for instant messaging and presence leveraging ex?"tensions) et IMPP
(Instant messaging and presence protocol).