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Schneider Electric passe à la vitesse supérieure et met deux milliards de dollars sur la table pour prendre le contrôle de Telvent. Editeur et prestataire de services spécialisé dans les logiciels de gestion des réseaux d'énergie, d'eau et de transport, Telvent compte 6 000 employés dans 19 pays. Il a réalisé 753 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2010. Si le nom de la société est peu connu dans l'Hexagone, l'Espagnol compte Gaz de France parmi ses clients dans un projet de rénovation de son système Scada (Supervisory Control and Data Acquisition) de télémesure et de contrôle de pipelines.Telvent apporte à Schneider Electric une présence significative dans trois secteurs clés pour l'industriel français : la gestion des réseaux électriques intelligents (smart grids) qui représente 17 % de son chiffre d'affaires ; celle des infrastructures de distribution de pétrole, de gaz ou d'eau (20 % des ventes) ; et les smart cities, terme qui englobe les solutions de gestion des transports, où Telvent capte 28 % de ses ventes.
Une vague d'acquisitions au niveau mondial
“ Telvent est spécialisé dans les systèmes d'information et d'automatisation, ainsi que dans les applications critiques, expliquait Jean-Pascal Tricoire, PDG de Schneider Electric, lors de l'annonce de l'offre publique d'achat. Son credo est d'intégrer de l'intelligence en chaque point de l'infrastructure en s'appuyant sur deux thématiques chères à Schneider Electric : le smart grid et les smart cities. ” Avec cette acquisition, Schneider Electric double sa force de frappe dans le logiciel et atteint environ 10 000 personnes. Son PDG espère dégager entre 35 et 40 millions d'euros de synergies en 2014 et de 50 à 60 millions en 2016. Ce rachat suit ceux, moins spectaculaires, de Vizelia et de DX5, en décembre 2010, et celui de Summit Energy, en mars dernier, pour 268 millions de dollars. Concrètement, l'équipementier électrique se trouve face à des géants de l'informatique : IBM, qui a fait des smart cities et du smart grid des axes forts de sa stratégie de développement, et SAP qui a pris position sur le marché de la Green IT avec l'achat de Clear Standards en 2009. Contrairement à ces spécialistes de l'informatique, Schneider Electric joue sur les synergies entre ses équipements et les logiciels de contrôle. C'est aussi ce que met en avant ABB, qui a racheté l'éditeur américain Ventyx pour un milliard de dollars en mai 2010, acquisition suivie de celles d'IKS et d'Obvient Strategies. Siemens, de son côté, a dévoilé en 2009 un plan pour s'emparer de six milliards de dollars du marché du smart grid à l'horizon 2014. Pour y parvenir, l'industriel a acquis son compatriote Energy4U, société de services informatiques spécialisée dans les solutions de Green IT.General Electric et Honeywell sont également présents, mais le plus dangereux rival de Schneider Electric pourrait bien être Toshiba. En mai dernier, le Japonais s'est emparé de Landis+Gyr. Connu pour ses compteurs électriques, le Suisse (5 000 salariés dans 30 pays) a développé des équipements et des logiciels dédiés aux smart grids, dont dispose maintenant Toshiba.
Un marché potentiel colossal
Le marché mondial de ces plates-formes smart grid et smart cities présente un potentiel de développement colossal. Lux Research estime qu'il croîtra de 20 milliards de dollars d'ici à dix ans. L'investissement dans ce secteur devrait tripler, et passer de 12,8 milliards de dollars aujourd'hui, à 34,2 milliards en 2020. Une manne expliquant l'énergie dépensée par les industriels pour se positionner sur ce marché juteux.
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