Sous-traitance : Apple s'intéresse enfin à ses petites mains chinoises

Travail des mineurs, heures de travail à rallonge, intoxication à des produits chimiques?. Dans un effort de transparence, la firme à la pomme fait amende honorable.
Après la vague de suicides puis les cas de maltraitance révélés chez Foxconn, le principal assembleur d’iPhone et d’iPad, Apple se devait de réagir. Dans la foulée de ses résultats records du premier trimestre – les meilleurs de son histoire – la firme à la pomme croquée publie un rapport consacré à sa responsabilité sociale en matière de sous-traitance.
Accablant, ce document se base sur un audit effectué en 2010 sur 127 sites de fournisseurs originaires principalement du Sud-Est asiatique (Chine mais aussi Malaisie, Singapour et Taïwan).
Apple a ainsi « découvert » que dix usines chinoises faisaient travailler 91 enfants, dont 42 sur un seul site. En violation avec son code de conduite. Le géant américain déclare avoir exigé de ses fournisseurs leur retour à l’école et qu’ils financent leurs frais de scolarité et la perte de salaires jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge légal de… 16 ans.
« Dépistage » des femmes enceintes
Les conditions de travail dans ces sweatchops, les « ateliers de la sueur », sont particulièrement âpres. Les deux tiers des sites audités dépassent les normes du code Apple (soit un maximum de soixante heures de travail hebdomadaires, assorti d’au moins un jour de repos par semaine). Apple a mis aussi à jour des cas de rémunérations en deçà du minimum légal, d’heures supplémentaires sous-payés et de bulletins de paie falsifiés.
Des discriminations à l’embauche se basent sur des examens médicaux pour « dépister » les porteurs d’hépatite B et les femmes enceintes. Enfin, le rapport met en exergue le racket exercé par les agences de placement sur les travailleurs immigrés. Leurs honoraires peuvent s’élever à plusieurs mois de salaires. Cette révélation a entraîné le remboursement de 3,4 millions de dollars de trop-perçu.
Des filets contre les suicides « intempestifs »
Non seulement les sites ne répondent pas aux normes de sécurité mais, en plus, ils sont polluants. Ainsi, 137 ouvriers de la société Wintek ont été empoisonnés en 2010 au n-hexane, un produit chimique hautement toxique. L’année d’avant, 62 salariés du même Wintek avaient dû déjà être hospitalisés pour la même raison. Quatre en seraient morts, selon le China Daily.
Sur le cas spécifique de Foxconn, Tim Cook, directeur opérationnel (COO) d’Apple s’est rendu sur le site de Shenzhen, théâtre de la série des 13 suicides, en juin dernier. Apple félicite le sous-traitant taïwanais pour les progrès réalisés en matière de prévention des risques psycho-sociaux. Avec notamment la création d’un centre d’accueil 24h/24 et… la pose de filets pour lutter contre les suicides « intempestifs ». Ce qui a « sauvé des vies », estime le rapport.