Sous-valorisées, les SSII maintiennent le cap
Les sociétés de services et d'ingénierie en informatique cotées ont subi de fortes baisses en Bourse cet été. Une correction qui n'entame en rien l'optimisme du marché. Sur fond de concentration.
Moins 30 %. C'est la baisse moyenne des cours de Bourse des SSII constatée entre le mois de mai et la mi-août. Si les cotations se sont quelque peu redressées à la rentrée après ces trois mois particulièrement difficiles, les
grandes SSII françaises ?" à l'exception de Capgemini ?" restent dans le rouge. Comment justifier une telle correction alors que le CAC 40 a, lui, progressé de près de 10 % depuis le 1er janvier de cette
année ? Un décalage d'autant plus surprenant que les ' fondamentaux ' sont bons. La crise (2001-2003) a assaini le marché. Restructuré et désendetté, le secteur a renoué en 2005 avec la croissance
et les recrutements.Syntec Informatique devrait annoncer le mois prochain une croissance sur l'année dans le haut de la fourchette ?" de l'ordre de 8 %. Et hormis l'avertissement sur résultat d'Atos Origin en juillet, Steria, Sopra, ou CGI
maintiennent leurs objectifs pour 2006. Capgemini a même relevé le sien.
o.discazeaux@01informatique.presse.fr
L'externalisation déçoit
Pour expliquer ce décalage, il faut rappeler que le deuxième trimestre est traditionnellement moins bon que le premier. ' Le marché attend aussi une amélioration des marges au-delà des seules perspectives de croissance, analyse Jean-François Perret, le PDG de Pierre Audoin Consultants. Si les activités de conseil et d'intégration progressent plus fort que prévu, l'externalisation, source de revenus récurrents, déçoit. ' Les aléas sur les grands contrats d'infogérance ?" Renault, Schneider, Michelin ?" ont sérieusement refroidi les ardeurs des investisseurs.A cela s'ajoute, selon David Salabi, fondateur de Financière Cambon, un cabinet de conseil en fusions et acquisitions, la prise de bénéfices des investisseurs entrés au capital des SSII au creux de la vague. ' Mieux vaut parler de respiration du marché que de baisse. 'La primeaux ' gros '
L'orientation est donc bonne, mais elle ne profite pas à tous les acteurs. La politique de réduction du nombre de fournisseurs se poursuit chez les grands comptes, et la prime aux ' gros ' est, en conséquence, plus que jamais d'actualité. ' Consolideur ou consolidé ? Tous les dirigeants de SSII généralistes employant autour de cinq cents ingénieurs se posent la question ', avance David Salabi. Cette course à la taille critique a notamment incité Aubay à racheter Projipe en juillet dernier.Ce phénomène de concentration n'épargne pas non plus les gros poissons soucieux de quitter la Ligue 1 pour la Ligue des champions. Vieux serpents de mer, Sylis ?" à la santé fragile ?", Sopra, et GFI ?" pour l'âge de leur capitaine ?" sont désignés comme des proies potentielles.Associé gérant d'Access2Net, une société de capital-risque, Pierre-Yves Dargaud prévoit ' des opérations significatives de 150 à 200 millions d'euros dans les douze prochains mois '. En dépit de leur survalorisation ?" la capitalisation boursière d'un Infosys ou d'un Tata pèse trois fois plus que celle de Capgemini ?", la menace d'une OPA de la part d'une SSII indienne semble écartée. ' Prudents, les Indiens s'intéressent à des dossiers de taille raisonnable, n'excédant pas les 50 millions d'euros. Ils achètent avant tout de la part de marché, de l'accès aux comptes. Le spectre dun Mittal ne plane pas encore sur les SSII françaises.x.biseul@01informatique.presse.fro.discazeaux@01informatique.presse.fr