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Créneau encore dynamique du logiciel, le ' Product Lifecycle Management ' (PLM) permet à l'innovation technologique d'irriguer tous les processus de l'entreprise. Avec économies, gains de
temps et de qualité à la clé.
"Dans l'industrie automobile, la concurrence entre constructeurs se joue plus que jamais sur la capacité à multiplier les nouveaux modèles et donc à raccourcir les temps de conception, explique Dario Marzoni,
le directeur Europe du Sud de l'éditeur de logiciels américain Matrix One. Pour cette raison, l'automobile fait figure de précurseur de l'approche PLM [Product Lifecycle Management, ou gestion du cycle de vie du produit, ndlr].
" En effet, alors que la mise en place des progiciels de gestion intégrés (PGI) reposait sur le partage des informations liées à la production, avec un objectif d'efficacité opérationnelle, le PLM, lui, repose sur le partage des informations
techniques. Objectif : mieux concevoir, plus vite, et, au passage, améliorer les produits. Avec l'aéronautique, l'automobile a été pionnière dans le recours au PLM. Si ce secteur représente encore plus du quart des revenus de Matrix One, créé en
1996, la gestion du cycle de vie du produit déborde aujourd'hui ses cibles traditionnelles, avec une offre émanant d'éditeurs d'horizons différents.Client de Matrix One, l'équipementier automobile Arvin Meritor a fait partie des précurseurs. Chez lui, la décision de lancer un programme de gestion du cycle de vie produit remonte à 1996. " Nous souhaitions mettre en
place un programme de partage et de gestion des informations techniques liées à l'ingénierie ", rappelle Xavier Hervé, chef de projet PLM chez Arvin Meritor. L'équipementier a commencé par appliquer l'approche PLM à la conception
de toits ouvrants et de modules de portes comme les lève-vitres. " Pour ces derniers, la production est éclatée dans 15 usines à travers le monde, et la conception dans 5 bureaux d'études, explique Xavier Hervé.
Il s'agissait d'irriguer les processus d'entreprise à partir de données techniques qui étaient jusque-là confinées dans ces bureaux d'études. " En effet, au-delà du problème de l'éclatement géographique, le processus de
conception d'un produit implique plusieurs directions fonctionnelles : le bureau d'études l'imagine et procède aux simulations, les spécialistes de l'industrialisation envisagent le moyen de produire la pièce, la direction de la qualité vérifie sa
conformité à la réglementation, la direction des achats chiffre le coût des composants, etc. Auparavant, " chacun devait attendre que son prédécesseur dans la chaîne ait validé le produit pour intervenir. Maintenant, différentes
équipes peuvent intervenir en même temps. Le temps moyen pour procéder à une modification du produit est tombé de 21 à 12 jours, note Xavier Hervé. Au total, le PLM permet de réduire les temps de développement, donc les coûts,
et contribue à l'amélioration de la qualité des produits, ce qui reste difficile à chiffrer. "Si le PLM est un outil de traçabilité technique au retour sur investissement relativement rapide, sa percée tient aussi à son extension fonctionnelle et sectorielle. " La notion de cycle de vie du produit s'étend pour
dépasser le cadre de la conception. Prenons un téléphone portable : l'approche PLM peut partir de la décision de lancer un nouveau modèle en fonction des études de marché, pour aller jusqu'à la détection de son obsolescence, et l'enclenchement d'un
nouveau cycle produit, explique Sauveur Cannamella, responsable marketing de l'offre PLM chez SAP France. En termes de produits, l'approche se décline aussi en pharmacie pour la mise au point d'un médicament, voire pour la mise
sur le marché d'un nouveau produit financier, alors que jusque-là le PLM s'attachait principalement à des objets manufacturés au sens strict. "
Des secteurs "porteurs"
Mais pour l'instant, le dynamisme du marché français du PLM reste le fait de l'automobile et de l'aéronautique, comme le relève une étude du cabinet spécialisé Cimdata. Selon ce rapport publié en août dernier, dans l'Hexagone, le PLM a
généré 234 millions d'euros en 2001, en progression de 65 % par rapport à l'année précédente. Certes, 2002 devrait marquer le pas avec une croissance de 17 %, mais jusqu'en 2006, la progression moyenne annuelle devrait tourner autour de 25 %.
" Le PLM est en pleine expansion, c'est l'un des seuls créneaux vraiment porteurs avec la sécurité et l'outsourcing ", confirme Éric Menard, auteur d'une étude concurrente pour Pierre Audoin Consultants. Lui a revu
ses estimations à la baisse, mais confirme une croissance de l'ordre de 15 % en 2003 pour le PLM stricto sensu, licences et services compris. À titre de comparaison, des applications en vogue comme la GRC, la gestion de la relation client, ou la
GCA, relative à la chaîne d'approvisionnement, devraient se contenter d'une croissance moitié moins forte.Ainsi, le marché du PLM continue d'aiguiser les appétits, à commencer par celui d'IBM, qui en fait l'un des piliers de son renforcement dans les logiciels et les services. Début octobre, " Big Blue " a
racheté EADS Matra Datavision, acteur mondial de la prestation de services PLM. " Il s'agit véritablement de coupler l'application et le service ", explique Cosme de Moucheron, vice-président des opérations d'IBM
Europe. Et pour la composante logicielle de son offre, IBM s'appuie notamment sur son partenariat avec Dassault Systèmes, leader mondial des logiciels de CAO, la conception assistée par ordinateur.
Un tandem pour produire
Le tandem IBM-Dassault Systèmes illustre la parenté entre CAO et PLM, la première permettant aux bureaux d'études de générer les données techniques que le PLM se charge de faire circuler. Ainsi, parmi les leaders du PLM, on retrouve un
autre poids lourd de la CAO, Parametric Technology Corporation. Mais le créneau offre une porte d'entrée à de nouveaux arrivants dans l'édition logicielle, comme Matrix One ou Agile Software, surfant sur la vague des applications collaboratives.
Enfin, un géant des PGI comme SAP ne fait pas l'impasse sur le PLM, en misant sur sa connaissance des process d'entreprise et sur sa base de clients dans l'industrie manufacturière. " Je viens de la CAO, précise Xavier
Hervé, d'Arvin Meritor, en insistant plus sur la complémentarité de la CAO et du PLM que sur la nécessité d'intégration des deux. Mon parcours est surtout un avantage pour comprendre le vocabulaire de l'ingénierie et ne pas réduire le PLM
à un projet informatique. "
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