Sun Microsystems libère Java
S'il ne faisait plus de doute que Sun allait ouvrir Java au modèle open source, l'américain a surpris agréablement la communauté du même nom en confiant Java à la licence GPL.
Jonathan Schwartz, p-dg de Sun Micro-systems, a tranché. Java va désormais être proposé sous licence GPL. Un choix qui permettra au langage de programmation d'être embarqué dans les distributions Linux Ubuntu et Fedora, elles-mêmes proposées en GPL. Le calendrier mis en place par l'américain prévoit la publication immédiate du code de la machine virtuelle Java HotSpot, du compilateur javac et de l'aide en ligne JavaHelp. Il faudra attendre mi-2007 pour voir le JDK (Java SE development kit) livré à la communauté. Java ME, l'édition mobile de Java, voit sa version CLDC placée en open source ; les éléments avancés de l'implémentation mobile de Java suivront. Java Enterprise Edition, déjà livré en licence open source CDDL, évolue vers la GPL. GlassFish, le serveur d'applications Java EE 5 est, quant à lui, disponible en GPL 2. Le JDK et ses six millions de lignes de code sont proposés sous licence GPL 2, avec l'exception Classpath. Les éditeurs qui vont s'appuyer sur le JDK Java pour développer leurs applications commerciales ne seront ainsi pas contraints de publier leur code source, comme une licence GPL les y aurait astreints. Une façon pour Sun de répliquer à Steve Balmer, de Microsoft, qui considère le caractère viral de la GPL comme un cancer...Cette exception à la licence GPL est bien acceptée par la communauté open source. ' Dans l'annonce Java, l'essentiel est que Sun entre de plain-pied dans le monde du libre, souligne Frédéric Couchet, délégué général de l'April (Association pour la promotion et la recherche en informatique libre). C'est une bonne nouvelle, tant pour les communautés 100 % libres que pour les industriels du logiciel. Sun possède tout un pool de licences et l'utilise selon ses besoins. En choisissant la GPL, il opte pour la licence la plus acceptée par la communauté. 'Sun prend-il le risque de voir Java lui échapper ? L'avenir de Java, confié à la communauté, est-il rendu incertain alors qu'il doit faire face à l'architecture.NET, dont les axes de développement sont définis par un éditeur unique ? Simon Phipps, responsable de l'open source chez Sun, se veut rassurant : ' Avec la GPL, le risque de fork [projet parallèle, NDLR] est faible. C'est une licence qui encourage la compatibilité. Or, tous les acteurs ont intérêt à maintenir la compatibilité universelle de Java. ' De même, le responsable est serein quant à l'avenir du JCP (Java Community Process), l'organisation qui, au moyen de ses trois cent huit comités (JSR), décide de l'avenir de la plate-forme Java. ' Le JCP tel qu'il fonctionne aujourd'hui n'est pas le JCP de 1999. Sun est totalement impliqué dans le JCP, mais en a perdu le contrôle voici plusieurs années. C'est une instance très égalitaire dont le fonctionnement est démocratique : personne n'en a le contrôle, y compris Sun ', explique-t-il. Le passage de Java en open source ne doit donc pas modifier le rôle du JCP et le modèle de développement de Java.