De quoi sera fait demain ? Les avis divergent. Pour Alain Donzeaud, président du département social, emploi et formation de Syntec informatique, 2008 devrait prolonger la dynamique de 2007.
' Il
n'y a pas d'infléchissement. Et si, en 2008, les SSII, éditeurs et sociétés de conseil ne réalisent pas 20 000 créations nettes d'emploi comme en 2007, nous pourrions atteindre 15 000. ' Des chiffres
contestés par Régis Granarolo, président du Mouvement pour une union nationale et collégiale des informaticiens :
' Les créations nettes augmentent, mais rien ne justifient qu'elles auraient plus que doubler en
2007 par rapport à 2005. ' Le président du Munci croit, lui, à l'effet de cycle d'investissements.
' Un cycle dure dix ans environ avec des creux dans les années en 3 (1993, 2003) et des
pics pour les années en 9 (1989, 1999). Si cette loi perdure, nous connaîtrons un haut de cycle en 2009 '. A moins que la crise financière fasse de 2008 une année d'inflexion.
' Un tiers des
investissements informatiques viennent du tertiaire financier. Les banques pourraient réduire la voilure. 'Du plein emploi à la ' pseudo-pénurie '
Les statistiques du chômage sont, elles aussi, diversement interprétées. Pour Alain Donzeaud,
' le chômage sectoriel ne cesse de baisser de six mois en six mois et nous sommes presque en situation de plein
emploi. ' Attention au discours sur la ' pseudo-pénurie ', s'alarme Régis Granarolo :
' Dès que le marché est proche de l'équilibre ?" ce qui est
presque le cas avec un chômage de 4 à 5 % ?" les dirigeants de sociétés, et le gouvernement, crient à la pénurie pour des questions de salaire et de flexibilité. ' Une pseudo-pénurie qui favoriserait
l'offshore et ' l'immigration choisie ' .
' Entre 2001 et 2004, lors de la dernière crise, de 12 à 14 000 informaticiens étrangers ont reçu une carte de séjour. Ce qui a en partie
contribué au triplement du nombre d'informaticiens demandeurs d'emploi durant cette période. '5 000 ou 20 000 emplois impactés par l'offshore ?
Pour réduire les risques de dumping social lié à l'appel d'une main-d'?"uvre étrangère à bas coût, Régis Granarolo préconise d'augmenter significativement les minima salariaux. Ce qui a été fait en
partie.
' Les minima conventionnels viennent de bénéficier d'une hausse importante étalée sur deux exercices, dit Alain Donzeaud.
Un rattrapage après un an et demi sans hausse. Si les entreprises du
secteur ont une politique rigoureuse d'évolution des rémunérations, sans envol, les salaires bougent plus vite que les tarifs. 'Quant à l'impact de l'offshore, Régis Granarolo va au-delà des 5 000 à 7 000 emplois détruits généralement admis.
' Nous somme plus proches de 20 000, auxquels il faudrait
ajouter les salariés indiens de Capgemini. Que ces informaticiens adressent les besoins du marché local ou des comptes étrangers ne change rien. ' Et quand la conjoncture s'inversera, il faut s'attendre, selon
lui, à de fortes tensions sociales.
' Beaucoup d'informaticiens sont remontés contre l'offshore. 'Pour Alain Donzeaud, les projets ' offshorisés ' restent faibles en volume.
' Je vois une progression, mais pas d'explosion sur le court terme, malgré la pression commerciale
des SSII indiennes sur le sol français. ' Selon une récente étude de l'Opiiec (l'observatoire de la branche), c'est le métier de développeur qui est le plus impacté par le phénomène en France.
' Plus un métier a une proximité client faible, plus il est soumis à pression. 'Un sujet réconcilie nos interviewés : ils contestent le mythe de la désaffection pour les métiers de l'informatique.
' Le fléchissement se situe en universités dans les filières scientifiques
telles les maths ou la physique, note Alain Donzeaud.
Les filières informatiques, elles, sont en croissance sensible en université et les écoles d'ingénieurs ne connaissent pas d'érosion de leur nombre
d'étudiants. ' Une bonne nouvelle quand on sait que les jeunes diplômés et débutants représentent un tiers des recrutements des prestataires.
' La mise en concurrence joue à plein au sein du
secteur, mais aussi avec des secteurs comme la banque ou le BTP, qui puisent dans le même vivier de jeunes diplômés '. Faute de proposer des salaires au-delà du marché, les SSII et éditeurs devront convaincre.
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