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Qu'il s'agisse de dénicher un poste, de conserver le sien ou d'échanger entre pairs, l'intérêt d'adhérer à un club, à une association professionnelle ou à un cercle d'influence n'est plus à démontrer. Quelques clés pour maîtriser cette activité chronophage, mais hautement profitable.
' Ne prononcez pas le mot réseau devant un DSI. Il l'associera inconsciemment à télécom ou à haut débit. ' Cette boutade d'un spécialiste des réseaux relationnels donne le ton. A la différence de ses confrères managers, directeur marketing ou directeur de la communication, le DSI serait tout sauf un ' réseauteur ' né. Centré sur son jargon technique, il manquerait d'entregent. Un handicap dans un monde où le QE l'emporte sur le QI, le relationnel sur le pur intellect. ' Rencontrer des gens qu'il ne connaît pas ? Difficile pour un DSI ', tranche, lapidaire, Hervé Bommelaer, consultant en outplacement et mobilité chez Leroy Dirigeants-Groupe BPI, et auteur d'un livre sur le sujet.Pour la défense des DSI, on soulignera que le blocage est national. ' Notre culture est portée sur l'individualisme et l'élitisme, juge Nicolas Thébault, fondateur du cabinet de mise en contact Tebopro, qui se définit comme un ' activateur de carrière. ' En France, on ne parle qu'aux gens de sa caste, alors que les Anglo-Saxons échangent spontanément avec leurs voisins. Un réseautage de proximité qui ouvre des horizons. '
Club, groupe, association... taper à la bonne porte
Et pourtant, les raisons ne manquent pas pour faire du DSI un activiste du réseau. Souvent isolé dans l'organigramme et placé sur un siège éjectable, il a tout à gagner à sortir de sa tour d'ivoire. Pour Hervé Bommelaer, le réseau constitue même le premier des parachutes. ' Il faut se rendre visible et ne pas rester à la place du mort. 'Entre les institutionnels ?" Cigref, Club 01 DSI ?", les structures régionales, les associations sectorielles et les clubs utilisateurs, les réseaux ne manquent pas. Sans prétendre à une quelconque exhaustivité, notre carnet de bonnes adresses (à découvrir dans les pages qui suivent), en renferme une cinquantaine. Bien sûr, adhérer à un réseau exige un investissement important et régulier en temps. Et parfois en argent. Du moins pour les entreprises. En 2001, la cotisation au Cigref, club accueillant des sociétés au chiffre d'affaires de l'ordre du millliard d'euros et dont le budget informatique dépasse 20 millions d'euros, était fixée à 15 000 euros par entreprise membre.Le DSI arrêtera donc ses choix en fonction de la taille et du secteur de son entreprise, de son profil et de l'objectif qu'il poursuit. De facto, un DSI de PME se verra fermer les portes du Cigref. Et s'il possède un profil avant tout opérationnel, il aura tout à gagner à rejoindre un club régional ou sectoriel. ' Ce type de structure va lui permettre de parler de ses problèmes, commente Jean-Michel Soyez, DSI d'Agfa France et président du Gun (Groupement des utilisateurs du Nord-Pas-de-Calais). Il y a un petit côté thérapie de groupe. Ce qui n'empêche pas un volet plus fun. 40 % des DSI du Nord jouent au golf. ' Le risque, dans ce type de cercles, est de réseauter en rond. ' Le DSI a tendance à cultiver avant tout des réseaux techniques, avec des pairs qui utilisent les mêmes technologies et rencontrent les mêmes problématiques ', déplore Dominique Turcq, fondateur de Boostzone, conseil en structuration de communautés ou de réseaux. Pour peaufiner sa dimension managériale et stratégique, le DSI gagnera à adhérer également à un groupe de réflexion (Crestel, EBG...) ou à une association en relation avec les métiers (Club MOA...).' Aucun canal n'est à négliger ', juge Philippe Tassin. Repositionné, à 53 ans, en consultant, il a été pendant vingt ans DSI, chez Air Inter et Michelin, mais aussi administrateur du Cigref, chargé d'enseignement à HEC ou expert auprès de l'OCDE. Intervenant aujourd'hui sur des situations de crise en tant que DSI par intérim, Philippe Tassin s'appuie sur ses relations. ' J'ai toujours entretenu des relations courtoises avec les fournisseurs. Les retours d'ascenseur prennent parfois des voies étonnantes. '
Soignez vos relations : ne déjeunez plus seul !
Pas question de se reposer sur ses acquis. ' Maintenir un réseau demande un effort constant, qu'il s'agisse d'intervenir dans des séminaires, d'écrire des livres ou simplement de parler lors de cocktails. ' Et un véritable investissement. ' Préparer une conférence d'une heure peut réclamer un travail de deux jours, même sur un sujet connu, avertit Philippe Tassin. Je passe rarement un week-end sans rien faire. 'Le DSI ne négligera pas non plus les relations internes. Il veillera à tisser des liens professionnels avec les directeurs des autres services. Avec une règle d'or : ne jamais déjeuner seul. ' Les rencontres informelles en vis-à-vis constituent une source d'information privilégiée ', rappelle Hervé Bommelaer.En revanche, les DSI en quête de nouvelles fonctions ne peuvent tirer parti des déjeuners d'affaires. Car, c'est un paradoxe, la plupart des réseaux n'accueillent pas les demandeurs d'emploi. Alors que c'est dans cette situation qu'ils se révèlent les plus utiles. Passé quarante ans, les candidatures spontanées comme les réponses aux petites annonces perdent fortement de leur pertinence. ' Il est temps que les clubs de DSI fassent leur révolution culturelle, renchérit Hervé Bommelaer. D'autres associations professionnelles, comme la DFCG pour les directeurs financiers, ont créé un club dédié aux demandeurs. '
Sortir du cercle trop étroit de ses proches
A défaut de pouvoir entrer dans les cercles fermés de la corporation, le DSI se tournera vers les associations d'anciens élèves ?" c'est au chômage que l'on pense à s'acquitter de sa cotisation ?" et les réseaux de type Oudinot ou Daubigny. Composés de cadres en poste ou en recherche, ces réseaux d'entraide proposent des entraînements à l'entretien d'embauche, des soirées à thème, ainsi que des sessions de rencontres express sur le Net (speed networking). Ils présentent l'avantage de réunir des professionnels de tous les secteurs. Peu de risques, donc, d'y croiser des concurrents. Nicolas Thébault observe également le principe au sein de Tebopro. Afin de constituer un esprit de promotion et de favoriser l'entraide, il réunit pendant huit semaines des cadres de tous horizons. ' Les informaticiens sont obligés d'abandonner leur jargon et de se présenter simplement en moins de trente secondes. Objectif : être compris par un enfant de dix ans. 70 % des cadres qui retrouvent un poste réussissent sur la recommandation d'une personne extérieure à leur secteur. 'Le DSI ne pourra pas non plus faire l'impasse sur la constitution de son propre réseau. Il devra respecter certains principes. Hervé Bommelaer en énumère une dizaine sur son blog. ' L'erreur du débutant, c'est de se consacrer aux liens forts, estime-t-il. A savoir, les six personnes les plus proches de soi. Ils font rarement de bons connecteurs. Le demandeur d'emploi doit être capable de sortir de ce cercle primaire. ' Pour cela, le réseautage répond à des techniques éprouvées. Tout d'abord : délimiter ses objectifs. Quel type d'entreprise souhaitez-vous intégrer ? Pour un poste à dominante technique ou de direction ? Avec une arme absolue pour étendre son réseau : la recommandation. ' Je vous appelle de la part de monsieur Untel. Si vous refusez de me rencontrer, il faudra vous en expliquer avec lui. ' C'est ce qu'on appelle le socle de confiance tacite.Pour décrocher un rendez-vous, vous pouvez tout demander... sauf un job. ' Solliciter un avis, des conseils est plus flatteur pour votre interlocuteur, conseille Hervé Bommelaer. Pour vous en faire un ami, laissez-lui vous rendre service. ' Autre mot à bannir : chômage. Evoquez plutôt un repositionnement de carrière, une transition professionnelle. Une stratégie de contournement, difficile à assimiler pour les esprits directs, mais qui a fait ses preuves. Ne perdez pas de vue que l'objectif premier constitue à créer un courant de sympathie. Au pire, vous devez sortir de votre rendez-vous avec d'autres contacts. Sachant que, selon les statistiques, il faut rencontrer soixante-dix personnes pour détecter trois pistes et décrocher un job.
Votre futur employeur : un ami de vos amis
Enfin, vous ne pouvez plus passer à côté du phénomène des réseaux sociaux en ligne. Jean-Michel Soyez et Philippe Tassin se sont inscrits, mais sans leur consacrer beaucoup de temps, ni en espérer des retours importants. En revanche, ces réseaux virtuels peuvent se révéler de grands pourvoyeurs de contacts dans le cadre d'une recherche de poste. L'effet démultiplicateur repose sur le principe ' les amis de mes amis sont mes amis '. ' Il est possible de toucher n'importe qui dans le monde en 5,2 bonds ', calcule Nicolas Thébault.Mais remplir soigneusement sa fiche, solliciter des contacts, exige un investissement en temps, et il est difficile de faire vivre plusieurs communautés simultanément. A vous de faire le bon choix, sachant que chaque site a son positionnement : l'international et ses 4,8 millions d'inscrits pour LinkedIn, un champ restreint à la francophonie pour Viaduc et pour énergies, l'Europe et l'ergonomie pour OpenBC. Bien sûr, le but est que ces contacts virtuels ne le restent pas trop longtemps et de provoquer des rencontres physiques.