T-Mobile, le Free Mobile américain

Le quatrième opérateur mobile américain, qu'Iliad souhaite acquérir, gagne des abonnés en cassant le modèle traditionnel.

T-Mobile US, qu’Iliad veut partiellement racheter pour 15 milliards de dollars, est un peu l’équivalent américain de Free. Quatrième opérateur mobile aux Etats-Unis, la société a opté pour une politique de rupture avec le modèle en place depuis des années, mettant notamment fin aux contrats de deux ans obligatoires.
Cette stratégie ambitieuse porte ses fruits. En 18 mois, T-Mobile a gagné plus de 8 millions de clients. Il vient de dépasser la barre des 50 millions. Si elle reste encore à bonne distance d’AT&T et Verizon, les deux leaders du marché avec plus de 100 millions d’abonnés, la filiale de Deutsche Telekom devrait bientôt ravir la troisième place à Sprint.
Le turbulent patron de T-Mobile
Il y a deux ans pourtant, l’opérateur est encore en grande difficultés. Privé de l’iPhone et en retard sur la 4G, il voit sa base d’abonnés fondre inexorablement. Il a notamment perdu un temps précieux en raison d’une offre de rachat de 39 milliards de dollars formulée par AT&T. Mais, neuf mois après, ce dernier avait dû renoncer à cause de l’opposition des autorités de la concurrence.Pour se relancer, T-Mobile fait alors appel à John Legere, un ancien dirigeant d’AT&T. L’homme est fantasque. Il multiplie les coûts d’éclats, comme lors du dernier CES lorsqu’il essaie de s’incruster dans une soirée organisée par AT&T. Avec ses t-shirts roses et sa veste en cuir, il ne passe pas inaperçu. Il est aussi très actif sur Twitter, n’hésitant à interpeller publiquement ses rivaux. Et son langage détonne. C’est le moins que l’on puisse dire. « Les autres opérateurs vous violent pour le moindre centime. Ces enc** vous détestent », déclarait-il très crûment en juin.
Peu après sa nomination, John Legere lance son plan de bataille. Baptisé « Uncarrier », il vise à se débarrasser de tout ce que les abonnés mobiles détestent. Il commence donc avec les engagements de deux ans. Comme chez Free, les clients de T-Mobile paient leur téléphone intégralement (d’un seul coup ou avec des mensualités). Il n’y a plus de subventions, ce qui permet d’afficher des prix inférieurs à la concurrence.
A l'image de Free, T-Mobile US casse les codes
T-Mobile rend aussi l’Internet mobile et les SMS gratuits et illimités depuis l'étranger à tous ses abonnées. Depuis le début de l’année, il rembourse les frais de résiliation si un nouveau client décide de quitter son ancien opérateur avant la fin de son contrat. Dernière initiative en date: la data consommée sur Pandora, Spotify et autres services de streaming musical n’est plus débitée du forfait.
John Legere a aussi massivement investi dans le réseau. L’opérateur reste encore en retrait face à AT&T et Verizon, mais il réduit rapidement l’écart dans les grandes métropoles américaines. Il revendique même le titre de réseau 4G le plus rapide. Dans les zones rurales en revanche, sa couverture laisse davantage à désirer.
Si elle a réussi à se relancer, la société doit prouver qu’elle peut être rentable et compétitive à long terme. L’an passé, elle n’a dégagé qu’un profit de 35 millions de dollars contre 18 milliards pour AT&T et 23 milliards pour Verizon.
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