Teads, le « Criteo de la vidéo », rêve de Wall Street

Avec son format innovant de pubs vidéo sur internet, prisé par les sites des plus grands médias, la startup française veut marcher sur les traces de son compatriote Criteo et prépare son arrivée à la Bourse de New York l'an prochain.
« On nous appelle "le Criteo de la vidéo" », explique à l'AFP Pierre Chappaz, président exécutif de la société qui accepte volontiers la comparaison avec la startup française spécialiste du ciblage publicitaire sur internet, entrée sur le Nasdaq en fanfare il y a un an.
Teads (ex Ebuzzing & Teads), fort de 350 collaborateurs dans 18 pays, a mis au point il y a deux ans une technologie qui permet d'intercaler des pubs vidéos au sein des articles en ligne des plus grands médias.Ces vidéos se déclenchent quand elles arrivent sous les yeux des lecteurs, produisent du son s'il y déplace sa souris ou s'arrêtent si, faute d'intérêt, il fait défiler la page pour poursuivre sa lecture.
Alors que les pubs vidéos devaient auparavant être insérées avant un contenu vidéo, ces publicités autonomes sont une aubaine pour les médias qui peuvent augmenter leurs recettes publicitaires sans pour autant devoir produire de coûteuses vidéos.
« On fait partie des quelques sociétés capables de déployer une campagne dans le monde entier, dans 40, 50 pays simultanément: il y a Youtube, depuis cette année Facebook, et nous », souligne le "serial-entrepreneur" qu'est Pierre Chappaz. « On travaille avec les 500 plus grands médias de la planète », relève celui qui a fondé le comparateur de prix Kelkoo ou encore Wikio, moteur de recherche d'infos dans les sites de médias.
Le Monde, Le Figaro, Les Echos, L'Express, mais aussi le Financial Times, The Economist, le Guardian, le Nikkei ou le Washington Post ont déjà adopté ce système. Teads fournit aussi à ces médias un logiciel de gestion des espaces publicitaires ("SSP" ou "supply side platform") qui leur permet d'optimiser la monétisation de leurs espaces, et permet en passant à Teads de s'assurer de leur fidélité à long terme.
De leur côté, les marques « ont la possibilité d'atteindre l'audience des médias « premium » celle qui les intéresse le plus », c'est-à-dire les internautes à qui l'on attribue des revenus confortables. Jusqu'ici, celles qui voulaient faire des campagnes vidéo au niveau mondial devaient passer par le service de vidéos en ligne de Google, Youtube, ou le réseau social Facebook qui a lancé son format "auto-play" en début d'année.
Mais ces supports ne conviennent pas à toutes les marques, notamment celles qui veulent un contexte haut de gamme: « Cartier, qui est l'un de nos clients, n'est pas intéressé par le fait de placer une pub devant une vidéo d'un gamin en train de jouer avec son chat », explique le responsable.
Malgré leur succès, la généralisation de ces vidéos qui se lancent automatiquement sur les pages des médias en ligne ou le fil d'actualité Facebook, ne risque-t-il pas de lasser l'internaute, qui n'a rien demandé ? Teads se défend d'être "intrusif" et souligne que ses vidéos publicitaires s'arrêtent dès que le lecteur repousse l'écran publicitaire hors de son champ de vision.
Transfert des budgets de publicité, de la TV vers internet
La startup, dont le siège est à Luxembourg et les équipes de développement à Montpellier et Paris, est engagée dans une course au développement international: avec des bureaux en Europe, aux Etats-Unis, en Amérique latine, Corée du Sud et bientôt au Japon.
Elle vise une entrée en Bourse vers la fin 2015 sur le NYSE (la bourse de New York) ou le Nasdaq afin de financer son développement et de gagner en visibilité auprès de ses clients aux Etats-Unis, premier marché de la publicité numérique.
Pierre Chappaz mise sur une croissance rapide. Après un chiffre d'affaires de 46 millions d'euros l'an dernier, Teads devrait atteindre 75 millions cette année pour une audience de 680 millions de personnes par mois et encore accélérer l'an prochain.
« Nous sommes sur une très grosse vague, au début du transfert des budgets de publicité TV sur internet », assure-t-il. Si la pub vidéo représente aujourd'hui 6% à 8% des budgets télés selon les pays, cette proportion « devrait monter à 20%, 30%, et peut-être plus » prédit-il.