Telecom World 2006 : l'Asie, plus que jamais incontournable
Inscrivez-vous gratuitement à la Newsletter BFM Business
En quelques années, l'Asie est devenue la région la plus dynamique de la planète en matière de diffusion des technologies de l'information. La Chine, et maintenant l'Inde, deviennent des acteurs incontournables du marché mondial des télécommunications.
Tout un symbole ! Après s'être tenu à Genève, siège de l'UIT depuis 1971, Telecom World 2006, la plus grande manifestation au monde du secteur des télécommunications, se transporte à Hong Kong. Une manière comme une autre de saluer le continent le plus dynamique en matière de technologies de l'information depuis l'éclatement de la bulle internet. Essentiellement tirée par les marchés coréens et chinois, la région est même devenue le principal débouché des équipementiers, tout en se hissant devant les États-Unis en termes de services. Une nouvelle donne qui s'explique essentiellement par le poids de la Chine. Alors que le marché stagne aux États-Unis et, dans une moindre mesure, en Europe de l'Ouest, le marché chinois recrute plus de cinq millions de nouveaux abonnés au cellulaire par mois (443 millions d'abonnés cumulés fin septembre) et 2,1 millions au téléphone fixe (369 millions d'abonnés cumulés fin septembre) ! Soit un total de 812 millions d'abonnés pour une population d'un peu plus de 1,3 milliard d'habitants.Côté internet, la Chine compte environ 150 millions d'abonnés, dont la moitié au haut débit. Et la croissance (de l'ordre de 25 % par an, soit un quasi-doublement sur la période 2001-2005) ne semble pas faiblir, même si la facture des consommateurs reste très éloignée des standards occidentaux (dans le cellulaire, le revenu moyen par abonné est de l'ordre d'une dizaine de dollars par mois). Il n'empêche que la dynamique est bien réelle, notamment parmi les internautes chinois, les plus assidus au monde (17,9 heures par semaine, selon Ipsos Insight, contre 11,4 heures pour les internautes américains). ' La moitié du temps de travail en France ', plaisantait Yan Wang, vice-président de Sina, le premier portail internet chinois, lors des dernières Journées internationales de l'Idate. En conséquence, la publicité en ligne commence à décoller : selon Shanghai iResearch, le marché publicitaire chinois (hors moteurs de recherche) aura plus que doublé en deux ans et dépassé les 500 millions de dollars en 2006. Le seul secteur des services de télécommunications a représenté en 2005 le quart du produit intérieur brut chinois (soit 2,1 %).
Huawei et ZTE marquent des points à l'étranger
Au-delà des services, la Chine est également le théâtre d'une intense bataille entre équipementiers même si les constructeurs locaux (Huawei, ZTE, Datang et China Putian) doivent aussi compter avec les grands manufacturiers occidentaux. Un contexte dans lequel Huawei et ZTE, les deux principaux ' champions nationaux ', marquent des points hors de leurs frontières, essentiellement dans les pays émergents, voire jusqu'en Europe occidentale (Huawei a notamment été retenu par Vodafone pour lui fournir des stations de base UMTS en Espagne). Déjà très présents en Afrique (Libye, Mauritanie, Égypte, Mali, Algérie, Côte d'Ivoire, Liberia, Nigeria, Sierra Leone et Éthiopie), ZTE et Huawei s'y sont encore renforcés à l'occasion du récent sommet Chine-Afrique, qui s'est tenu début novembre à Pékin. Forts du soutien de leur gouvernement dans ces différents pays, les deux constructeurs y sont d'autant plus actifs que le marché intérieur s'est nettement dégradé au cours de ces deux dernières années, et que les licences de troisième génération de téléphonie mobile n'ont toujours pas été attribuées.
Un positionnement difficile à évaluer
Au-delà de la curiosité que ZTE et Huawei suscitent, et malgré leur impressionnante panoplie de produits, tant dans le fixe que dans le cellulaire (GSM, CDMA et W-CDMA), difficile de les positionner réellement sur l'échiquier mondial. Bien qu'ils soient particulièrement compétitifs en termes de prix, on a du mal à se forger un jugement définitif. ' Ils sont jusqu'à 30 % moins chers sur certains appels d'offres, mais sans réelle vision stratégique à moyen terme, estime un constructeur occidental. Avec l'arrivée du NGN et le déploiement de l'IMS, c'est un handicap en matière d'évolutivité et de protection des investissements, notamment pour les grands opérateurs. 'Une analyse qui expliquerait, en partie, leurs succès dans les pays émergents ou pour des réseaux de taille relativement modeste, tandis que les poids lourds du secteur font appel à eux de façon beaucoup plus sélective, notamment pour ce qui est des technologies de dernière génération.Au-delà du marché chinois, l'Asie reflète des facettes extrêmement diverses. Malgré son économie qui stagne, le Japon demeure un acteur important dans le cellulaire, quoique NTT DoCoMo ?" qui n'est pas vraiment parvenu à imposer l'i-mode au-delà de ses frontières ?" ait perdu de sa superbe face à KDDI et Softbank (qui a racheté, début 2006, J-Phone, la filiale japonaise de Vodafone).Dans le fixe, le Japon est en pointe dans le FTTH (environ 3,5 millions d'abonnés chez NTT, qui parie sur 10 millions en 2010), dont la dynamique de croissance est désormais supérieure à celle de l'ADSL. Autre pays à privilégier le très haut débit : la Corée. Forte du soutien des pouvoirs publics, la péninsule affiche même le meilleur taux de pénétration de la planète en ce domaine (de l'ordre de 80 % en panachant ADSL, VDSL et FTTH) grâce au dynamisme de ses fournisseurs d'accès (KT, Hanaro, Dacom ou Powercom). Sur un autre registre et dans un univers extrêmement cloisonné, signalons les efforts à l'international de Singapour Telecom, l'opérateur de la ville-État (dont la filiale Optus est bien implantée en Australie), qui dispose d'une kyrielle de participations minoritaires en Asie du Sud-Est.
L'Inde devrait bientôt faire parler d'elle
L'Inde, de son côté, devrait prochainement faire parler d'elle. Après le boom de l'informatique offshore, le marché indien des télécommunications, notamment dans l'univers des mobiles (avec un développement d'autant plus important que la pénétration y est très faible), devrait enregistrer une croissance spectaculaire dans les années qui viennent.Inversement, les opérateurs occidentaux, à l'exception des participations minoritaires de Telefónica dans China Unicom (4,9 % qui pourraient être portés à 10 %) et de Vodafone dans China Mobile (2 %), se montrent fort discrets en Asie. Mais le paysage est loin d'être figé.