L'année 2006 sera-t-elle celle de l'aménagement numérique du territoire et des réseaux à très haut débit ? Lors de ses v?"ux aux forces vives et à la presse, le président de la République entendait ' permettre à nos industriels des télécommunications de lancer des programmes d'équipement pour le très haut débit '. De son côté, le maire de Paris a annoncé qu'il souhaitait équiper la capitale en très haut débit et lancer dès 2006 une consultation. Il est temps de nous engager résolument dans cette voie tracée par le Japon et la Corée du Sud et suivie par les Etats-Unis et d'autres Etats européens. L'enjeu : acquérir un avantage compétitif et transformer la société, favorisé par la dynamique réseaux-usages-services. Mais Valérie Chaillou, analyste à l'Idate, précise, dans les colonnes de L'Expansion, que le montant de ces investissements est tel qu'il devrait être confié à un seul opérateur et que, à l'exception des métropoles disposant des infrastructures et des concentrations adéquates, il sera nécessaire que les collectivités interviennent et/ou que les différents acteurs mutualisent leurs déploiements. A l'image de France Télécom, qui a dévoilé en janvier sa stratégie ' Fiber to the home ' (FTTH) ou ' fibre optique au domicile ', organisée autour de pôles d'expérimentation à Paris et dans les Hauts-de-Seine. Une offre triple-play THD proposant des services haute définition (TVHD, VOD, visioconférence, jeux, etc.) pourrait être commercialisée à 80 euros par mois.
Les autoroutes de l'information ont favorisé la concurrence
La déréglementation des télécoms, la loi sur la confiance dans l'économie numérique (LCEN), la transcription du ' paquet télécoms ' ont traduit la volonté de l'Etat de décentraliser cette compétence et de donner aux collectivités locales les outils pour l'exercer. Dès les années 90, Nancy, Toulouse, et d'autres, s'étaient engagés dans la construction de réseaux THD, suivis au début des années 2000 par l'Ile-de-France via le Sipperec. Ces autoroutes de l'information ont satisfait les besoins de groupes fermés d'utilisateurs, puis favorisé le développement de la concurrence et le dégroupage. Depuis, les initiatives locales se multiplient, offrant à l'occasion du haut débit dans des zones mal couvertes par le xdSL. Mais il existe deux projets en rupture : Pau Broadband Country (2003), et le Très Haut Débit 92, développé par les Hauts-de-Seine (2006). Ces projets engagent leurs territoires dans un aménagement public de type FTTH et lancent des alternatives pouvant inspirer d'autres collectivités.Favorable à l'intervention des collectivités
Sur quel modèle se baser ? Faut-il encore observer le marché, attendre le ' time to market ' des opérateurs, puis compléter par l'investissement public les zones ' non rentables ' pour revenir, in fine, à une situation de monopole ou d'oligopole ? Je ne le crois pas. L'intervention publique est primordiale pour parvenir, comme le souligne le rapport de présentation du THD92, à ' créer les conditions techniques et économiques favorables au foisonnement d'une offre de services compétitive et créatrice de valeur ajoutée '. Des conditions que ne peuvent assurer seuls les opérateurs soumis aux pressions concurrentielles et financières. Et, dans le contexte flou du dégroupage de la boucle optique, les objectifs de service public ?" couverture du réseau, ouverture à l'ensemble des acteurs, etc. ?" pourront ainsi être garantis. Combien de temps faudra-t-il pour que les acteurs publics locaux se mobilisent et que la France dispose intégralement de ces réseaux, creusant, entre-temps, la fracture numérique et rendant à chaque fois plus difficile la mise en cohérence de ces initiatives ? N'était-ce pas l'initiative publique et la péréquation portées au plan national qui avaient permis à la France de disposer d'un des réseaux de communications les plus modernes et performants au monde ? Quelles politiques publiques, nationales, régionales traduisent une volonté forte en la matière ? Sans attendre la réponse à ces interrogations, il est souhaitable que les initiatives locales, vertus de l'exemple et terrains d'expérimentation, se développent, même au plan communal, et qu'elles soient soutenues.* directeur des systèmes dinformation et de télécommunications de la commune de Fontenay-sous-Bois. Après la téléphonie sur IP, il met actuellement en ?"uvre un projet de boucle locale en fibre optique.
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