Tour du monde des projets d'e-santé

Avec le dossier médical personnel, la France est plutôt bien lotie en matière de santé numérique. Qu'en est-il dans les autres pays qui travaillent sur des projets semblables ?
La nouvelle mouture du dossier médical personnel, officiellement lancé la semaine dernière, nous incite à faire le point sur les grands chantiers d’e-santé à l’étranger. Voici donc un tour du monde des projets de télémédecine et de gestion de dossiers électroniques des patients, avec Steven Andlauer, directeur du pôle stratégie et prospective télécoms à l'Idate, intervenu en novembre dernier lors des Secondes Assises des technologies numériques de santé.
France : pas si mal lotie

Après un premier échec, le DMP (dossier médical personnel) renaît de ses cendres. Sur le fond, il conserve les mêmes fondamentaux, mais sa maîtrise d’ouvrage a été centralisée (et confiée à l’Asip Santé). Cette seconde édition s’appuie sur les expériences de projets régionaux résultants de la tentative précédente, mais qui, eux, ont connu la réussite.
Royaume-Uni : un échec

Résultats plus que partagés pour les trois gros projets nationaux lancé en 2005 (dossier médicaux centralisés, système de collaboration interpraticiens et réseau haut débit de santé). La Cour des comptes britannique pointe le manque de fonctionnalités cliniques obtenues pour un coup estimé à 20 milliards d'euros. La gouvernance des projets a perdu la confiance des médecins.
Allemagne : une reprise en main par les régions

En 2010, le gouvernement a suspendu son projet de carte à puce de santé à l’échelle nationale suite aux luttes de pouvoir entre l’assurance maladie et les associations de médecins et de pharmaciens. Sans compter les problématiques de protection de la vie privée. Les projets se poursuivent cependant en région, via des partenariats public-privé.
Espagne : des plates-formes raccordées

En mars 2010, le ministre de la Santé a annoncé que les 17 communautés autonomes espagnoles seraient raccordées à la même plate-forme d'e-santé d'ici à la fin de l'année 2010. Seuls l'historique des visites et celui des prescriptions médicales sont amenés à être partagés.
Europe : vers l’interopérabilité des dossiers

Parmi les nombreux projets européens, retenons Epsos, qui regroupe 27 institutions de 12 pays ainsi que des industriels de premier plan (Cisco, Intel, IBM…). Objectif : l’interopérabilité des dossiers de patients. Trente-six pilotes seront lancés en 2011.
Par ailleurs, l’Europe a annoncé en novembre dernier qu’elle consacrerait 270 millions d’euros à l’e-santé pour 2011-2012. Enfin, citons, parmi les objectifs fixés dans le cadre de l'agenda numérique, une télémedecine devenue courante en 2020 et la signature, dans les mois à venir, d'un accord d'intention d’interopérabilité des données médicales avec les Etats-Unis.
Inde : un réseau satellitaire pour raccorder les établissements

Le sous-continent s'est lancé très tôt dans les réseaux de télémédecine, avec, d'un côté, une approche gouvernementale et de l'autre, un projet d'envergure privé. Mais aucun des deux n'a encore atteint une masse critique. Sous l'égide de son Agence spatiale, l’Inde utilise un réseau satellitaire pour connecter une soixantaine d’hôpitaux urbains, ainsi que des établissements hospitaliers et des centres médicaux en zone rurale et des unités médicales mobiles. Le système, qui est utilisé pour les consultations, se heurte principalement au manque de qualification des manipulateurs dans les régions isolées.
Japon : la robotique d'assistance avant tout

La réforme du système de santé est en cours. Le pays cible d’abord la prévention et la robotique d'assistance. NTT et certains équipementiers ont déjà lancé des offres commerciales grand public (pour mesurer le rythme cardiaque sur son mobile, par exemple). D'autres laboratoires développent un système de surveillance pour les patients isolés dans les îles.
Australie : tout reste à faire

Elle vient d’allouer en mai dernier 340 millions d'euros sur deux ans pour l'introduction du dossier patient électronique. En novembre, des appels à proposition pour les éditeurs souhaitant l’intégrer ont été lancés.
Canada : pour le meilleur et pour le pire

Déploiement à grande échelle pour ce pays : 182 projets sont référencés, en cours ou terminés. La plus grande partie, une cinquantaine, concerne la télésanté. Le Québec et l'Alberta sont parvenus à déployer un dossier électronique pour la quasi-totalité de leurs habitants. L'Ontario, par contre, a été le théâtre d'un scandale massif en octobre 2009 : après dix ans et 740 millions d’euros dépensés pour les e-dossier, un rapport a dénoncé, en octobre 2009, le manque de direction stratégique et l'emploi immodéré de consultants.
Etats-Unis : trop tôt pour un bilan

La première phase de déploiement et d'évaluation du dossier électronique, qui repose sur une incitation financière, a débuté en octobre 2010 et durera un an. Il est encore trop tôt pour dresser un bilan. Par ailleurs, 9 milliards d'euros ont été alloués pour l'élaboration d'un réseau national de santé en haut débit. Mais la gouvernance de ce projet reste encore à établir.
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Cuca4321
La solution Belge ne permet que le transfère de données ou le destinataire est connu. Le partage se fait par requête de données de différents sources et la centralisation dans le système du demandeur. Comme les données ne sont pas toujours dans un format compatible, leur intégration est parfois impossible. D'ailleurs, si on parle de piraterie, pourquoi ne pas expliquer aux lecteurs de ce journal l'immense trou de sécurité qu'il y a dans tous les plateformes eHealth présentés (dans l'article). La vie privée des patients est très peu protégée dans ces plateformes. Certaines misent sur la transmission de données, utilisent des algorithmes d'encryptage, des VPN, KPI, etc., mais les données sont enregistrés sans aucune protection. Il est suffi d'entrer dans le serveur (légalement ? comme les administrateurs, ou illégalement) et ouvrir les fichiers comme on ouvre les documents words dans notre PC. D'autres stratégies de sécurité sont plus avancés et encryptent les fichiers pour les enregistrés, mais ces mêmes fichier sont décryptés par l'administrateur et re-encryptés avec la clé publique du destinataire. En pratique, si l'administrateur peut décrypter le fichier, c'est le même que si le fichier etais enregistré sans aucune protection. Certes, il est protégé contre les attaques illégaux (si la clé de décryptage n'est pas enregistrée dans le même serveur :-) ), mais les accès légales sont toujours possible. Comme patient, tu peux te retrouver dans un « big brother », où le gouvernement peut tout savoir et a tout moment.
J'ai regardé un peux les travaux faits aux Luxembourg et en Autriche et ils ont une solution qui me semble beaucoup mieux que celles des autres pays. A voir la suite? -
Honnête pirate neutre
Je pense que pha est peut-être mal informé. Des progrès extrêmement importants ont été réalisés ces deux dernières années. Une approche distribuée privilégiant la communication de système à système a été choisie. 5 réseaux de santé (Hubs) loco-régionaux soutenant par les acteurs de terrain ont été créés et sont reliés par un meta-hub créé par la plateforme E-Health. Une batterie de 28 web services permet dès à présent un échange de données à large échelle.
Des initiatives complémentaires au niveau de la première ligne (Eesrtelijnkluis, Intermed) sont en développement. L'identifiant santé (NISS) a été légalement désigné. La prescription électronique ambulatoire sera déployée en 2011 et un plan concret et ambitieux portant sur l'interopérabilité sémantique est en cours d'opérationalisation. Une procédure de certification des logiciels ambulatoires garantissant une large interopérabilité existe depuis 8 ans. Un plan quinquennal destiné à booster la modernisation télématqiue du secteur hospitalier attend un nouveau ministre pour démarrer.
2011 devrait rendre enfin toutes ces années d'intensive préparation visibles au niveau du citoyen. Voir par exemple: https://www.reseausantewallon.be/default.aspx
La Belgique est par ailleurs rentrée et jouera un rôle majeur dans tous projets qui comptent au niveau Européen (Epsos, Ehealth governance initiative, Storck etc..). -
Philippe_Galipon
Ce "tour du monde" des des DMP meriterait d'etre plus exhaustifs
Deux problematiques doivent etre prises en consideration:
- Un systeme de partage des données médicales qui respectent strictement la confidentialité et a ce titre un stockage centralisé des dossiers est - il le seul choix et le bon choix?
- Quel systeme promouvoir Un Dossier Medical Professionnel (pour professionnels de santé), ou un dossier personnel de sante ou le patient serait reelement acteur de sa santé ?
Les Pays-Bas,la Suede, l'Autriche, la Lombardie, Rhode Island /Long Island la Suisse, etc.. ont fait le choix d'un systeme de dossier medical à base de pointeurs internet via une bibliotheque d'index medicaux. Pour certains de ces pays, la lois interdit la centralisation des données médicales
En Allemagne, la centralisation des données médicales recoit actuellement une forte opposition des associations de consommateur http://phppetition.schoepfwerk.net/
et des syndicats medicaux
La France a fait pour la deuxieme fois le pari d'un dossier centralisé
Actuellement , en Picardie ou le DMP existe depuis plus de 2 ans , seul 13,5% des médecins acceptent de l'utiliser et pour 100 000 dossiers créés, il y a en moyenne 2 dosuments par dossier !
La nature meme du DMP , réservé aux seuls médecins (le patient n'y ayant pas accès pour le moment)est voué a l'echec car la nature de la maladie a changé: de l'aigue , nous sommes passés a la maladie chronique dont l'etiologie demontre que 60% des facteurs aggravant depend du style de vie du patient ( alimentation, exercice physique, observance de ses traitements, stress, ....)
Seul un dossier personnel de sante muni d'outil de gestion personnel de santé, de suivi et d'indicateurs pour le patient - sous controle de ses médecins -, dans le cadre d'un "contrat therapeutique " permettra une amelioration de la prise en charge et aussi des couts -
pha
La carte à puce SIS de chez Zetes existe depuis bien des années chez nous. Des projets de dévolepment de dossiers patients centralisés sont réalisés entre certaines institutions privées mais au niveau e-governement nada! Des sujets, des projets étalés mais jamais concretisés à l'image de la gouvernance minestérielle belge! "Avec le temps..."
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