Google, Apple, eBay... entente généralisée sur les embauches entre les géants du web

Des dizaines d’entreprises se sont entendus pour ne pas se débaucher leurs salariés. Des emails de Google et d’Apple montrent la genèse de ces petits arrangements entre concurrents.
Alors que Google, Apple et cinq autres sociétés sont toujours dans le collimateur d’une « class action » pour entente sur les embauches et les salaires, le site Pando Daily a publié toute une série de documents compromettants qui montrent l’étendue réelle de cette pratique illégale. Ainsi, il semblerait que le nombre de salariés ayant été floués dans cette affaire dépasserait... le million.
En effet, les noms de dizaines de noms se retrouvent dans des documents où Google dresse la liste des entreprises où il ne faut pas débaucher le personnel, ou alors avec des pincettes et en demandant la permission au service RH. Au-delà des noms déjà connus - Apple, Intuit, Adobe, Intel, Lucasfilm, Pixar - on découvre plein d’autres marques du secteur high-tech : Paypal, Microsoft, Comcast, Invidia, eBay, OpenTV, AOL, IBM, Lycos, NTL, Clear Channel, Earthlink, etc. Chez Google, en 2008, la liste des entreprises dites « sensibles » s’étend sur neuf pages.
Steve Jobs a menacé de déclarer « la guerre »
Le but de cette entente était d’éviter une guerre des embauches, avec pour conséquence une flambée des salaires. Cela se voit dans les emails que les directions se sont échangés au début de l’affaire. Ainsi, dans un courriel datant de 2005, Sergey Brin explique avoir discuté avec Steve Jobs. Celui-ci était très énervé, car Google avait tenté de débaucher des personnes de l’équipe Safari. Le PDG d’Apple lui aurait dit : « Si vous embauchez une seule de ces personnes, c’est la guerre. » Peu de temps après, un pacte de « non-agression » a été scellé.
Dans un autre email de 2005, Eric Schmidt relate une discussion téléphonique avec Meg Whitman, PDG d’eBay. Celle-ci lui a dit tout le mal qu’elle pensait de la politique de recrutement agressive de Google, générant une véritable inflation des salaires dans toute la Silicon Valley. Par la suite, Eric Schmidt a tout fait pour « régler » ce problème (« get this fixed »).
Pour les salariés de toutes ces entreprises, c’est évidemment une mauvaise nouvelle. Cela signifie que le marché d’emploi dans lequel ils ont évolué pendant plusieurs années était totalement pipé et qu’ils auraient pu, le cas échéant, profiter d’une meilleure carrière.
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