Trois sociétés high-tech bichonnent leurs collaborateurs
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Microsoft, Cisco et Deloitte font en sorte que leurs employés se sentent bien au travail. Voici quelques tuyaux, qui peuvent inspirer d'autres entreprises.
Dans la catégorie IT, la première place est attribuée à... Microsoft, suivi par Cisco et Deloitte. Publié en mars dernier par le Great Place to Work Institute, le ' palmarès des entreprises où il fait bon
travailler ' récompense, tous secteurs confondus, les sociétés en France particulièrement douées pour motiver leurs troupes (voir le site
www.greatplacetowork.fr). Fort de ce constat, 01 Informatique a voulu en savoir plus sur les coulisses de ces boîtes high-tech qui chouchoutent leurs salariés. Il a
interviewé leurs DRH, ainsi qu'une poignée de collaborateurs épanouis au travail. Il n'existe, bien sûr, aucune recette miracle. Le vrai défi consiste à prendre par la main le salarié tout le long de son parcours professionnel. Exemples.
Un séminaire d'intégration à l'étranger
Les méthodes de recrutement utilisées donnent aux candidats une première image de l'entreprise. Mais la façon dont ils vont faire leurs premiers pas dans la société se révèle décisive. Réussir l'intégration d'un nouveau collaborateur,
c'est déjà lui donner envie de rester et de s'engager. Un tel accueil est souvent le résultat d'un subtil mélange de sérieux et de convivialité. Pour ce, Deloitte a mis en place un dispositif très élaboré. Après une visite des locaux, les nouveaux
embauchés passent une demi-journée avec des collaborateurs à discuter de manière informelle. Plus original, ils participent (par groupes d'une centaine de personnes) à un séminaire de formation de deux semaines à Djerba, en Tunisie.
' Ils ne reviennent pas le week-end, insiste Frédéric Moulin, le DRH. C'est un moyen convivial de développer un esprit de promotion. Ils découvrent les valeurs de Deloitte, son histoire et ses
métiers. ' Pour finir, les nouveaux sont parrainés la première année par des cadres expérimentés, sans lien hiérarchique entre eux.
Au moins une formation offerte par an
Comment éviter qu'un salarié soit tenté d'aller travailler chez le concurrent ? En lui donnant envie de rester ! Facile à dire. Dans les faits, l'aider à bien gérer sa carrière reste primordial. Pour cela, les entreprises sont de
plus en plus nombreuses à professionnaliser leurs pratiques en matière d'entretiens d'évaluation, s'appuyant notamment sur les managers pour évaluer les compétences et le potentiel des salariés. Chez Microsoft, les managers ont été formés à la
conduite de ces entretiens. Comme les collaborateurs, ils passent des entretiens en début, milieu et fin d'année. L'occasion de fixer des objectifs de travail et d'envisager les moyens à mettre en ?"uvre pour les atteindre : formation,
coaching, etc.Pour faire évoluer les compétences des personnes, dans un secteur où, plus qu'ailleurs, il s'avère essentiel de s'adapter au rythme effréné du développement des nouvelles technologies, la formation représente aussi un facteur de
motivation. Ainsi, il n'est pas étonnant de constater que les trois sociétés en tête du classement y investissent plus d'argent que ce que leur impose la loi (1,6 % de la masse salariale, pour les entreprises et les établissements de dix
salariés ou plus). Jusqu'à cinq fois plus pour Deloitte. De son côté, Cisco a monté sa propre université interne, et chaque salarié suit au moins une formation par an. Des séminaires sont organisés chaque mois pour permettre à tous les
collaborateurs de connaître les nouveaux produits et de bien les positionner sur le marché. Certains cours restent accessibles sur l'intranet après le stage. Pascal Eymin, directeur commercial chez Cisco, douze ans d'ancienneté, a participé à une
formation de dirigeant avec une vingtaine de managers européens durant une semaine. ' C'est une excellente occasion de partager des bonnes pratiques et de se créer un réseau au sein de l'entreprise, affirme-t-il.
Cela nous aide aussi à nous exprimer en anglais et à améliorer nos performances en tant que managers. 'De même, Deloitte et Microsoft mettent l'accent sur l'encadrement. Véronique Subileau, de chez Deloitte, a vivement apprécié la formation délivrée par l'Institut du management. Elle y a appris quelques fondamentaux (les techniques de
prise de parole en public, d'animation de réunions, etc. ), mais a surtout été séduite par les conférences mensuelles animées par des personnes étrangères aux métiers de Deloitte. ' La dernière fois, un écrivain nous a raconté
comment il trouvait l'inspiration... Cela m'a complètement sortie de mon quotidien. C'est un moyen agréable de s'ouvrir à d'autres domaines que l'informatique ', raconte-t-elle, emballée. Chez Microsoft, un manager
participe aux formations métier, mais aussi à des stages de développement personnel (anglais, par exemple) ou imposés à tous les managers du groupe. En début d'année prochaine, ils se verront sensibilisés à la gestion de la diversité, qui influe
autant sur le recrutement que sur la mobilité interne.Microsoft a même été plus loin, en instaurant un vrai programme de coaching. ' Avec ce type d'approche, les collaborateurs se montrent beaucoup plus actifs. Ils sont amenés à se poser eux-mêmes les bonnes
questions sur leur parcours ', souligne Richard Cuif, le DRH. Pour ce faire, une quinzaine de coachs externes ont été mis à la disposition des 160 managers du groupe. Lors de trois entretiens de deux heures chacun, ils ont pu
aborder avec eux divers points, comme leur environnement de travail ou leurs compétences de managers. Ils ont aussi discuté de leur propre développement individuel, juste avant de passer leur entretien annuel. ' Cela incite à
prendre du recul par rapport à son parcours, se réjouit Brigitte Penot, cinq ans d'ancienneté chez Microsoft. On ne s'accorde pas si souvent le temps de le faire. 'Car, tôt ou tard, les collaborateurs ressentent légitimement l'envie de changer de poste et de prendre des nouvelles responsabilités. D'ailleurs, les informaticiens déplorent fréquemment le manque d'opportunités en interne. Pour
encourager la mobilité, chaque entreprise applique sa formule. L'intranet forme de plus en plus un moyen d'informer sur les postes disponibles. Ainsi, chaque mois, Microsoft envoie dans ce but une lettre électronique à ses équipes. Pour sa part,
Deloitte a choisi en plus d'impliquer ses managers. Ils sont chargés d'aider des collaborateurs moins expérimentés à s'orienter dans l'entreprise. ' J'encadre trois personnes. Ce rôle me plaît beaucoup, parce que j'ai la fibre
des ressources humaines, raconte Véronique Subileau. Je trouve intéressant de réfléchir avec eux, à partir de mon expérience, à leur plan de carrière. Je sers un peu de modèle et d'exemple. '
La satisfaction des salariés mesurée
De façon générale, les DRH sont tenues, comme les autres directions de l'entreprise, de mesurer l'efficacité de leurs actions. Pour cela, elles mettent en place une série d'indicateurs. C'est pourquoi, depuis environ quatre ans, Mark
Hamberlin, le DRH de Cisco, est jugé, lors de son entretien d'évaluation, sur sa capacité à faire en sorte que son équipe apporte un service en cohérence avec les impératifs du business. ' Cela fait partie de la
culture ', assure-t-il. Pour que les salariés bénéficient de bonnes conditions de travail et se sentent bien dans l'entreprise, Cisco effectue un sondage auprès d'eux tous les deux ans. Ils répondent à des questions très
diverses sur la rémunération, les avantages sociaux ou leurs relations avec leurs supérieurs hiérarchiques. Ces baromètres ne présentent d'intérêt que s'ils débouchent sur des actions concrètes. Voici deux ans, les salariés ont réclamé que Cisco
célèbre un peu mieux les succès dans l'entreprise ?" un contrat signé, par exemple. Dès lors, Cisco a décidé de marquer le coup et de récompenser les bons élèves, entre autres en organisant un pot pour mettre en valeur un projet bien mené.
Même scénario chez Deloitte, qui, lors du dernier sondage cette année, a posé pas moins de 86 questions à ses collaborateurs. Lesquels ont exprimé leur désir de pouvoir mieux concilier vie privée et vie professionnelle, et d'améliorer certains
points de fonctionnement tels que les délais pour réparer un ordinateur en panne.
Un rythme de travail adapté à sa vie privée
L'environnement et les facilités offertes (salles de sport, conciergeries, lavage de voitures, etc. ) contribuent, certes, à créer des conditions de travail favorables pour les salariés. Mais le rythme et, surtout, la flexibilité des
horaires ont leur importance. Bien équipés (PC portable, accès internet à haut débit à la maison, etc. ), les collaborateurs apprécient beaucoup de pouvoir aménager leur temps de travail pour fuir les embouteillages ou profiter de leurs enfants.
' J'adapte mon rythme de travail à ma vie privée ', résume Brigitte Penot, chez Microsoft. Pascal Eymin, lui, habite Lyon et gère chez Cisco une équipe de huit personnes, dispersées entre Paris, Lyon,
Lille et Toulouse. Il recourt au télétravail ?" une liberté qui n'a pas de prix. ' Je peux m'autoriser une certaine flexibilité dans mon emploi du temps, et travailler en horaires décalés pour voir ma famille le
soir ', raconte-t-il.Par ailleurs, toutes les initiatives qui favorisent le partage de bons moments entre collaborateurs sont les bienvenues. Nul besoin de sortir le grand jeu. Parfois, de bonnes idées suffisent... Chaque mois, Cisco organise des
petits déjeuners pour fêter les anniversaires de ses employés. Pendant deux heures, John Chambers, le PDG, répond alors à leurs questions. Soit en les rencontrant à San José pour ceux qui travaillent sur place ou sont de passage, soit par
visioconférence. Une occasion de discuter directement avec lui de manière informelle. Et Deloitte n'hésite pas à proposer deux fois par an des activités ludiques. Récemment, tout un service a suivi des cours de cuisine et d'?"nologie. Au final,
les quarante participants ont dîné ensemble pour déguster les mets préparés par chaque équipe pendant l'atelier. ' C'est un bon moyen de mieux se connaître et d'intégrer les nouveaux venus ', résume
Alice Tamarelle, auditrice et consultante arrivée en novembre 2004 au sein du cabinet.s.chicaud@01informatique.presse.fr