Tu sérendipites ou tu procrastines ?

[Blog] Le surf perso au bureau est-il un gouffre pour la productivité ou le terreau de l'innovation ? Dilemme?
Internet aura remis au goût du jour deux termes qui, en dépit de leur sonorité étrange, n’ont rien de grossier : sérendipité et procrastination. Le premier est un néologisme issu d’un mot anglais du XVIIIème.
La sérendipité consacre l’art de réaliser une découverte de façon inattendue, très loin de l’objet de recherche initial. On lui doit la radioactivité ou le vaccin contre le choléra et plus, proche de nous, la bande Velcro, le Post It et… le Botox.
Appliquée à internet, la sérendipité désigne tous ces trésors enfouis – articles, logiciels, chansons, vidéos - que l’on déniche par hasard au détour d’un lien. Les outils du web 2.0 favorisent ce zapping fructueux.
Plus connue, la procrastination désigne la tendance pathologique à remettre systématiquement à demain le travail que l’on peut faire le jour même. A la différence du paresseux, le procrastinateur est un perfectionniste qui, n’acceptant pas l’idée de rendre un résultat imparfait, le diffère sans cesse. Le web offre à ces retardataires chroniques un océan d’opportunités et d’excuses.
De sens a priori contraires, ces deux termes ne sont en fait que les deux mamelles d’un même comportement d’internaute. En procastinant sur le web, on peut tout à fait sérendipiter. Inversement, une navigation web au long cours peut, sous couvert de sérendipité, n’aboutir qu’à de la procrastination.
Le surf perso au bureau = 29,5 jours de perdu ?
Les entreprises doivent habilement juger ce qui relève de l’un ou de l’autre. Faut-il encourager le surf au bureau ou l’encadrer à travers d’une charte ? Schizophrènes, nos capitaines d’industrie ne savent plus sur quel pied danser. Prônant l’open innovation, ils demandent à leurs salariés de s’investir dans les médias sociaux tout en s’effrayant de la chute de productivité que cela entraîne.
Selon la dernière enquête réalisée par Olfeo, par ailleurs spécialiste du filtrage sur internet, les salariés ont passé l’an dernier 94 minutes par jour sur le web, dont 63 % à des fins personnelles. Soit 29 jours et demi.
Ces jours ont-ils été réellement perdus pour l’entreprise ? Pas sûr. Un petit tweet peut en cacher un gros. Tout en uploadant sur Facebook les photos de la petite dernière vous tomberez, peut-être, au fil des post sur l’idée de business du siècle.
Tweet-
jygermain
Pour une sérendipité sans procrastination :
Réfléchissons autour de la célèbre remarque de Louis PASTEUR : "le hasard ne favorise que les esprits préparés", et pour aller plus loin, posons-nous la question : comment "préparer les esprits"?
A mon avis, plusieurs écueils sont à éviter :
- confondre sérendipité et hasard (Christophe COLOMB a découvert l'Amérique par sérendipité, mais pas par hasard ! et il en est de même pour le Post-It, la Viagra, le Velcro, le Carambar, etc. ?)
- imaginer qu'il n'existerait qu'une seule forme de sérendipité
- s'en remettre à la chance, et exclure toute forme de préparation, d'apprentissage
- ?
Dans leurs excellents ouvrages sur la sérendipité, Pek van Andel et Danièle Bourcier suggèrent 40 catégories pour répartir les cas de sérendipité ? intéressant pour des chercheurs, difficile à utiliser en entreprise, en formation ?
Je propose une classification simple et claire dont l'objectif est de favoriser la compréhension de survenance du phénomène, l'identification des facteurs de succès et des freins. Ce travail nous a permis de construire une approche d'outils de créativité et d'accompagnement de l'innovation ? (pour davantage d'informations, voir mon blog http://innovationetserendipite.wordpress.com/)
Cette classification répartit les cas de sérendipité en 6 types :
Type A : Découvert en cherchant autre chose
Type B : Découvert suite à une erreur ou par maladresse
Type C : Découvert par nécessité ou par contrainte
Type D : Découvert par l'attention portée aux clients
Type E : Découvert par analogie, en observant autre chose
Type F : Découvert en ne cherchant rien
Chacun de ces types, en analysant des cas de sérendipité s'y rattachant, permet de déterminer des facteurs de succès, et de construire des solutions de formation, de conseil et d'accompagnement pour le management ; ces solutions, originales, et personnalisables, permettront de tirer le meilleur profit de la sérendipité, car, comme le disait Pasteur, « le hasard ne favorise que les esprits préparés ».
jy germain / innovationetserendipite.wordpress.com
Votre opinion