Twitter, ou l’oiseau qui veut se faire aussi gros que Facebook ?

Similaires par certains côtés, Twitter et Facebook n'ont pas du tout vécu la même entrée en bourse. Le site de micro-blogging doit encore prouver qu'il est de taille à rejoindre la cour des grands.
Les IPO (i.e. les entrées en bourse) se succèdent et ne se ressemblent pas. Souvenez-vous, il y a presque deux ans, une éternité, Facebook entrait en bourse. Une introduction mouvementée, très controversée. Un cours d’introduction à 38$, qui chute quelques mois plus tard à 18$, pour se redresser, et flirter aujourd'hui avec les 60$. Et maintenant, jetez un œil à Twitter et à son IPO beaucoup moins chahutée. Une introduction à 44.9$, suivie d’une progression rapide au-delà de 70$, et la chute, brutale, de ces derniers jours, de plus de 25%. Voici donc deux réseaux sociaux d’influence mondiale, deux histoires si proches, et deux parcours en bourse qui divergent. Pourquoi ?
Deux sociétés qui basent leurs revenus sur la publicité
Twitter et Facebook ont en commun un modèle économique basé sur les revenus publicitaires. Des publicités très ciblées, basée sur les profils des utilisateurs, ainsi que sur les données qu’ils acceptent de partager.
Mais là s’arrête le parallèle. Car le modèle publicitaire de Facebook fonctionne bien avec un chiffre d’affaire global en hausse autour de 8 milliards de dollars, et une profitabilité qui se confirme, avec près de 1,5 milliards de dollars de bénéfices. Alors que celui de Twitter a l’air bien à la peine : son chiffre d’affaire pour l’année 2013 s’établit certes à 665$ millions, en hausse de 110% par rapport à 2012, mais ses pertes s’élèvent à 645$ millions…
Deux sociétés qui jouent la carte du mobile
Pour ces deux entreprises, l’avenir se joue sur le mobile. Facebook l’a clairement annoncé, et y revendique 45% de ses revenus publicitaires. Twitter, quant à lui, y génère 70% de ses revenus. Normal, étant donné la pauvreté du client Twitter sur les écrans d’ordinateurs, Twitter est et restera un outil conversationnel, une plateforme de messagerie, remarquablement adaptée au format d’un smartphone.
Deux sociétés qui doivent voir encore plus loin
Pour Facebook comme pour Twitter, 2014 est une année charnière. Facebook doit relever plusieurs défis : l’érosion prétendue d’une partie de ses membres, la lassitude possible de certains annonceurs face à la réduction régulière de la portée de leurs publications non sponsorisées. Bref, il s’agit du passage à l’âge de la maturité pour suivre le rythme de croissance incroyable que connaît son principal adversaire Google.
Pour Twitter, les pertes colossales et répétées risquent de faire douter nombre d’investisseurs. Ceux qui ont découvert Twitter à l’occasion de son IPO feraient bien de jeter un œil à l’histoire de cet outil extraordinaire. Celui-ci a englouti de l’ordre d’un milliard de dollars en cash depuis sa création, et usé trois PDG à la recherche d’un modèle économique fiable.
Twitter aimerait bien rejoindre la cour des grands. De loin, il semble y parvenir. Mais l’oiseau bleu ne tiendrait-il pas plus de la petite grenouille dont la Fontaine nous narra les exploits tragiques dans sa célèbre fable ? Attention, bulle droit devant…