Un autre futur technologique est possible
Technologiquement, nos entreprises dépendent de plus en plus de grands éditeurs qui ont su développer des standards propriétaires dans les domaines des systèmes d'exploitation, infrastructures et outils de bureautique. Allons-nous
pérenniser cette situation ? En agissant collectivement, il est possible d'inventer un autre futur. En commençant par nous donner les moyens de réussir la transformation de nos entreprises et administrations. Afin que l'informatique joue un
rôle d'accélérateur des changements dans notre économie.Nos sociétés de services en ingénierie informatique (SSII) manquent d'une vision technologique qui leur permettrait de capitaliser en savoir-faire. Encourageons-les à s'engager dans la maîtrise des logiciels ouverts. Créons un
' business model ' à la française, autour d'un partage intelligent de la connaissance. Pour inciter les entreprises à agir, les grands donneurs d'ordres doivent imposer l'usage maîtrisé de logiciels
ouverts. L'investissement doit s'effectuer dans les outils, la culture du développement et la distribution de ces logiciels ouverts. Rien qu'en France, 40 000 des 165 000 ingénieurs de nos SSII sont mobilisables ?" cinq fois les
ressources de développement de Microsoft !Tenir ce pari est à notre portée. Il dépend du courage des pouvoirs publics à imposer que la mise à niveau de leurs systèmes soit conduite avec une gouvernance unique. Et avec des logiciels ouverts, dont seules les sociétés ayant
intégré les technologies recevront le cahier des charges. Il en va de même pour nos grandes entreprises. Il faut bâtir une architecture de modules répondant aux métiers des clients. Aux SSII de capitaliser les savoirs, selon leur compétence et
connaissance des métiers. A elles d'étendre leurs structures dans des pays riches en matière grise et à faible coût de main-d'?"uvre. C'est ainsi que s'accroissent la compétitivité et le dynamisme. A la condition de posséder une structure
garantissant qu'aucun acteur ne puisse s'approprier les droits au travers de brevets qui tueraient la valeur du concept.Il s'agira ensuite d'encourager la mise en place d'un éditeur pour industrialiser ces logiciels ouverts, valider et qualifier les améliorations ainsi créées, et assurer leur distribution en définissant un modèle économique avant que
d'autres ne prennent position au niveau européen ! Syntec pourrait se saisir de cette initiative. Aura-t-il le courage d'impulser cette vision d'avenir devant les acteurs qu'il représente ?Il appartient enfin à chaque DSI de rompre avec la facilité dans laquelle il risque de s'installer, se croyant protégé des bogues et virus issus du monde propriétaire. Car ce métier impose de partager cette vision technologique de
l'intérêt général. Aussi est-il urgent de relancer la capacité de création de nos ingénieurs. Il nous revient également de faire progresser en compétence et en efficacité les SSII, de diminuer le coût des licences et d'améliorer la balance
commerciale du secteur. L'objectif de pérenniser le savoir-faire français dans le domaine clé des nouvelles technologies sera alors en passe dêtre atteint.