Pour les analystes, les services hébergés en mode cloud constituent la prochaine révolution industrielle de l'informatique, avec internet comme catalyseur.“ Le cloud n'est plus perçu comme une finalité, promesse de bénéfices divers. Il est ramené à sa noble fonction de moyens, qui permet au DSI d'atteindre ses objectifs. Il se décline et se consomme désormais sous plusieurs formes, explique Eric Rousseau, directeur général adjoint de Veepee, filiale de Spie Communications. Le DSI va pouvoir sélectionner, en fonction de sa stratégie et de son rythme d'assimilation du cloud, la ou les briques les plus adaptées à ses besoins. ”
Software as a Service : de loin le secteur le plus dynamique
Pour certains observateurs, la révolution est en marche dans les entreprises. “ Sous l'angle strict de la couche Saas (Software as a Service), il ne fait aucun doute que nous vivons une révolution effective au sein des entreprises, particulièrement dans les PME ”, commente Etienne Besançon, directeur général d'Intrinsec. Même constat de la part de Jean-Pierre Ullmo, vice-président en charge des solutions de virtualisation et d'automatisation pour l'Europe chez CA Technologies : “ Le cloud est surtout envisagé par les entreprises via le Saas, qui apparaît comme la locomotive du secteur. Gartner en a d'ailleurs évalué le marché mondial à 21 milliards de dollars en 2011 et prévoit que ce chiffre atteindra 92 milliards en 2016. ”Sans préjuger de la réalité de la demande pour les applications hébergées, la dynamique de l'offre est évidente. “ Ce segment draine aujourd'hui le plus grand nombre d'acteurs, dont certains d'origine française, sur des domaines fonctionnels précis comme la gestion de la relation financière clients, le décisionnel, l'optimisation de processus, la dématérialisation, l'e-marketing, etc. ”, souligne Emmanuelle Olivié-Paul, directrice associée chez Markess International.Un observateur attentif explique ce dynamisme par certains atouts intrinsèques des services applicatifs hébergés en mode Saas. “ Ils disposent d'un point d'entrée intéressant pour les entreprises : le bureau virtuel à distance. La gestion des postes de travail se trouve facilitée grâce à certaines fonctionnalités proposées par les solutions de virtualisation (mises à jour multiples, création de groupes en fonction des métiers…). Enfin, les logiciels de travail collaboratif ont aussi le vent en poupe. Ils permettent aux entreprises de mieux gérer la messagerie électronique, les calendriers partagés, les plannings et les rendez-vous ”, explique Hélène Caraux, chef de produit cloud chez l'hébergeur OVH. Pourtant, les offres Saas, tout en utilisant les technologies du cloud (virtualisation, ressource à la demande), n'appliqueraient pas complètement son modèle économique, qui repose sur le strict paiement à l'usage.“ En choisissant ce mode, un client devrait pouvoir acheter à l'usage le périmètre réduit d'un logiciel architecturé, quitte à bénéficier d'une modularité logicielle en fonction de ses besoins ”, soutient ainsi André Brunetière, directeur de la recherche, du développement et de la stratégie de Sage France.
Infrastructure as a Service : des enjeux contractuels
Selon une étude de l'organisme Markess datant de mars 2011, l'offre Iaas (Infrastructure as a Service) détiendrait une part de marché en 2011 de l'ordre de 5 %, qui passerait à 15 % en 2013, en retrait par rapport au marché du Saas. Pour Raphaël Ferreira, cofondateur d'eNovance, “ en ce qui concerne ce mode appliqué aux infrastructures, les offres cloud françaises sont, selon nous, très jeunes. La plupart d'entre elles ne sont, en fait, que de la machine virtuelle vendue unitairement, avec très peu de services complémentaires. ”Pourtant, elles n'en sont plus au stade des prémices, puisqu'EC2, d'Amazon, existe depuis 2006. Si les entreprises s'intéressent au cloud en mode Iaas, car il leur permet de diminuer significativement leurs coûts, elles restent encore frileuses quant à son adoption.Elles se posent notamment beaucoup de questions en matière de sécurité. “ Sur ce segment, les enjeux se déportent sur les garanties contractuelles des offreurs vis-à-vis de leurs clients : disponibilité de service, confidentialité et localisation des données, gestion des accès et des identités, performance réseau, réversibilité, etc. ”, explique Emmanuelle OliviéPaul.“ Depuis le début de l'année, nous observons une augmentation assez significative du nombre des demandes et d'appels d'offres intégrant un volet Iaas. Il s'agit souvent d'une option que nos clients envisagent de lever à terme, mais le mouvement est suffisamment significatif pour être mentionné, soutient Francky Clément, directeur commercial marketing d'Intrinsec. Nous notons que le recours à ce type d'offre Iaas n'est envisagé, à de rares exceptions près, que par les donneurs d'ordre dans les métiers des développements applicatifs. ”
Platform as a Service : le début
Le segment de l'offre Paas, enfin, est plus que balbutiant. En France, il existe peu d'offres et peu d'acteurs d'envergure actifs. “ Ce secteur est en cours de structuration. Le principal problème reste celui des standards supportés pour le développement des applications ”, estime Jérôme Fénal, architecte solutions secteur public chez Red Hat. Résultat, le Paas est encore un marché embryonnaire dans l'Hexagone, mais il devrait évoluer lors des prochaines années, tiré, notamment, par l'écosystème des développeurs. Finalement, la demande des entreprises en faveur des différents types de services cloud ne serait pas aussi mûre qu'il y paraît. “ Leur adoption se fait en différentes étapes. La France est encore peu avancée dans ce processus. Les entreprises du pays sortent tout juste de la première phase, qui consiste à tester le cloud et à analyser ses apports et ses performances. A ce stade, elles virtualisent leurs applications non critiques, estime Hélène Caraux. On ne peut pas encore parler d'informatique dans les nuages, c'est-à-dire de ressources à la demande facturées à l'utilisation, car même si des systèmes sont virtualisés, ils ne fonctionnent pas sur ce modèle. ”
Le cloud public : des entreprises encore réticentes
Selon certains observateurs, le passage au cloud public est encore loin d'être évident pour nombre d'entreprises. “ Les PME de grande taille avec lesquelles nous sommes en contact ont pris le virage de la virtualisation et disposent maintenant d'un système d'information solide, basé sur des fermes de serveurs redondées, connectées à un SAN. Pour ces entreprises, opter pour le cloud public n'est pas encore facile, du fait du besoin de sécurisation du système d'information ”, explique Cyril Wellenstein, fondateur et directeur commercial et marketing de Mystream.
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