Un esprit collectif au service de l'innovation
Henri Verdier, président du pôle de compétitivité Cap Digital
Les postes atypiques attirent-ils les profils atypiques ? Pour Henri Verdier, l'hypothèse, en tout cas, se vérifie. Le président du pôle de compétitivité Cap Digital ? un des plus importants “ clusters ” dans le domaine des technologies de l'information et de la communication ? ne fait pas partie de ceux dont le parcours est une ligne droite. Etudiant scientifique brillant, il intègre l'Ecole normale supérieure (ENS) pour préparer une maîtrise en biologie. Mais très vite, l'envie “ de voir d'autres choses ” le pousse à passer une maîtrise de philosophie, complétée par un DEA de sociologie politique. Pas banal pour un scientifique.A la sortie de l'ENS, la tête chercheuse se met en marche. Après de brefs passages comme chef de projet chez Ecobilan ou comme chargé de mission au Haut comité de la santé publique, il s'oriente, en 1993, vers l'univers numérique. “ C'était le début de la vague internet. J'ai rejoint les éditions Odile Jacob pour créer une filiale numérique, sorte de web agency avant l'heure. A l'époque, on codait encore les balises HTML à la main ”, se souvient-il. C'est à cette époque qu'il ouvre le premier cybercafé de Dakar, le Metissacama. Au bout de quelques années, cette activité est recentrée sur l'éducation numérique des sciences et prend le nom d'Odile Jacob Multimédia, avec les écoles françaises en ligne de mire. “ Nous avons fait de la bonne pédagogie, de beaux produits et de beaux succès. Mais le marché de l'éducation scolaire n'a pas vraiment décollé ”, concède-t-il. L'organisation de l'Education nationale ne s'y prêtait pas.En 2005, avec le lancement des pôles de compétitivité, la tête chercheuse se remet en marche. Henri Verdier contribue à rassembler l'écosystème des services et contenus numériques dans une dynamique qui débouchera sur la création de Cap Digital, dont il assurera la présidence en 2009. “ J'ai le goût des aventures collectives. L'énergie des autres, les liens d'amitié, les combats partagés, tout cela me nourrit ”, dit-il. Mais en quoi consiste le travail d'un président de pôle de compétitivité au quotidien ? De quelles compétences faut-il disposer ? “ Cela dépend du pôle et de la structure de son tissu industriel. Aujourd'hui, mon travail est très politique : animer la gouvernance de la structure, définir des stratégies, tisser des liens à l'international, accompagner les entrepreneurs… Je suis une sorte de Community Manager ”, explique-t-il.
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