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Conçue en 3D dans les machines angoumoisines d'Antefilms Studio, Code Lyoko est une série animée pour la télévision, où l'ordinateur a pris le pouvoir.
D'incroyables gamins s'agitent dans les ordinateurs d'une petite société ancrée sur les rives de la Charente, à Angoulême. Ce sont les héros de Code Lyoko, série télévisée coproduite par France3 et Canal J. L'histoire ? Un informaticien a créé un monde virtuel paradisiaque : Xanadu. Mais l'unité centrale de ce monde parallèle a pris le pouvoir et génère des monstres capables de passer dans notre monde bien réel. Jérémie huit ans et sa bande ont pour mission ultrasecrète de sauver la Terre et Xanadu... Ce manga gaulois devrait débouler sur nos petits écrans dès la fin de 2003. Antefilms Studio, filiale de la société de production audiovisuelle Antefilms, en fabrique toutes les scènes en 3D.
Un plateau de capture de mouvements corporels
La ville d'Angoulême est désormais aussi connue pour son Cognac et son festival de bandes dessinées que pour ses films animés. Une centaine d'entreprises s'y sont rassemblées, formant un pôle régional centré sur l'image animée, Magelis. Ici, à peu près tout le monde a un pied dans l'animation 2D et l'autre dans la 3D, et travaille pour l'audiovisuel, le cinéma, le jeu vidéo ou la publicité. Dans ce micromilieu où l'on entend souvent un patois étrange emprunté aux logiciels Flash et 3D S Max, les animateurs 3D se connaissent tous. Et lorsque leur contrat prend fin la plupart sont des intermittents , ils n'ont plus qu'à traverser la rue pour en chercher un nouveau.Nombre d'animateurs 3D se sont rencontrés sur les bancs de l'une des deux écoles angoumoisines consacrées à l'animation : l'Ecole des métiers du cinéma d'animation (Emca) et l'Ecole des métiers de la création infographique (Emci). Et le mouvement n'est pas près de s'arrêter : le premier ministre Jean-Pierre Raffarin n'a-t-il pas annoncé récemment la création de la future Ecole nationale du jeu vidéo à Angoulême ? Ce bouillonnement, cette émulation ont conduit Jean-Marc Guillemoy, patron d'Antefilms Studio, à choisir Angoulême pour y réunir toutes les activités 3D d'Antefilms, en fin 2002. Les hommes, le calculateur, les stations de travail... Tous ont déménagé ici. Sans oublier le plateau de capture de mouvements, qu'Antefilms Studio est le seul à posséder en propre à Angoulême. Les autres studios passent par le Cyberdôme, plateau de capture optique mutualisé de mouvements. Cette technologie est utilisée pour modéliser le corps d'un acteur en mouvement. ' C'est en Charente, berceau de Magelis (le pôle image d'Angoulême, NDLR), qu'il faut se trouver quand on fait de l'animation, parmi tous les coins d'Europe ', affirme Jean-Marc Guillemoy. Il a lui-même convaincu une vedette du milieu, Renato, de quitter Paris pour prendre la direction artistique du studio. Ce pionnier de l'animation 3D française avait connu les feux de la rampe en 1994 grâce à l'Emmy Award reçu pour son film Insektors, maintes fois primé. On doit aussi à Renato les pubs Badoit, où badinaient en 3D cigale, fourmi, grenouille, boeuf, lièvre et tortue. Code Lyoko bénéficie d'un coach qui connaît les fables de la 3D comme sa poche.
Subvention régionale
Ce projet n'a pas pour autant été une sinécure. ' Les effets spéciaux de cette série ont demandé beaucoup de recherches visuelles et techniques, admet Jean-Marc Guillemoy. De nombreuses scènes, assez lourdes, comportant une légion d'objets, nous ont amenés à acheter de nouveaux serveurs et des stations de travail. Notre matériel était devenu obsolète. ' L'avance remboursable, qu'a normalement prévu de lui accorder la région par le biais de la chambre de commerce et d'industrie d'Angoulême , devrait aider à faire passer la pilule. Par ailleurs, Antefilms Productions (holding d'Antefilms Studio) a pu prétendre, pour Code Lyoko, à une subvention régionale équivalant à environ 12 % du montant global du projet. Seules contreparties : que l'?"uvre soit fabriquée dans le bassin d'emploi charentais et que l'entreprise dépense sur place quatre fois plus que la subvention obtenue. Antefilms Studio est également en attente d'une aide remboursable de l'Anvar et du CNC (Centre national de la cinématographie). L'Etat et les élus ont compris que, pour mettre de l'animation (numérique) dans une région, il fallait y consacrer des moyens.
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